À Baselworld, LVMH sort comme un diable de sa boîte

En termes de communication, le géant du luxe LVMH s’y entend, comme on a pu le constater lors de l’ouverture de Baselworld 2015, la grand-messe horlogère internationale. Au menu, un tourbillon d’invités, des nouveautés à la pelle, des plans stratégiques déclinés à coups de nouveaux partenariats et, cerise sur le gâteau, l’annonce d’une entente de portée mondiale avec Google et Intel dans le domaine des montres intelligentes. Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que les trois marques horlogères du Groupe, à savoir Hublot, Zenith et TAG Heuer, occupent le devant de la scène le temps d’un après-midi, ne laissant guère de place à la concurrence.

Au niveau géographique déjà, force est de constater que les Maisons du Groupe ont su occuper une position stratégique. Il y a peu, la fameuse Halle 1.0 de Baselworld, celle où toute présence sanctionne une place au pinacle de la profession, semblait entièrement organisée autour du groupe Swatch et ses 18 marques. Celui-ci trône en effet au centre de l’espace comme une pieuvre tentaculaire qui happe immanquablement tout visiteur. La concentration du secteur horloger a toutefois fait naître des contre-pouvoirs qui se manifestent aujourd’hui par de nouvelles occupations du sol. C’est le cas notamment pour LVMH, qui a su placer ses trois marques horlogères, sans oublier Bulgari, immédiatement à l’entrée de cette fameuse Halle 1.0. Impossible donc de pénétrer dans le saint du saint horloger sans passer d’abord sous les fourches caudines des Maisons LVMH.

Un chef d’orchestre nommé Jean-Claude Biver

Pour ce qui est de la communication, force est de reconnaître que LVMH dispose d’un chef d’orchestre éprouvé en la matière avec Jean-Claude Biver, nommé il y a un peu plus d’un an à la tête de son pôle horloger. Cet homme, qui a donné vie à Blancpain, propulsé Omega sur la scène internationale et placé Hublot en orbite, sait en effet à quoi s’en ternir. À coups de formules chocs et de proverbes chinois, le tout ponctué de son rire tonitruant, il sait entretenir son auditoire avec un enthousiasme forcené qui fait passer ses convictions pour des vérités. Que l’on en juge : « Le vrai succès est une histoire d’amour, clamait-il lors de la conférence de presse Hublot. Parce que l’amour est éternel. Dans nos montres, il y a de l’amour, de la passion. Et parce qu’il y a de l’amour et de la passion dans nos garde-temps, ils renferment leur part d’éternité. Dans 1’000 ans, j’en suis sûr, nos montres seront encore à nos poignets parce qu’elles seront toujours réparables. C’est pourquoi je n’hésite pas à affirmer qu’Hublot est une philosophie de vie, une religion. »

Inutile de dire que le public en redemande, et pas seulement celui présent chez Hublot. Les aficionados qui ont ensuite fait le déplacement chez Zenith et enfin chez TAG Heuer étaient tout aussi prêts à entrer dans les ordres avec cette nouvelle profession de foi voulant que le nouveau dieu horloger est amour. Plus prosaïquement, l’année 2015 marque plusieurs dates anniversaires d’importance pour le pôle horloger de LVMH. Hublot fête ainsi les 10 ans d’existence de sa Big Bang, une montre vendue à plus de 300’000 exemplaires qui figure d’ores et déjà parmi les icones horlogers du XIXe siècle. Pour souligner l’exploit, Hublot présentait trois nouveaux modèles mettant en avant l’expertise de la Maison dans les mouvements chronographe et tourbillon ainsi que dans la science des matériaux avec son fameux Magic Gold inrayable. Place donc à la Big Bang Unico Full Magic Gold, à la Big Bang Tourbillon Indicateur Réserve de marche 5 Jours Full Magic Gold et à une série de 10 pièces Big Bang Unico « 10 ans » Haute Joaillerie.

Un dernier coup de maître

De son côté, Zenith célébrait son 150e anniversaire en la présence de Félix Baumgartner, le premier homme à avoir dépassé la vitesse du son en chute libre, d’Erik Comas, champion de F1 et nouveau partenaire de la marque horlogère au sein de l’écurie de voiture historique Lancia Stratos, en compagnie également du footballeur Éric Abidal, dont la Fondation qui vient en aide aux jeunes atteints du cancer compte désormais Zenith dans ses rangs. Pour souligner l’événement, un nouveau mouvement, l’Élite 6150, soit une version contemporaine du calibre d’origine datant de 1994, et un livre commémoratif de ce siècle et demi d’histoire.

La vedette est finalement revenue à TAG Heuer. Dans un premier temps, la marque présentait ses nouveautés articulées selon quatre thèmes : sport, art, life style et swissness. En exergue : une extension de son calibre 1887, redessiné sur la base d’une architecture modulaire et base d’une collection future, calibre qui donne cette année une Carrera Heuer 01 squelette à l’allure technico-sportive qui colle à la marque. Il aura toutefois fallu attendre encore un jour pour la dernière annonce, la plus importante, selon Jean-Claude Biver, de ses 40 ans de carrière. En faisant part du partenariat conclu entre TAG Heuer, Intel et Google dans la montre connectée, la Maison frappait le coup ultime de sa communication. Un coup de maître, en l’occurrence, qui sait entretenir le suspense. Inutile en effet de vouloir en savoir plus sur le prix, le calendrier ou les fonctions de cette future montre connectée, ces données feront assurément l’objet d’un autre effet d’annonce prévu pour la fin de l’année !