Ce qui est en mouvement gagne de la valeur, ce qui reste immobile en perd : est-ce peut-être pour cette raison qu’on dit que « le temps, c’est de l’argent ? La philosophe Francesca Rigotti s’est exprimée sur ce thème au 4e Forum International de la Haute Horlogerie qui a eu lieu à Lausanne le 14 novembre 2012, dans le cadre d’un discours très approfondi et ardu, qui nécessitera sûrement réflexion et débat.
Le thème du Forum était « Time to Share ». Or, « share » signifie partager, mettre en commun, faire passer d’un endroit à l’autre, d’une personne à l’autre : car le partage, au bout du compte, c’est le dialogue. Qu’il soit contradictoire ou conflictuel, tout dialogue porte ses fruits. De tels échanges engendrent ainsi tolérance, estime et respect.
Les « Dialogues de Platon » ne nous enseignent-ils pas tout le bienfait de la confrontation des idées en matière de philosophie et de vérité ? Avec son concept de thèse, antithèse et synthèse, Hegel ne dit pas autre chose. Aller de l’avant, certes, mais sans renier les valeurs du passé comme la tradition, le prestige et l’honnêteté.
Nous vivons dans un environnement où l’on parle beaucoup et où l’on communique sans doute trop, sans garantie aucune quant à la qualité du dialogue. Autrement dit, l’échange, l’enrichissement né du partage des connaissances et des valeurs est souvent absent. Il ne s’agit certes pas de dialoguer pour imposer ses choix mais bien plutôt pour apprendre. Et surtout pour avancer. Pour faire, comme disaient les Anciens, son « apprentissage d’humanité ».
A la veille d’un nouveau Salon International de la Haute Horlogerie, il faut tirer parti des idées qui ont été partagées. Car la connaissance, jamais immobile, anticipe le temps et apporte son lot de richesses nouvelles. Des richesses aussi bien matérielles que culturelles.
Partager à travers le dialogue, c’est donc apprendre à s’ouvrir au monde. En déchiffrant ses mutations au lieu de les subir. Hamlet aimait les monologues et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas eu un destin heureux. Osons donc le dialogue afin que les mots constituent un pont entre nos expériences et non un abysse insondable. Un pont sur lequel avancer d’un pas sûr pour partager nos points de vue et faire un bout de chemin ensemble. A la veille du Salon, la présence des Maisons doit nous rappeler que ce rendez-vous n’est pas axé sur la compétition mais sur la participation, la collaboration, le dialogue. Il s’agit de ne pas fermer les portes mais de dialoguer.
Ne nous leurrons pas, la route à parcourir est encore longue. Mais à l’image des péripatéticiens de notre cher Aristote, cheminons donc ensemble tout en bavardant ! Cela nous aidera à apprécier le trajet tout en ressentant moins de fatigue. Pour l’heure, déjà, apprécions ce grand moment de partage que sera le prochain Salon. Bonne année !