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Antoine Preziuso, l’horloger qui cultive sa différence
Points de vue

Antoine Preziuso, l’horloger qui cultive sa différence

mardi, 22 janvier 2008
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Pas question pour Antoine Preziuso, horloger indépendant depuis 30 ans, d’emboucher les mêmes trompettes que l’ensemble de l’industrie. Avec ses réalisations, il est en constante recherche d’une différence qui le singularise. La preuve avec la B-Side.

De son atelier à Plan-les-Ouates, Antoine Preziuso dispose d’une vue plongeante sur la zone industrielle devenue le lieu d’implantation de prédilection de grandes manufactures comme Rolex, Piaget, Patek Philippe ou Vacheron Constantin. Mais que de différences entre ces géants du secteur où les collaborateurs se comptent par centaines et l’atelier de cet horloger indépendant qui cultive son art en totale indépendance depuis bientôt trente ans sur des pièces qu’il veut en marge de la production standard. « Ce qui importe avant tout, au-delà bien évidemment de la satisfaction des clients, explique Antoine Preziuso, c’est de se faire plaisir en tant qu’horloger. Loin de moi l’idée de critiquer ces nouvelles marques qui se créent actuellement, des marques de belle horlogerie certes mais qui ne sont pas le fait de créateurs et concepteurs. Il ne se passe d’ailleurs pas deux semaines sans que je reçoive un téléphone de personnes intéressées à lancer leur propre label. Inutile de préciser dans quel sens va ma réponse… »

La restauration comme apprentissage

Pour Antoine Preziuso, qui a débuté sa carrière dans la restauration en ouvrant notamment le premier atelier du genre pour Antiquorum avant de se mettre à son compte, cette indépendance est essentielle à son travail. Inutile de vouloir lui imposer la présentation d’un lot de nouveautés chaque année, comme le font souvent les agents sur les différents marchés, il n’y répondra pas. Pas plus qu’il ne répondra à leurs vœux pour un modèle encore inexistant dans sa collection. « Pendant des années, on a voulu me pousser à faire un chronographe, soit un modèle que ne n’avais pas encore réalisé. Mais j’ai refusé pour la simple raison que je ne pensais pas pouvoir réaliser une pièce correspondant à mes envies. Puis le projet a mûri et j’ai fini par créer un chronographe avec réserve de marche ayant la forme d’une sorte de tonneau compressé avec un affichage résolument différent. »

Toute la démarche d’Antoine Preziuso se résume en ces termes : différence et originalité qui répondent à la demande d’aficionados en quête de pièces exceptionnelles. « Les clients qui achètent mes montres sont des personnes qui aiment l’art, la beauté plastique et surtout des garde-temps qui ne sont pas réalisés à des centaines de milliers d’exemplaires. Cette volonté de se démarquer, je la constate aussi bien chez les jeunes qu’auprès d’une clientèle très aisée, riches industriels, sultans, princes, qui, eux, veulent souvent des pièces uniques. Lorsque j’ai ouvert une boutique à Kiev, un de mes clients russes qui avait acheté une Flying Tourbillon en platine est venu visiter la boutique et consulter le catalogue pour s’assurer que sa montre avait bel et bien été produite à un seul exemplaire. Il est reparti tout content. » Pour satisfaire ces « exigences », Antoine Preziuso n’hésite d’ailleurs pas à faire du sur mesure, personnalisant ses montres au niveau du cadran, de la sculpture du boîtier ou des matières utilisées, et en réalisant des séries extrêmement limitées. Avec une production oscillant entre 500 et 1’000 montres par années selon le degré de complication des modèles, Tourbillon à double fuseau horaire et heures sautantes, Répétition à minutes à quantième perpétuel, Tourbillon à résonnance…, l’horloger travaille au service de l’exclusivité. Avec trois boutiques à Genève, Kiev et Osaka, son réseau de distribution en est la parfaite illustration.

Naissance d'un atelier mécanique

Ce souci de faire différent est d’ailleurs parfaitement symbolisé par sa B-Side, une montre Tourbillon qui se porte à l’envers. « Généralement la face arrière des garde-temps est oubliée, voire cachée alors qu’esthétiquement il s’agit certainement du côté le plus beau d’une montre qui s’apparente à une sculpture. J’ai donc décidé de mettre cette face en avant, tout en dotant la B-Side d’un mécanisme permettant de faire pivoter le boîtier afin de lire l’heure. Cela dit, de nos jours, il n’est plus nécessaire de considérer la montre uniquement comme un objet servant à indiquer l’heure dans la mesure où il est possible de la lire partout. Je pense d’ailleurs organiser ma prochaine exposition à Bâle uniquement autour du thème de la B-Side. Dans le même ordre d’idée, nous avons lancé une collection de bijoux mécaniques, à savoir des bijoux qui intègrent de la mécanique horlogère dont la fonction consiste surtout à ne pas donner l’heure mais fait battre ces pièces au gré d’une phase de lune, d’un rotor ou d’un tourbillon. »

Pour mieux y parvenir, Antoine Preziuso, qui travaille en famille avec sa femme et ses deux enfants au sein d’un atelier qui compte une dizaine de collaborateurs, est en train de monter son propre atelier mécanique doté de machines CNC afin d’être plus réactif. « Dans une entreprise familiale comme la nôtre, l’avantage est de pouvoir prendre des décisions, changer de cap stratégique très rapidement. Nous allons d’ailleurs nous orienter vers des pièces plus classiques à l’avenir, dans la mesure où le monde des complications est sujet à une véritable surenchère et où l’horlogerie technique sort des montres qui se ressemblent toutes. Cela dit, l’industrie horlogère est à l’heure actuelle totalement engorgée. Les délais d’attente se prolongent dangereusement auprès de la sous-traitance et les composants livrés sont très souvent défectueux. C’est pour cette raison que nous montons cet atelier mécanique. » Pour Antoine Preziuso, l’aventure continue.

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