Qu’il est loin le temps où Milon de Crotone, le célèbre lutteur grec (pancrace), faisait merveille aux Jeux olympiques, pythiques ou néméens au Vie siècle av. J.-C. ! Point de souci de chrono alors, juste une activité rituelle, voire d’inspiration religieuse, fort utile au demeurant pour préparer les guerriers des cités-États de l’époque engagés dans des luttes intestines incessantes. La tenue des Jeux était d’ailleurs synonyme de trêve pour permettre aux athlètes de se mesurer en toute loyauté. L’avènement du sport moderne, en pleine révolution industrielle au sein de l’élite sociale anglaise, a toutefois complètement modifié la donne car désormais soumise aux impératifs du record.
« Le corps devient une machine de rendement », selon les termes de l’historien Philippe Lyotard. « La confrontation entre individus, principale valeur du sport jusqu’alors, est supplantée par la recherche de la performance, ouvrant ainsi la porte à la chronométrie horlogère, écrit Dominique Fléchon, historien et expert auprès de la Fondation de la Haute Horlogerie. En d’autres termes, l’art du sport et l’art horloger constituent tous deux une forme d’expression encadrée par un ensemble de règles précises, réfléchies et évolutives. Précision, perfection, élégance, beauté, pureté, qualité, exclusivité, en un mot exigence, telles sont les valeurs communes que se partagent depuis toujours sport et horlogerie, tous deux synonymes d’excellence. »
Une osmose programmée
Résumée par Pierre de Fredy, baron de Coubertin en juin 1894, cette nouvelle philosophie sera dès lors représentée par la devise olympique « Citius, altius, fortius », un leitmotiv incontournable pour des athlètes désormais appelés à dépasser sans cesse leurs limites. Devise qui serait toutefois restée lettre morte si les Maisons horlogères ne s’étaient ingéniées depuis deux siècles à également repousser les limites de la mesure du temps. Il faut remonter vers 1720 pour voir apparaître le premier garde-temps à seconde morte ou seconde indépendante dû au génie de l’astronome et horloger anglais George Graham, soit un appareil à pendule battant la seconde divisée en quatre sauts. Un siècle plus tard, Abraham-Louis Breguet met au point le premier chronographe à double seconde, suivi de près par Nicolas Rieussec, qui présente en 1821 un mouvement de montre qui entraînait deux cadrans en émail gradués pour les secondes et les minutes sur lesquels une aiguille enduite d’encre actionnée par un poussoir laissait de petites marques à chaque action du chronométreur. L’osmose en sport et chronométrie était dès lors programmée, synonyme d’une mutuelle course aux exploits.
Cette année, aux Jeux olympique de Londres, Omega déploie ainsi plus de 400 tonnes de matériel servi par une équipe de 420 professionnels, sans compter les bénévoles engagés pour les seconder. Une technologie délivrant une précision au millionième de seconde ! En comparaison, lors des Jeux de Los Angeles en 1932, première année où le Comité international olympique confie l’ensemble des épreuves à un seul chronométreur, Omega avait apporté un total de 30 chronographes pour mesurer l’ensemble des compétitions, chronographes précis au 1/10e de seconde couplés à des caméras et transportés en train depuis New York par le représentant américain de la marque. Jusque-là, les records olympiques étaient restés homologués au 1/5e de seconde, grâce notamment à des chronographes signés Heuer.
Une visibilité planétaire
C’est que la concurrence a toujours été vive entre horlogers pour décrocher le statut de chronométreur officiel des JO, à l’instar de Longines, Heuer, Omega, Seiko, Swatch et Swiss Timing, filiale du groupe Swatch. À la clé, une visibilité planétaire extraordinaire, raison pour laquelle les Jeux de Londres 2012 revêtent une importance cruciale pour Omega. « C’est à Londres en 1948 que la chronométrie du sport moderne a réellement commencé, explique Stephen Urquhart, président de la Maison. Aucune autre ville au monde ne peut présenter une telle combinaison de sites historiques et contemporains permettant d’accueillir les Jeux. Il faut toutefois bien reconnaître que le rôle de chronométreur officiel représente un énorme effort, un effort constant et continu. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes déjà en train de préparer les prochains Jeux olympiques d’hiver et Rio en 2016. D’un autre côté, cette activité est un vecteur d’image qui nous offre une exposition absolument incroyable. Elle nous connecte à un événement qui est à nouveau considéré comme extrêmement positif après les scandales du dopage et les boycottages. Maintenant, tout cela semble bien faire partie du passé. »
En ce sens, inutile de s’étonner du nombre d’athlètes à porter haut les couleurs des différentes marques horlogères. Le spot télévisé d’Omega réalisé pour Londres 2012 en offre une excellente illustration pour mettre en scène le plongeur chinois Qiu Bo, la nageuse américaine Natalie Coughlin, l’heptathlonienne britannique Jessica Ennis, le sprinteur américain Tyson Gay, le nageur sud-africain Chad Le Clos ainsi que la perchiste américaine Jenn Suhr, tous ambassadeurs de la Maison et participants aux différentes compétitions. De son côté, Raphael Nadal portera assurément sa Richard Mille RM027 Tourbillon et Ben Ainsley sa Corum Admiral’s Cup Tides. Quant au triple médaillé d’or Usain Bolt, si sa Hublot King Power ne figurera pas à son poignet durant les courses, elle sera certainement remarquée hors compétition. Les joutes ne se passent pas uniquement dans les stades.