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Montres et innovation, un cocktail dubaïote
Expositions

Montres et innovation, un cocktail dubaïote

lundi, 23 novembre 2015
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

Lors de la Dubai Watch Week, la question de l’innovation était au centre des discussions. Parmi les horlogers indépendants célébrés au cours de l’événement, l’approche exclusive de l’horlogerie qui les caractérise se traduit autant par un hymne à la tradition que par un culte voué à l’innovation. Débat.

Les créateurs horlogers indépendants ont pratiquement tous répondu à l’invitation d’Ahmed Seddiqi & Sons, distributeur incontournable de la région avec ses 65 points de vente, pour participer à la première Dubai Watch Week. Une présence à laquelle les collectionneurs de la région ont été particulièrement sensibles. La raison en est simple : l’identification entre produits et créateurs est essentielle à cette approche de l’horlogerie. Comme le résume parfaitement Philippe Dufour : « Plus le produit est exclusif et plus il est nécessaire de retrouver les mains qui l’ont créé. » Mais si la démarche privilégie toutes formes de tradition horlogère, elle pose immanquablement la question du rôle de l’innovation. Une table ronde était d’ailleurs organisée lors de cette semaine dubaïote sur cette thématique. Rencontre avec les protagonistes.

Qu’est-ce que l’horlogerie si ce n’est du temps et de la précision ?
Jean-Marc Wiederrecht
Agenhor, une horlogerie d’horlogers

On ne présente plus Jean-Marc Wiederrecht, le concepteur horloger fondateur d’Agenhor, dont le travail vient d’ailleurs d’être doublement récompensé lors du Grand Prix d’Horlogerie de Genève, puisque les calibres de deux des montres primées sortent précisément de ses ateliers genevois, à savoir la Slim d’Hermès QP et la Fabergé Lady Compliquée Peacock. Alors même s’il prétend avoir pris sa retraite dernièrement pour mieux passer le flambeau à ses fils, sa vision de l’horlogerie garde toute son acuité : « Qu’est-ce que l’horlogerie si ce n’est du temps et de la précision ? En ce qui concerne le deuxième paramètre de cette équation, si les nouvelles technologies comme le Liga (acronyme allemand pour « lithographie, électroformage et moulage », ndlr) peuvent contribuer à faire des progrès, je peux tout à fait y souscrire, car on poursuit là un objectif bien défini qu’il est impossible de remplir avec des moyens humains. Le problème aujourd’hui, c’est que les grandes marques poussent l’industrialisation à l’extrême. On en vient ainsi à faire des montres avec des opérateurs et non plus avec des horlogers. Il est temps de revenir à nos racines et de raconter des histoires vraies au client. D’autant que, de nos jours, on achète plus une montre mécanique pour sa précision, le quartz est bien meilleur dans ce registre. »

Pour Jean-Marc Wiederrecht, il est grand temps de remettre l’horloger en centre. « On fait des montres avec des hommes, poursuit-il. Et dans ce contexte, que peuvent amener les nouvelles technologies ? Prenons l’exemple du silicium, un matériau de plus en plus utilisé pour les composants de l’organe réglant et de l’échappement. Personnellement, je suis contre. C’est un non-sens absolu. Pourquoi remplacer l’habileté humaine par des machines ? En ce qui concerne l’horlogerie traditionnelle, il s’agit d’une interrogation tout à fait légitime, car l’on sait pertinemment que l’on n’obtiendra jamais mieux que quelques secondes d’écart de marche par jour dans une montre mécanique, aussi parfaite soit-elle. On touche là aux limites physiques des garde-temps. »

Une invention qui date de 1928 !
HYT, inspiration Atmos

Ces limites physiques, la marque HYT a pourtant décidé de les repousser, mais pas tellement en termes de précision. C’est du côté de la mécanique des fluides, à la base de l’indication de l’écoulement du temps via un système de pompe, que les ingénieurs maison ont travaillé. Mettant à mal le principe selon lequel une montre mécanique se porte d’autant mieux qu’elle est parfaitement isolée de tout élément liquide, ils ont inventé une nouvelle forme d’horlogerie qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler l’époque où le temps se mesurait par écoulement de l’eau dans une clepsydre. Si l’on en croit Vincent Perriard, CEO et actionnaire de HYT, cette approche totalement décalée a fait mouche. La Maison a ainsi écoulé 700 montres depuis le lancement de la H1 il y a trois ans. L’année 2015 se révèle même un grand cru avec 400 garde-temps vendus pour une croissance de 45 %. Alors que les horlogers souffrent, Vincent Perriard affiche un sourire éblouissant, évoquant même les cinq postes ouverts au sein de l’entreprise qui emploie actuellement une quarantaine de collaborateurs dont 22 chimistes. Un sourire d’autant plus éclatant lorsque le directeur de la Maison dénudait son avant-bras pour montrer la dernière prouesse technique de la marque, à savoir un système d’éclairage par dynamo de la H4 Metropolis.

« Nos clients sont des collectionneurs, des aficionados qui fonctionnent par coups de cœur dans le registre de l’innovation horlogère ultime, explique-t-il. Une séquence naturelle veut que l’amateur cède d’abord au chant des sirènes d’Audemars Piguet avant de s’intéresser à une Richard Mille. Un parcours qui peut très bien l’amener vers HYT s’il poursuit sa quête de montres qui relèvent un défi technique. À son intention, nous avons d’ailleurs encore quelques surprises. Dans le développement de nos premiers modèles, nous avons dû résoudre le problème des écarts de température, facteur d’imprécision dans l’indication du temps. Ce qui nous a obligés à mettre au point un compensateur thermique. Grâce à ces recherches, nous avons compris comment capter ces différences de température. Même lorsque celles-ci sont de l’ordre de 0,1 à 0,2 degré, elle génère des vibrations, donc de l’énergie. En d’autres termes, nous sommes en train de travailler sur un mouvement dont l’alimentation proviendrait des écarts de température sur les fluides qu’il intègre. » À n’en pas douter, HYT cherche un relais tout aussi intelligent à l’Atmos de Jaeger-LeCoultre, dont l’énergie de fonctionnement provient des changements de température et de pression atmosphérique. Une invention qui date de 1928 !

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