>SHOP

restez informés

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle pour recevoir des infos et tendances exclusives

Suivez-nous sur toutes nos plateformes

Pour encore plus d'actualités, de tendances et d'inspiration

La puissance de Parmigiani
Economie

La puissance de Parmigiani

vendredi, 24 juillet 2015
fermer
Editor Image
Carol Besler
Journaliste

“Les montres sont un art fonctionnel.”

Carol Besler assure une couverture mondiale de l’horlogerie et la joaillerie.

Lire plus

CLOSE
5 min de lecture

Cette « petite » Maison horlogère fournit l’élite de la profession en boîtiers, composants et mouvements issus de ses capacités de production excédentaires.

Parmigiani Fleurier est peut-être bien l’une des plus petites marques suisses, mais elle est certainement l’une des plus puissantes. Si elle réalise seulement 6’000 montres par année sous son propre nom, elle joue également le rôle de fournisseur pour quelques-unes des plus prestigieuses Maisons horlogères suisses. Propriété de la Fondation de Famille Sandoz, Parmigiani fait partie du petit groupe d’horlogers suisses qui produit la totalité de ses composants. Ce qui inclut les boîtes, les cadrans, les composants de l’habillage comme les aiguilles et, bien évidemment, les mouvements, balancier-spiral compris, un organe considéré par les puristes comme un préalable à toute réalisation de calibres maison. Le groupe Parmigiani fournit des mouvements et composants à 17 marques suisses parmi lesquelles Richard Mille et Bulgari. Il réalise des boîtiers pour IWC, Girard-Perregaux, Patek Philippe, MB&F, Corum et Zenith. Il produit des cadrans pour Audemars Piguet et A. Lange & Söhne.

Calibre PF705 à remontage automatique

Étant donné ce tableau de service, les standards de qualité sont parmi les plus élevés de la profession dans les cinq usines Parmigiani : Elwin (décolletage et production de composants spécifiques), AtoKalpa (échappements et organe réglant), Quadrance & Habillage (cadrans), Les Artisans Boîtiers (boîtiers) et Vaucher Manufacture Fleurier (mouvements mécaniques et modules additionnels). Les ingénieurs en micromécanique qui dirigent ces entités vivent dans un monde où les tolérances et les spécifications sont poussées à l’extrême. Les vis qui sortent des ateliers d’Elwin, par exemple, usinées au 1’000e de millimètre, répondent à des standards qui excèdent de loin les normes en vigueur. Selon Flavien Gigandet, directeur international de formation chez Parmigiani, une vis standard vaut dans les 5 à 10 centimes. Le prix d’une vis Elwin varie entre CHF 1 et 2. Pour quelle différence ? Trois facteurs entrent en jeu : les microtolérances nettement plus strictes, l’angle de taraudage permettant d’obtenir une tension optimale sur la tête de vis et les finitions. Le mauvais polissage d’une vis peut en effet produire des bavures susceptibles d’enrayer le mouvement. Et c’est encore sans parler de la résistance aux chocs…

Machinerie dernier cri

Roues d’échappement, ancres et pignons, cames, leviers, balanciers et spiraux sont produits par AtoKalpa. Les mouvements, y compris le fraisage des platines et des ponts, sont faits chez Vaucher, dont 25 % sont aux mains d’Hermès. Comme au sein de la plupart des manufactures horlogères, la production chez Vaucher est hautement automatisée avec des alignements de machines CNC en plein travail d’usinage. Une de ces machines, au prix de CHF 5,5 millions, véritable robot Vishnu, est capable de réaliser simultanément 64 opérations. Il n’est toutefois pas question uniquement de robots. Tous les composants réalisés chez Vaucher sont terminés à la main. Mieux encore, environ 10 % de la production Parmigiani répond aux critères du label Qualité Fleurier. Non seulement celui-ci requiert un niveau élevé de décoration, mais il soumet également la montre aux rigueurs du Chronofiable, soit une série de tests « tortures » qui, en trois semaines, simulent les effets du porter de la montre pendant six mois. Le mouvement, à divers stades d’emboîtage, est soumis à plusieurs types de contraintes mécaniques et physiques : chocs, accélérations, variations de température pour une précision qui ne doit pas excéder un écart de marche compris entre 0 et + 5 secondes par jour.

Les prototypes sont réalisés avec des imprimantes 3D. Il y a cinq ans, la plupart des prototypes étaient faits en laiton, soit une méthode qui prenait un mois et coûtait près de CHF 5’000 pièce. En comparaison, un prototype en cire issu d’une imprimante 3D nécessite 12 heures pour un prix unitaire de CHF 280. Cette évolution non seulement réduit les coûts de production mais permet une plus grande flexibilité et davantage de précision dans les processus de fabrication. Plus le nombre de prototypes est élevé et plus la précision d’usinage sera grande. Pour Flavien Gigandet, bientôt viendra le jour où les imprimantes 3D seront à même de « travailler » le métal. Il sera alors possible d’imprimer des boîtiers plutôt que de les usiner. Et adieu les CNC à 5 millions !

On était alors en 1975, à l’aube de la révolution du quartz qui a laminé l’horlogerie suisse.
Esprit créatif

L’homme qui se cache derrière cette entreprise se nomme Michel Parmigiani, un humble horloger qui a débuté sa carrière comme restaurateur de mouvements. On était alors en 1975, à l’aube de la révolution du quartz qui a laminé l’horlogerie suisse. « Tout le monde pensait qu’il était un peu fou, s’amuse Flavien Gigandet. Mais non seulement Parmigiani a survécu sans avoir jamais produit de montres électroniques, mais il a également pu entretenir sa passion pour la mécanique horlogère en tant que restaurateur de pièces appartenant à des collectionneurs privés comme la famille Stern, propriétaire de Patek Philippe. À l’époque, son client le plus important était la Fondation de Famille Sandoz, dont la collection de montres et automates est célèbre. En 1996, la Fondation a rendu possible le rêve de Michel Parmigiani en lui demandant de créer sa propre marque incarnant les vraies valeurs de la Haute Horlogerie. »

Étant donné que Parmigiani est parfaitement intégré avec une relativement petite production, la Maison possède cet esprit créatif propre aux entités indépendantes. Les collections couvrent ainsi un large éventail allant de pièces très classiques, comme les Tonda 1950, à des modèles nettement plus débridés, comme les Bugatti et Toric. Dans le courant de cette année, la marque va à nouveau se distinguer avec le lancement de sa Tonda 1950 Tourbillon dotée d’un calibre extra-plat de 3,4 mm de hauteur. Du pur Parmigiani !

Haut de page