Comme la plupart des grandes Maisons historiques, Chopard a ralenti, voire interrompu la production de mouvements mécaniques face à l’avènement du quartz. Si cela ne l’a pas empêchée de connaître un grand succès avec ses modèles masculins (notamment avec la collection emblématique Mille Miglia), il a fallu attendre 1996 pour voir la marque relancer la production de ses propres mouvements.
Le coprésident de Chopard, Karl-Friedrich Scheufele, avait pour ambition d’allier les techniques artisanales ancestrales aux technologies modernes. Tous les mouvements de manufacture sont réalisés à partir de composants fabriqués par Chopard, à l’exception des vis. Les instruments de finition sont eux aussi estampillés Chopard. Tous les artisans sont formés en interne pour assurer l’homogénéité de la chaîne de production et donner une touche Chopard caractéristique au produit fini. Tout le procédé de fabrication privilégie la qualité à la quantité : pas question de négliger les détails pour faire des économies.
Pour prétendre appartenir légitimement à la sphère de la Haute Horlogerie, une marque doit contrôler tout le processus de fabrication de ses garde-temps.
Contrôle total
« Selon moi, pour prétendre appartenir légitimement à la sphère de la Haute Horlogerie, une marque doit contrôler tout le processus de fabrication de ses garde-temps : conception, développement, production et assemblage, pour les mouvements comme pour le reste, explique Karl-Friedrich Scheufele. Chopard a choisi de privilégier le travail manuel, même si cela entraîne des coûts de production supérieurs. C’est le genre de décision que seule une entreprise familiale peut assumer, du fait de sa structure entièrement indépendante qui lui permet de s’affranchir des exigences de rentabilité immédiate dictées par des actionnaires totalement détachés des réalités de la Haute Horlogerie. »
En 1997, un an après l’inauguration de la manufacture Chopard à Fleurier, la Maison dévoile son premier mouvement, le calibre 1.96, incorporé au modèle L.U.C 1860, en hommage à l’année de fondation de la marque. Aujourd’hui, Chopard produit neuf gammes de mouvements différents, avec 50 variations, parmi lesquelles un quantième perpétuel et un tourbillon. Cette année, Chopard a fabriqué 7’000 mouvements, contre 3’000 en 2011. Un bond qui doit beaucoup à la nouvelle manufacture Fleurier Ébauches. L’objectif est d’atteindre les 15’000 mouvements à l’horizon 2015. À mesure que la production s’intensifie, la marque s’appuie de moins en moins sur la sous-traitance. L’année prochaine, par exemple, toutes les montres de la collection Mille Miglia abriteront des mouvements Chopard. Les collections Imperiale et L.U.C sont d’ores et déjà équipées de calibres de manufacture. Quant aux montres frappées du Poinçon de Genève, emboîtées à Genève, elles sont rassemblées au sein de la collection L.U.C.
L’accueil réservé aux montres Chopard en 2013 a été très positif. Outre L’Heure du Diamant, primée dans la catégorie de la Montre Joaillerie, quatre autres modèles avaient été présélectionnés pour le Grand Prix d’horlogerie 2013 : la L.U.C Perpetual T, la Superfast Automatic, la L.U.C Engine One et la Mille Miglia 2013. En 2006, la L.U.C XP avait remporté le Prix de la montre extra-plate au même Grand Prix.
Un contraste entre modernité et tradition
Lors d’une récente visite au sein des unités de production Chopard à Fleurier et Genève, il était possible d’examiner de près les procédés de fabrication mis en œuvre dans une manufacture horlogère entièrement intégrée, où la majeure partie des opérations sont exécutées manuellement. Chopard abrite sous le même toit 25 corps de métier, allant de l’usinage des outils et composants à la création des cadrans et au coulage de l’or pour obtention d’un ton unique. On trouve également un atelier de gemmologie et de joaillerie dans lequel sont réalisés le tri, la coupe, le polissage et le sertissage des pierres.
La manufacture frappe par son contraste entre tradition et modernité. À Fleurier Ébauches, des rangées de machines CNC rutilantes assurent la découpe des ponts et des platines à partir de plaques de laiton. L’une de ces machines, la MTR312, qui coûte plus d’un million d’euros, est aussi volumineuse qu’un éléphanteau. Avec ses neuf bras articulés, cette petite merveille est capable de « pondre » une nouvelle platine toutes les quatre minutes (contre 45 minutes avec une machine à poinçonnage manuel) avec, à la clé, des tolérances de l’ordre du micron, soit un millième de millimètre.
Tout le reste − chanfreinage, gravure, perlage, côtes de Genève − est effectué à la main à l’aide d’outils et de techniques employés par les horlogers depuis plus d’un siècle. Lors de cette visite était présenté le chanfreinage d’une platine pour l’édition spéciale Mille Miglia Zagato, lancée à Milan en octobre dernier. En se penchant par-dessus l’épaule d’un horloger, on observait également l’opération consistant à placer un pont serti de pierres sur la cage du nouveau modèle Happy Sport Tourbillon, qui sera présenté en mars prochain à Baselworld 2014.
Voici la liste des 25 corps de métier à l’œuvre au sein des manufactures Chopard (voir galerie photos) :
- Chanfreinage
- Assemblage du bracelet
- Fonte à la cire perdue de composants en or
- Électroplastie
- Machine CNC
- Réglage de précision (façonnage de la courbe du spiral)
- Complications
- Gravure Côtes de Genève
- Gravure
- Sculpture de cire
- Contrôle qualité
- Estampage
- Usinage des outils
- Conception de calibres
- Conception de boîtiers
- Gravure fleurisanne
- Sertissage
- Triage des pierres
- Joaillerie
- Conception joaillière
- Taille des pierres
- Polissage
- Perlage
- Assemblage
- Coulage de l’or (mélange de l’or et des alliages, cuisson)