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La sous-traitance horlogère s’organise
Economie

La sous-traitance horlogère s’organise

vendredi, 12 juin 2015
Par Thierry Brandt
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Thierry Brandt

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6 min de lecture

Début juin s’est tenu à Genève la 14e édition du salon dédié à l’environnement professionnel horloger, joaillier, microtechnologique et medtech (Salon EPHJ-EPMT-SMT) avec 867 exposants, soit autant que l’année précédente. Bonne nouvelle : aucune annulation n’a été enregistrée à la suite de l’envolée du franc suisse. Tour d’horizon conjoncturel avec quelques participants.

C’est peu dire que l’abolition du taux plancher de la devise helvétique a secoué le secteur industriel. Le problème est au centre de toutes les discussions depuis janvier 2015. Six mois après la décision de la Banque nationale suisse (BNS), quelle est la situation des entreprises concernées ? Contrastée et tendue, dira-t-on. Après avoir interrogé les uns et les autres, il est difficile de tirer une règle générale. Cela dit, personne ne parle véritablement de « crise » mais plutôt de « tassement », pour utiliser les termes du conseiller d’État Michel Probst, chef du département de l’Économie et de la Coopération du canton du Jura. Rien de comparable avec 2009. Les deux autres notions les plus employées par nos interlocuteurs sont « incertitude » et « manque de visibilité ». Mais si l’inquiétude règne parmi les chefs d’entreprise, elle est loin de céder le pas à la panique. Réactions.

Olivier Saenger, cofondateur du Salon EPHJ-EPMT-SMT

« Nous n’avons enregistré aucune annulation à la suite de la décision de BNS. Certes, le secteur traverse aujourd’hui une forme de crise. Certaines entreprises la subissent plus que d’autres. Loin de moi l’idée de minimiser leurs difficultés mais, dans l’ensemble, je pense qu’elles pourront être surmontées. Quand la conjoncture est plus difficile comme aujourd’hui, la nécessité d’un tel salon est encore plus importante. Les industriels doivent faire preuve d’encore plus d’innovation comme de créativité et le faire savoir à leurs clients. Un bilan intermédiaire après les trois premières journées du salon ? Ce ne sera certainement pas une année record pour nos exposants. Cela dit, je croise des gens plutôt satisfaits et qui font de bonnes affaires. »

Même s’il faut avouer que le contexte est un peu tendu, je ne crois pas qu’on puisse véritablement parler de “crise”.
Michel Probst
Michel Probst, conseiller d’État, chef du département de l’Économie et de la Coopération du canton du Jura

« La situation conjoncturelle dans le Jura ? Honnêtement, même s’il faut avouer que le contexte est un peu tendu, je ne crois pas qu’on puisse véritablement parler de “crise”. Raison pour laquelle, dans mon allocution ici au salon, j’ai préféré utiliser les mots “tassement” et “incertitude”. Je rencontre évidemment beaucoup de chefs d’entreprise. Pour résumer leurs propos, je dirais que la situation oscille entre le “pas si mal” et le “plus douloureux”. Pour l’heure, on ne parle pas d’annulation de commandes mais plutôt de report. On verra pour le second semestre. Sur le front du chômage, je ne vois pas non plus de raison de nous alarmer outre mesure. Certes, nous avons reçu plusieurs dizaines de demandes de chômage partiel. Mais toutes ne seront pas forcément activées. Certains vont y renoncer. Bref, la situation actuelle n’a rien à voir avec celle qui a prévalu après la crise des subprimes. »

Guy Ballif, directeur de vente chez Bumotec, fabricant de machines-outils à Sâles, dans le canton de Fribourg

