Urgence et importance
Nos managers sont sans cesse submergés par les urgences : courriels, appels téléphoniques, voyages et projets de développement de toutes sortes constellent leur agenda. Mais sous un tel déluge d’urgences, le risque est grand de perdre de vue ce qui est vraiment prioritaire, autrement dit ce qui est important et le demeurera à long terme. Il est rare que ce qui est important soit urgent : parvenir à faire progresser avec persévérance les actions de soutien à l’ADN de la marque devrait être une question de méthode et d’organisation, pas une course contre la montre. Malheureusement, il n’en va pas ainsi, le paradoxe réside dans le fait qu’un bombardement de petites urgences conduit souvent à perdre de vue à long terme le souffle de ce qui est important.
Mémoire et oubli
L’univers du luxe est un univers d’héritage : les marques de tradition cultivent attentivement leur patrimoine, mettent en valeur leurs archives, redécouvrent les traces qu’elles ont déjà laissées dans l’histoire. Mais la mémoire n’est pas un sarcophage, elle est plutôt une mine dont l’administrateur avisé sait extraire, ainsi que nous le rappelle l’Évangile (« nova ac vetera »), des choses anciennes et des choses nouvelles. De temps à autre, il est licite et sage d’oublier : oublier les procédures qui n’ont plus de sens, oublier les préjugés territoriaux ou géographiques, oublier les ambitions qui ne s’appuient pas sur des visions adéquates. Le fait de s’alléger libère la mémoire et lui permet de se concentrer sur ce qui est authentique, efficace et noble. C’est un paradoxe de ne pas pouvoir valoriser sa mémoire historique parce qu’on est étouffé par d’inutiles routines.
Richesse et pauvreté
On dit que le monde devient moins violent et plus égalitaire. Peut-être. Ce que l’on remarque, en tout cas, c’est que la richesse migre et se répand de façon très peu homogène. Peut-être que dans certains contextes on se dirige vers un accès accru à la liberté et à la démocratie, mais, par ailleurs, on assiste aussi à un appauvrissement progressif de la classe moyenne, à une multiplication des fortunes astronomiques, à une thésaurisation qui n’a rien à voir avec une richesse capable de porter des fruits, le tout avec une tendance dangereuse à l’inégalité. On me dira qu’ainsi va le monde. Mais il s’agit là d’un véritable paradoxe : tandis que l’on s’efforce de garantir à un nombre croissant d’êtres humains l’accès à l’alimentation, à la santé et l’éducation, et en la matière les marques du luxe se dépensent beaucoup, on constate par ailleurs une paupérisation rampante dans un contexte de concentration des richesses sans précédent. La Bible nous enseigne que le Seigneur donne et que le Seigneur reprend. Espérons qu’il donne à ceux qui en ont besoin et qu’il élimine les petits malins qui s’enrichissent aux frais de ceux qui travaillent. Nous sommes tous appelés à collaborer en ce sens.