Les modestes artisans d’autrefois sont devenus aujourd’hui des marques mondiales. Malheureusement, sous cette écorce de grand luxe, la vermine prolifère: la région est aujourd’hui gangrenée par la contrefaçon. Comment en est-on arrivé là ? L’explication complexe, mélangeant les facteurs démographique, économique, historique et culturel, mériterait sans doute une dissertation soigneuse, ce qui n’est pas notre propos.
Dans les faits, les investigations menées il y a trois ans avaient démontré l’implication de la diaspora chinoise, très présente en Toscane dans tous les secteurs de production de biens contrefaits. La vaste opération policière conduite alors avait permis l’arrestation de plusieurs ressortissants chinois et le démantèlement de plusieurs ateliers clandestins. On dit volontiers que la nature a horreur du vide. On pourrait dire de même des contrefacteurs, de sorte que les places devenues vacantes ont vite été repourvues. Pas de repos donc pour les hommes de la Guardia di Finanza qui restent mobilisés et motivés. Dans leurs investigations, ils disposent maintenant d’un avantage déterminant: ils comprennent bien mieux le fonctionnement des réseaux clandestins. A force, ils vont bientôt parler chinois.
C’est ainsi que, le 11 juillet dernier, au terme d’une enquête rondement menée, le procureur de la République a diligenté une nouvelle opération musclée dans le périmètre s’étendant de Prato à Empoli. Les chefs d’ateliers, huit ressortissants chinois, ont été appréhendés. Quant à la marchandise mise sous séquestre, dispersée sur plusieurs sites, elle impressionne par les quantités. S’agissant des produits horlogers, plus de 600’000 composants ont été saisis, parmi lesquels 15’000 montres terminées en attente de livraison. 21 marques suisses sont concernées par le séquestre, avec 2’700 montres terminées pour la marque la mieux représentée. On relève encore dans l’inventaire une centaine de poinçons et plaques à noms.
Le 26 août dernier, le responsable du Service anti-contrefaçon de la FH s’est rendu sur place pour procéder aux premières expertises commandées par le Dr Egidio Celano, procureur de la République en charge de l’affaire. Un dossier photographique a également été réalisé à cette occasion, de manière à pouvoir constituer le rapport d’expertise auquel toutes les marques concernées pourront avoir accès dès qu’il aura été acheminé aux Autorités italiennes. Comme toujours, le volet juridique qui s’ouvre maintenant s’étalera sur plusieurs mois, en attendant un jugement dans les deux ans. Et pendant ce temps, probablement pas très loin, d’autres ateliers s’organisent déjà, c’est une certitude.
Article paru dans la Revue FH