« En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas encore entrés dans la zone critique. Je m’explique : nous fabriquons de grosses machines, nous vivons donc encore sur le carnet de commandes de l’année dernière. Dans notre secteur, il faut compter une inertie d’au moins huit mois. Si nous sommes touchés, et nous risquons bien de l’être, nous le saurons à partir de cet automne. Reste à savoir dans quelle mesure. De toute façon, décision de la BNS ou pas, nous étions déjà plus chers que nos concurrents européens. C’est la valeur ajoutée de nos produits et la qualité du service que nous proposons à nos clients qui ont toujours fait la différence. Nous allons donc en faire encore plus ! Nous avons également pris des mesures immédiates : nous nous approvisionnons en composants en Europe plutôt qu’en Suisse, nous avons demandé à notre personnel de travailler provisoirement deux heures de plus par semaine pour le même salaire et nous nous efforçons de rogner sur nos marges. »

Richard Vaucher, propriétaire et patron de VOH, équipementier et fabricant d’instruments de mesure installé à Courtelary, dans le Jura bernois

« Je vois 2015 comme une année modeste, une année de transition. Il est certain que nous n’allons pas crever le plafond. Mais bon, rien d’alarmant. Il faut dire que les prix de la majorité de nos produits dépassent rarement CHF 50’000. Il ne s’agit pas de machines lourdes. Du coup, nos clients hésitent moins lorsqu’ils doivent consentir de tels investissements. Nous n’avons pris aucune mesure particulière à l’interne. Nous nous battons encore plus ; nous mettons encore plus de moyens dans l’innovation ; nous analysons encore plus finement les besoins de nos clients ; nous nous efforçons de les accompagner encore plus étroitement dans la définition de chaque projet. La valeur ajoutée, c’est ce qui permet de faire la différence en Suisse. »

Nous sommes un peu comme des garçons d’ascenseur : nous passons notre temps à monter et à descendre.
Jean-Daniel Dubois
Jean-Daniel Dubois, directeur général de Vaucher Manufacture, fabricant de mouvements installé à Fleurier, dans le canton de Neuchâtel

« Comme vous le savez, nous avons derrière nous la Fondation Sandoz, des actionnaires importants comme Parmigiani et La Montre Hermès qui ont une vision à long terme et développent une stratégie dans la durée, de manière à valoriser les produits de qualité, les métiers pointus et la formation. Nous n’avons donc pas trop à nous inquiéter d’une année plus difficile que les autres. D’ailleurs, ceux qui ont un peu de mémoire savent qu’il en a toujours été ainsi dans l’horlogerie. Nous sommes un peu comme des garçons d’ascenseur : nous passons notre temps à monter et à descendre. Le tout est de ne pas aller plus bas que le lobby ! Aujourd’hui, comme nous avons un peu moins de travail, nous encourageons nos collaborateurs à solder leurs heures supplémentaires et leurs vacances non prises. C’est comme cela que nous réagissons. En fait, je crains plus 2016 que 2015. Car c’est maintenant que nous devons prendre les décisions. Et là, je sens quand même un peu d’hésitation chez nos partenaires. »

André Saunier, propriétaire et patron d’AJS Production, fabricant de composants horlogers installé à Porrentruy, dans le canton du Jura

« Difficile pour moi de vous donner une tendance générale pour l’année 2015. Mais je pense que nous allons la passer sans trop de problèmes. Parmi nos clients, je vois de tout, y compris certains dont les activités sont en pleine croissance. Ce qui va nous sauver, non seulement cette année mais à l’avenir, c’est l’innovation. Je me félicite d’avoir au sein de l’entreprise mon fils Anthony, lequel est entouré de trois ingénieurs très pointus. Ils ne cessent d’inventer de nouvelles choses, de trouver de nouvelles solutions, de réfléchir à de nouvelles méthodes de fabrication, plus rationnelles donc plus économes. C’est ce qui nous permet de faire la différence quand nous approchons les marques. Enfin, dans le Jura, nous avons la chance de pouvoir proposer des prix légèrement plus compétitifs que dans d’autres cantons. À l’heure actuelle, c’est un atout. »

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