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Le complexe de la complexité
Baselworld

Le complexe de la complexité

vendredi, 27 mars 2015
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

Le tourbillon s’est répandu comme une traînée de poudre au sein de la profession. À tel point que les Maisons qui l’intègrent comme unique « complication » dans un calibre horloger pourraient facilement être accusées de céder à la facilité. Rien de tel à Baselworld.

De nos jours, l’horloger qui n’a pas de tourbillon dans son catalogue ose à peine décliner sa profession sans rougir. Tel n’a pourtant pas toujours été le cas. Pendant longtemps, cette invention d’Abraham-Louis Breguet brevetée en 1801 a été considérée comme le summum de l’art horloger, notamment en raison de sa complexité. En conséquence, rares étaient les Maisons disposant de la maîtrise technique nécessaire permettant de le produire à un niveau industriel.

Comme l’explique la marque Breguet, propriété du groupe Swatch, « ce nouveau type de régulateur a été conçu en réponse à un problème connu de longue date : le fait que l’attraction terrestre affecte les performances des montres en perturbant leur régularité de marche. Breguet comprend que, pour réduire de telles erreurs, il lui faudrait installer l’ensemble de l’échappement dans une cage mobile qui effectue une rotation complète, souvent en 1, 4 ou 6 minutes. Les variations se reproduisant régulièrement, elles se compenseraient ainsi les unes les autres. Ingénieuse à souhait, cette invention est restée difficile à réaliser et, de toutes les brillantes idées de Breguet, sans doute la plus ardue à mettre en œuvre ». Principaux écueils à l’époque déjà, le poids d’un tourbillon voulu robuste mais ne devant pas excéder 1 gramme sous peine de causer des erreurs de marche plutôt que d’en éliminer et la finition de plus de 70 pièces minuscules destinées à engrener avec une précision absolue.

Chopard L.U.C 1963 Tourbillon
Question de légitimité

Sans vouloir entrer dans la polémique des avantages d’un régulateur à tourbillon, bien réels au temps des montres de poche mais discutables aujourd’hui dans l’univers des montres-bracelets, force est de constater qu’une telle prouesse technique est devenue quasi monnaie courante. Les seules Maisons à renâcler devant l’exercice sont surtout celles pour qui une telle complication ne fait pas de sens, donc essentiellement celles qui proposent des garde-temps taillés pour l’aventure comme Rolex et Tudor, par exemple, ou encore Omega et Breitling, qui, même si elles ont déjà produit des tourbillons, n’en proposent plus. Et encore, même dans le registre du garde-temps sportif, les incongruités voulant que l’on mette un tourbillon dans une montre de plongée comme Blancpain l’a fait avec sa Fifty Fathoms ou Panerai avec une Luminor 1950 assortie d’un GMT ne sont pas si rares.

C’est dire si le tourbillon symbolise aujourd’hui un seuil technique incontournable, sorte d’intronisation dans le cercle des Maisons qui savent ce que « mécanique horlogère » veut dire. Pour les marques davantage connues pour le plissé de leur modèle haute couture ou leur expertise joaillière, il en va tout simplement de leur crédibilité dans la mesure du temps. Chanel présente par exemple cette année une Première Tourbillon Volant Camélia ajourée et une J12 Haute Horlogerie Tourbillon Volant Squelette pour bien faire comprendre qu’en termes de complication il faut désormais compter avec elle. Quant aux horlogers qui osent le tourbillon « tout nu », pourrait-on dire, c’est pour lui donner une petite touche vintage, comme Chopard avec sa L.U.C 1963 Tourbillon, ou pour proposer une nouvelle interprétation technique de cet organe régulateur à l’instar d’Ulysse Nardin et son Ulysse Anchor Tourbillon, dont l’échappement à force constante entièrement en silicium « rompt totalement avec l’approche traditionnelle de l’horlogerie » pour intégrer une architecture basée sur le principe des mécanismes flexibles utilisant l’élasticité de ressorts à lames.

Breguet Tradition Répétition Minutes Tourbillon 7087
Breguet Tradition Répétition Minutes Tourbillon 7087
La reine des complications et sa dauphine

Pour se démarquer, les Maisons horlogères n’ont donc pas hésité à forcer le trait. Comme si le tourbillon était désormais la base incontournable sur laquelle construire une vraie montre à complication. Le salon bâlois s’est ainsi fait l’écho de réalisations qui forcent le respect. La Venturer Tourbillon de H. Moser & Cie se dote d’un second fuseau horaire. Une réserve de marche de 5 jours « muscle » la Big Bang Tourbillon, pièce anniversaire célébrant les 10 ans du modèle chez Hublot. Blancpain conjugue une nouvelle fois son tourbillon avec un carrousel dans la ligne L-evolution. Tout comme Harry Winston, qui, avec son Histoire de Tourbillon 6, propose le mouvement le plus complexe de cette saga. Celui-ci combine deux indications de l’heure indépendantes, régulée l’une par un tourbillon triaxial, l’autre par un carrousel.

Depuis un peu plus d’une année, il est toutefois une autre complication qui est en train de s’arroger la palme dans le registre des savoir-faire. La répétition minutes, de par la dimension acoustique qui s’ajoute à la problématique du décompte du temps, est en effet en passe de supplanter le tourbillon dans le cœur des horlogers épris d’imbroglio mécanique. En ce sens, allier l’une à l’autre revient à réunir la reine et sa dauphine sur un même podium. Une approche des plus sélectives et pourtant chère à plusieurs Maisons au rang desquelles Breguet avec sa Tradition Répétition Minutes Tourbillon 7087, Bulgari et son Carillon Tourbillon ou encore Girard-Perregaux avec sa Répétition Minutes Tourbillon sous Ponts d’Or. Tant qu’à essuyer l’opprobre de ne servir à rien, le tourbillon se recyclerait-il comme faire-valoir ?

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