>SHOP

restez informés

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle pour recevoir des infos et tendances exclusives

Suivez-nous sur toutes nos plateformes

Pour encore plus d'actualités, de tendances et d'inspiration

Arnold & Son, so british ?
Visite guidée

Arnold & Son, so british ?

vendredi, 7 juillet 2017
fermer
Editor Image
Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

Lire plus

CLOSE
7 min de lecture

La tête de pont helvétique du Japonais Citizen prend des contours stratégiques nettement plus précis avec la manufacture La Joux-Perret et son fabricant de composants Prototec au service des marques Frédérique Constant, Alpina et Arnold & Son. Ce mélange de différentes tonalités nationales donne au Swiss Made du Groupe un petit air de « village mondial ».

Les horlogers aiment particulièrement raconter des histoires. Celles de leurs trisaïeuls, « vissés » à leur établi en passe de modifier la courbe terminale d’un spiral, celles de leurs aïeuls, intrépides conquérants de terres lointaines des garde-temps plein les poches, ou encore celles de leurs grands-pères, inlassables bâtisseurs des manufactures des temps modernes. Résultat : le charme désuet de ces sagas horlogères, véritables chansons de geste de la profession, donne de la profondeur aux marques et ce surcroît de légitimité quand il s’agit de parler de belle horlogerie. On aurait toutefois tort de croire que ces évocations historiques sont leur seul apanage des Maisons helvétiques. Comme la Suisse n’a pas toujours été le centre du monde horloger, tant s’en faut, force est de constater que certains discours traduits des langues étrangères ont également des accents de vérité. C’est exactement ce que nous fait comprendre Arnold & Son, dont la genèse remonte à 1764 et la réincarnation en une marque Swiss Made à 1995.

Cet éminent chronométrier anglais a été l’une des figures marquantes des temps héroïques de l’horlogerie.
Éminent chronométrier

Sans vouloir refaire la biographie de John Arnold (1736-1799), il faut toutefois savoir que cet éminent chronométrier anglais a été l’une des figures marquantes des temps héroïques de l’horlogerie. Héroïques parce que la plupart des grands professionnels de la branche étaient alors en concurrence pour réaliser un chronomètre de marine suffisamment précis et fiable pour permettre le calcul de la longitude en mer. Rien de fortuit à cela, les grandes nations de l’époque, France et Angleterre en tête, se livraient à l’époque une lutte sans merci pour la conquête des océans et, partant, pour la suprématie sur le commerce maritime. John Arnold, fils d’horloger, remarqué très tôt par le roi George III pour la réalisation d’une montre à sonnerie suffisamment minuscule pour être logée dans le chaton d’une bague, a sans conteste fait avancer la cause grâce à ses inventions du balancier compensateur bimétallique, du spiral cylindrique à courbes terminales ou de l’échappement à détente. Et s’il ne gagna pas le concours du « Longitude Act », remporté par son compatriote John Harrison, il fut largement reconnu pour ses travaux sur la précision et sur les méthodes de production. Il devint d’ailleurs l’ami d’Abraham-Louis Breguet – les deux hommes s’échangèrent leurs fils pour leurs apprentissages respectifs –, qui utilisa une montre de poche Arnold pour y ingérer son tout premier régulateur à tourbillon. Peut-on imaginer plus bel hommage ?

La Manufacture La Joux-Perret à La Chaux-de-Fond
La Manufacture La Joux-Perret à La Chaux-de-Fond

John Arnold n’aurait toutefois pu rester qu’une figure tutélaire au panthéon horloger britannique, sans grands lendemains dans le foisonnement actuel. Des investisseurs privés, férus de mécaniques complexes, en ont décidé autrement. En 1995, ils achetaient les droits sur trois noms illustres de la mesure du temps anglaise : George Graham (1673-1751), Thomas Tompion (1639-1713) et John Arnold. Nouveau coup de théâtre en 2012, c’est le Japonais Citizen qui se portait acquéreur d’Arnold & Son, en même temps que la manufacture La Joux-Perret et son producteur de composants Prototec. Un portefeuille bientôt complété par la reprise en 2016 de Frédérique Constant, une Maison fondée par Peter et Aletta Stas, néerlandais d’origine, qui compte également Alpina et Ateliers de Monaco dans son escarcelle et qui est en train de doubler ses capacités de production dans le canton de Genève pour un investissement de quelque CHF 10 millions. Autant dire que la tête de pont helvétique de Citizen prend aujourd’hui des contours très précis, basée notamment sur un outil industriel de premier plan qui n’a de loin pas encore livré tout son potentiel. « Les stratégies industrielles vont et viennent, explique Florian Serex, en charge depuis la fin de l’année dernière de La Joux-Perret et d’Arnold & Son. Il est toutefois évident que l’existence d’une marque comme Arnold & Son, qui produit quelque 600 pièces par an, peut difficilement se concevoir sans une base manufacturière solide. Raison pour laquelle le développement des deux entités va désormais se faire en parallèle. »

Calibre A&S8600 - Chronomètre Tourbillon No36
Calibre A&S8600 - Chronomètre Tourbillon No36
Motoriste à part entière

Comme l’explique Florian Serex, La Joux-Perret s’est d’abord distinguée en proposant des modules additionnels au mouvement Valjoux 7750. Depuis, la manufacture a largement fait ses preuves en tant que motoriste à part entière qui réalise la quasi-totalité de ses composants. Arnold & Son lui doit ses 23 calibres en collection, dont 19 en exclusivité. Quant aux clients tiers, au nombre d’une trentaine à ce jour, ils peuvent faire leur marché entre calibres de base heures/minutes/secondes, standards 4 Hz ou extra-plats (2,7 mm de hauteur), chronographes et mouvements à tourbillon, simples ou haut de gamme, sans oublier Prototec, à même de fournir tous types de composant. À noter que La Joux-Perret, qui réalise annuellement 20 000 mouvements avec une centaine de collaborateurs, dispose de capacités de production largement suffisantes pour lui permettre de monter en puissance. Ce qui devrait notamment être le cas avec les commandes en provenance de Frédérique Constant, une Maison aux 150 000 pièces annuelles, vu les synergies en train de se mettre en place. Sans oublier Citizen, marque de volumes s’il en est.

Vu les origines de la marque, nous privilégions un design très mécanique.
Florian Serex

Fort de cette base industrielle, Arnold & Son peut ainsi laisser libre cours à sa créativité. Dans un registre bien précis toutefois : « Vu les origines de la marque, nous privilégions un design très mécanique, expose Florian Serex. Cela se traduit notamment par un grand nombre de ponts – pratiquement un par mobile – et par la mise en valeur côté cadran de la technique horlogère. Une technique particulièrement soignée puisque nous offrons par exemple des mécanismes à force constante, à seconde morte, à double tourbillon. Mais, encore une fois, en conformité avec ce que l’on sait de John Arnold, connu pour ses chronomètres de marine abordables. L’horlogerie que nous proposons doit donc être à fort contenu mais pas excessive au niveau des prix, compris entre CHF 10 000.- et 40 000.- pour ce qui est du cœur de nos collections. » Avec 80 points de vente à travers la planète, Arnold & Son vise une croissance de l’ordre de 10 % cette année. Comme à fin avril 80 % des objectifs étaient déjà remplis, il y a tout lieu de croire que l’horlogerie britannique Made in Switzerland est un alliage qui prend corps.

tags
Haut de page