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Pierre Rainero, l’ange gardien du style Cartier
Points de vue

Pierre Rainero, l’ange gardien du style Cartier

mercredi, 9 février 2011
Par Thierry Brandt
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Thierry Brandt

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5 min de lecture

Entretien avec le bras droit de Bernard Fornas, directeur de l’Image et du Patrimoine de la grande maison parisienne.

Pierre Rainero, j’en déduis que si vous êtes directeur de l’Image et du Patrimoine chez Cartier, c’est qu’il y a dans votre maison une image et un patrimoine à défendre ! Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce titre un rien mystérieux ?

Pierre Rainero : Il n’y a rien de mystérieux là-dedans ! Mais pour que vous puissiez mieux comprendre mon rôle, je vais essayer de le replacer dans son contexte. D’abord, vous devez savoir que je travaille dans la maison depuis 27 ans. À l’époque d’Alain-Dominique Perrin déjà, je m’occupais des produits. Puis je suis devenu directeur artistique et responsable de la communication. Tout cela dans une espèce de logique naturelle qui fait que, aujourd’hui, je suis en quelque sorte le principal intervenant au nom du style.

D’accord, mais plus concrètement comment cela se passe-t-il ?

Je vous donne un exemple. Tous les vendredis, Bernard Fornas et moi-même réunissons autour de nous l’ensemble des responsables des bureaux de création Cartier : joaillerie-bijouterie, horlogerie, pièces uniques, accessoires et objets souples. Sont là également tous les responsables techniques de ces différents domaines ainsi que la personne qui pilote le secteur de la vente. Bref, tous les savoir-faire de la Maison sont représentés. Et là, nous discutons, nous passons en revue toutes les collections et tous les objets proposés, avec toujours à l’esprit les mêmes préoccupations stylistiques : en quoi ce qui est exposé est-il caractéristique des valeurs de la maison ? En quoi est-il nouveau et comment s’inscrit-il dans le monde contemporain ? Je peux vous assurer que ces discussions sont passionnantes et parfois assez vives. En effet, tous ces créateurs mettent régulièrement leurs tripes sur la table. Mon rôle à moi est de trancher, en fonction non pas de mes goûts personnels mais d’un état d’esprit qui est imprégné depuis des dizaines d’années du savoir-faire Cartier.

Fort de ce que vous venez de dire, comment définiriez-vous en quelques mots le style Cartier ?

Il est fortement reconnaissable, quand bien même il évolue en permanence. Chez Cartier, on n’est pas obligé de se répéter pour faire du Cartier.

Mais encore, pour parler trivialement, Cartier, c’est quoi ?

Les fondements de la Maison, c’est la joaillerie. Ce métier d’origine définit aujourd’hui encore nos valeurs principales. Cartier, c’est l’excellence d’un artisanat poussé à l’extrême, c’est le travail avec les matières les plus précieuses. On touche là aux valeurs artistiques les plus chères à l’être humain. Car les bijoux accompagnent toutes les cultures humaines, à toutes les époques. Ils ont toujours représenté de hautes valeurs symboliques. Ils expriment l’intemporalité, la pérennité. Chez Cartier, nous avons tous une forte conscience de la dimension artistique et éthique de l’artisanat, même si nous sommes aussi – il faut bien vivre – une entreprise commerciale.

Voyez-vous d’autres valeurs consubstantielles à Cartier ?

Oui, l’audace, par exemple. Et cela non seulement en matière de création mais aussi dans la manière que nous avons de nous développer. J’insiste beaucoup également sur l’universalité et l’ouverture aux cultures du monde entier. Tout cela est en rapport avec notre expansion au début du siècle dernier. Les frères Cartier ont voyagé partout et se sont imprégnés d’une foule de choses. Mieux : ils l’ont fait intelligemment, sans jamais chercher à s’approprier et à hiérarchiser lesdites cultures. Cela n’a rien à voir avec l’exotisme, mot que je déteste ; au contraire, c’est lié à une compréhension fondamentale des symboles, des matériaux, des couleurs de chaque objet et au respect de la figuration de chacun d’entre eux. À travers Cartier, c’est l’histoire de l’art de nombreuses civilisations qui s’exprime. Cette profondeur, on la recherche toujours aujourd’hui.

Pensez-vous que tous les clients de Cartier la perçoivent ?

Certainement pas, mais ce n’est pas grave. De toute façon, en la matière, il y a toujours plusieurs niveaux de lecture.

Vous vous occupez également du patrimoine de Cartier. De quoi s’agit-il ?

Chez Cartier, dès le début, nous avons compris l’importance du patrimoine. Mais ce n’est que depuis les années 1970 que la Maison a vraiment mis en place une véritable politique de classement des archives et de conservation des objets. À partir de là, nous avons pu définir une feuille de route. Un peu plus tard, dès le milieu des années 1980, il a été décidé de bâtir une véritable collection et de racheter, le cas échéant, certains objets. L’idée est de mettre en valeur la continuité de la « création maison », de tirer un fil rouge entre le passé, le présent et le futur. Cette collection compte aujourd’hui quelque 1’400 pièces. Elle est donc vraiment mature et désormais presque complète.

Que voulez-vous en faire ? Un musée ?

Surtout pas ! En tout cas pas un musée fixe. Comme vous le savez, notre volonté est de la partager avec le plus grand nombre, sur tous les continents, au travers d’expositions itinérantes que nous mettons sur pied dans des lieux emblématiques comme la Cité interdite de Pékin ou le château de Prague. C’est beaucoup plus intéressant ainsi, car cela nous permet de la renouveler en permanence, en tenant compte de l’avis, de la vision et de la culture des partenaires avec qui nous travaillons. C’est passionnant : chaque fois, nous voyons ces merveilleux objets sous un angle nouveau.

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