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Une révolution feutrée
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Une révolution feutrée

mercredi, 19 février 2014
Par Louis Nardin
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Louis Nardin
Journaliste et consultant

“De l’audace, toujours de l’audace.”

Georges Jacques Danton

« Une montre de qualité concentre de la créativité, des compétences techniques et scientifiques rares, des gestes anciens. Elle touche au désir d’être unique, de se distinguer, d’afficher un savoir, une puissance, un goût. Une montre raconte plusieurs histoires à la fois, dont les détails et les secrets font la saveur. »

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5 min de lecture

Il y a peu, les métiers d’art en horlogerie tenaient essentiellement à un travail de mémoire sur des savoir-faire rares et anciens. L’innovation et l’optimisation des coûts émergent aujourd’hui comme des facteurs stratégiques déterminants.

Continuer de surprendre et d’émerveiller, telle est la mission des métiers d’arts appliqués à l’horlogerie. Revenus depuis plusieurs années déjà sur le devant de la scène, ils sont les témoins de la capacité d’une marque à maîtriser d’autres domaines de compétence que la pure mécanique. Si, au départ, très peu d’entre elles disposaient des compétences en interne, depuis, de nombreux départements dédiés ont vu le jour. Cet essor a débouché sur un nouveau défi : être capable de se démarquer de la concurrence sur un segment de plus en plus « encombré ». Certaines Maisons n’ont donc pas hésité à monter des équipes consacrées à la mise au point de nouvelles techniques ou à l’application de techniques existantes jamais utilisées dans l’horlogerie. Sous l’impulsion des manufactures, les artisans indépendants participent au même effort. C’est que, au-delà de la tendance, la démocratisation guette, synonyme de réduction des coûts grâce à des procédés semi-industriels. En d’autres termes, l’expression artistique n’est plus désormais l’apanage des seuls grands noms de la branche pour intéresser vivement l’ensemble de la profession.

Pétales pétrifiés

« À l’instar de son pôle horloger, Cartier dispose également d’une unité de recherche et développement dans les métiers d’art, explique Thierry Lamouroux, Directeur marketing pour l’horlogerie de la Maison française. Leur mission est de repérer à l’échelle de la planète des artisans et des techniques encore inconnus et d’étudier leur application à l’habillage horloger. C’est ainsi que Cartier a pu présenter cette année un cadran réalisé selon la technique de la marqueterie de pétales de rose. L’idée nous a en effet été proposée par un sous-traitant. En collaboration avec lui, nous avons travaillé à la fiabiliser pour que les pétales gardent leur couleur et leur structure en toutes conditions et sans limite de temps. »

Cette veille, Piaget y a aussi recouru pour présenter des cadrans réalisés selon les techniques de gravure bolino et scrimshaw. Toujours en janvier, à la rue du Rhône, Omega en a également fait la démonstration. En utilisant du platine sous forme de Liquidmetal, la marque a réussi à sertir son logo sur un fond saphir. Pour cela, elle a usiné le dessin en donnant une forme triangulaire à la creusure pour que la matière reste figée à l’intérieur. Puis elle a recouru au sertissage traditionnel pour intégrer les diamants dans la matière.

À l’heure actuelle, les Maisons nous poussent à innover et à nous surpasser.
Olivier Vaucher

Et il y a deux ans, c’était par exemple à la marqueterie de paille de faire son apparition sur des cadrans Hermès et Cartier. « À l’heure actuelle, les Maisons nous poussent à innover et à nous surpasser, résume Olivier Vaucher, graveur de formation mais dont l’atelier maîtrise désormais cinq techniques différentes. Les métiers d’art sont devenus un champ de recherche en soi. »

Microsculptures et multiniveaux

À leur échelle, des artisans travaillent ainsi à découvrir de nouvelles manières d’animer les cadrans. Olivier Vaucher est à ce titre reconnu pour son inventivité. Son atelier, qui compte 33 collaborateurs, est à l’origine par exemple du cadran à multiples niveaux de la Poetic Wish de Van Cleef & Arpels ou des microsculptures de l’Excalibur Table Ronde de Roger Dubuis. « Auparavant, les décors sur les montres se limitaient principalement à de la gravure en taille-douce ou en faible relief sur or, explique-t-il. Depuis, le volume a été introduit avec des gravures en haut-relief, voire en relief 3D ou encore avec des pierres sculptées. »

Cadran à multiples niveaux de la Poetic Wish de Van Cleef & Arpels

Cette dernière technique appelée « glyptique » se retrouve par exemple sur le cadran de la Métier d’Arts Fabuleux Ornements Broderie Chinoise de Vacheron Constantin avec des fleurs taillées dans des rubis, grenats et cuprites, des pierres notées 8 ou 9 sur l’échelle de dureté de Mohs, 10 revenant au diamant. « Notre rôle consiste donc à exploiter tout le potentiel d’une technique de la façon la plus innovante et la plus belle possible », poursuit l’artisan. Les métiers d’art ont ainsi investi tous les registres de l’horlogerie et ne se limitent plus aux pièces purement décoratives. La très technique et récemment dévoilée RM 51-01 de Richard Mille en témoigne avec son dragon et son tigre en or sculpté qui se faufilent parmi les ponts du mouvement.

Modérer les envies

La créativité constitue de fait l’enjeu réel des métiers d’art. Mais la voie n’est jamais tracée d’avance. « Nous, artisans, devons parfois modérer l’envie de nos clients qui voient ces techniques avec un esprit de performance. Le rendu esthétique final reste l’ultime résultat », précise Olivier Vaucher.

Le succès des métiers d’art a bien sûr focalisé l’attention. Plusieurs Maisons visent désormais à les introduire dans leurs catalogues pour toucher une nouvelle clientèle. Leurs coûts importants, voire prohibitifs, pourraient toutefois donner naissance à des techniques moins onéreuses, privilégiées par certains. D’où ce nouveau défi consistant à bien faire comprendre au client final la différence entre les deux. Ne serait-ce pas exactement ce que Patek Philippe a entrepris en avril 2013 avec sa campagne « métiers de haut artisanat » ?

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