La tâche n’est certes pas aisée, mais Omega s’y emploie activement. Pour la Maison biennoise, il s’agit en effet de bien faire comprendre la différence qui fait sa force. Or celle-ci tient en un seul mot : « Co-Axial », du nom de cet échappement inventé par George Daniels que seule une compagnie comme le groupe Swatch, propriétaire d’Omega, était en mesure d’industrialiser. Tout le problème est là ! Comment faire comprendre au simple mortel que, « comparé au mouvement glissé de l’échappement traditionnel à ancre, l’échappement Co-Axial, avec ses surfaces de contact réduites et son impulsion radiale, présente des forces de frottement nettement diminuées. Les surfaces lubrifiées subissant ainsi moins d’usure, l’échappement bénéficie d’intervalles prolongés entre deux révisions ». Ou encore : « Dans l’échappement Co-Axial, l’impulsion produite dans le sens des aiguilles de la montre est directement transmise par les dents de la roue d’échappement à la palette située sur le plateau, avec pour résultat d’améliorer son efficacité mécanique. L’échappement Co-Axial bénéficie ainsi d’une plus grande stabilité dans son niveau de précision. »
Echappement Omega Co – Axial
Une idée folle
Si le résultat est en effet compréhensible − moins de frottement, une quasi-absence de lubrification pour davantage de précision et une longévité accrue −, les moyens mis en œuvre pour y arriver demandent toutefois une connaissance relativement fine des arcanes horlogers. Qu’à cela ne tienne, Omega a pris le parti de disséquer son échappement Co-Axial sur la place publique pour bien faire comprendre le pari technologique qui a abouti à cette avancée dans la mécanique horlogère. « Il faut bien reconnaître qu’en 1992, lorsque Nicolas Hayek a décidé d’adopter cette technologie pour Omega, l’idée était un peu folle, expose Stephen Urquhart. George Daniels avait d’ailleurs fait le tour de la plupart des Maisons de la place pour vendre son invention, jusque-là sans succès. Le Swatch Group avec ses sociétés ETA et Nivarox a relevé le défi. »
Et avec quelle maestria ! Présenté pour la première fois en 1999 à Baselworld en séries limitées, le Co-Axial équipe à l’heure actuelle la quasi-totalité des 500’000 montres mécaniques produites annuellement par Omega sur un total de quelque 750’000 pièces. Seule la Moon Watch échappe à la règle pour ne pas devoir subir un nouveau processus d’homologation de la part de la Nasa. Et si cet échappement a d’abord été introduit dans des mouvements existants de la marque, les priorités ont rapidement changé. « Nous nous sommes rapidement rendu compte que les solutions premières n’étaient pas satisfaisantes, notamment pour des questions de taille, poursuit Stephen Urquhart. Nous avons donc inversé le processus et construit un mouvement mécanique autour de cet échappement Co-Axial qui intègre aujourd’hui un spiral en silicium. »
Pas de brevet déposé
Premier calibre né de cette nouvelle approche : le 8500/8501 pour un modèle De Ville Hour Vision présenté en 2007 qui sera suivi au cours des ans par neuf autres mouvements « Co-Axial ». « Avec maintenant six ans de recul, je pense pouvoir dire que les résultats ont dépassé toutes nos attentes en termes de chronométrie, de réglage et de fiabilité, ce qui nous permet d’offrir une garantie de quatre ans sur nos montres, détaille encore Stephen Urquhart. De plus, il y a encore un potentiel d’amélioration. D’ici à trois ou quatre ans, nous allons doter la totalité de nos calibres “Co-Axial” de la technologie présentée cette année avec la Seamaster Aqua Terra > 15 gauss, soit un mouvement totalement amagnétique. Autre objectif à terme : se passer complètement de lubrification. Mais là, nous sommes très proches d’y arriver. »
Le Co-Axial fait-il des émules ? Stephen Urquhart reste des plus sereins. Pour preuve, aucun brevet n’a été déposé sur cette invention. « Il s’agit là de la signature Omega, donc pas question de l’étendre aux autres marques du Groupe, conclut-il. Quant à la concurrence, à ma connaissance, aucune manufacture horlogère ne travaille sur cette question. Pour industrialiser une telle technologie, il faut disposer de moyens finalement assez rares dans cette industrie. » Omega et le Co-Axial, un mariage qui va donc faire date. En termes de communication, cependant, il reste encore quelques écueils à franchir. Mais Omega n’est-elle pas la marque qui a « pris une part active dans certaines des aventures les plus risquées et les plus fascinantes de l’histoire de l’humanité » ? Ce ne sont donc pas quelques précisions techniques qui vont freiner cet élan. Foi de Stephen Urquhart.