Les présentations de Cartier au Salon Watches&Wonders de Hong Kong ne laissaient guère de place aux grandes tirades qui, souvent en pareil cas, servent essentiellement à une autocongratulation servie par un verbe grandiloquent émaillé de moult superlatifs élogieux. Rien de tel en cette occasion. Après une introduction aussi brève qu’explicative sur une Maison fondée en 1847, place aux produits. « Ce pour quoi vous êtes tous venus nous voir », résumait le maître des céans. Personne dans la salle n’a démenti. Et pour cause. Les aficionados voulaient tous savoir quelle dose d’émerveillement ils allaient bien devoir maîtriser durant la séance, question d’éviter l’opprobre du rouge au front qui gagne l’amoureux transi.
Quelque 90 secondes d’immersion
Autant le dire tout de suite, Cartier est une nouvelle fois venu tester les meilleurs quant à leurs capacités à rester zen. Après le foisonnement du début d’année qui avait vu la marque présenter pas moins d’une centaine de nouveautés lors du Salon International de la Haute Horlogerie, Cartier a débarqué à Hong Kong avec seize nouvelles créations, dont deux calibres originaux, cinq pièces uniques les Heures Joaillières et une pendule mystérieuse. Une gageure que peu de Maisons sont à même de relever en un laps de temps aussi court. « Et qui fait tout le particularisme de la Maison », soulignait Arnaud Carrez, directeur international Marketing et communication de Cartier.
Pour bien le faire comprendre, la marque avait d’ailleurs choisi le salon de Hong Kong comme date de lancement de son tout nouveau film d’entreprise Shape Your Time. Après L’Odyssée de Cartier, présentée en 2012 et visionnée par quelque 160 millions de spectateurs dans le monde, cette réalisation, qui porte également la signature de Bruno Aveillan, est cette fois entièrement dédiée à l’univers horloger de la Maison. Comme l’explique Cartier, Shape Your Time est « un message destiné aux hommes d’aujourd’hui, entrepreneurs et créateurs, visionnaires et passionnés qui, tels les fondateurs de la Maison, sont connectés au monde de demain… ». Durant une minute et demie, la marque propose ainsi de plonger dans le temps Cartier, des premières inventions au début du XXe siècle comme la Santos de 1904, grands classiques d’aujourd’hui, aux toutes dernières montres « concept » comme l’ID One et l’ID Two qui annoncent l’horlogerie future.
Cartier – Shape Your Time
Une nouvelle collection de petites complications
« Depuis toujours, l’horlogerie Cartier s’est adressée à des rêveurs, des esprits libres comme Yves Saint Laurent ou Andy Warhol, poursuivait Arnaud Carrez. Nous continuons dans cette voie avec des montres que l’on aime bien décrire comme étant de l’horlogerie créative. » Les pièces présentées à Watches&Wonders n’ont pas dérogé à cette réputation, notamment la Pasha 42 mm Squelette Décor Dragon dont le calibre 9617 MC à remontage manuel serti de 233 diamants côté face, entièrement gravé au verso, se présente effectivement comme un dragon légendaire, symbole de puissance et de prestige. Nouvelle démarche également pour Cartier, qui, avec sa Rotonde Second Fuseau Jour/Nuit calibre 1904-FU MC, inaugure une collection de petites complications masculines cumulant un second fuseau horaire, une indication jour/nuit, une grande date et une petite seconde. Toutes les fonctions du mouvement sont réglées par un seul bouton monopoussoir. « Avec ses chiffres romains, son remontoir à cabochon, ses aiguilles “pomme” et son chemin de fer, cette montre cultive un classicisme formel autour des signes identitaires de l’horlogerie Cartier », expose la Maison.
Restait encore à découvrir les Heures Joaillières, soit la Haute Joaillerie Cartier qui déploie son savoir-faire avec la réalisation de cinq pièces uniques entre « abstraction, heures cachées et figuration d’un bestiaire revisité ». Inutile de dire que les métiers d’art y sont à l’honneur, une autre des particularités de la Maison qui en a fait un de ses chevaux de bataille depuis 1999 et qui, cette année encore, met l’accent sur cinq techniques ancestrales qu’elle s’attache à faire revivre. À n’en pas douter, l’univers Cartier est sans fin.