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Bal des débutantes à Londres – Ferdinand Berthoud
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Bal des débutantes à Londres – Ferdinand Berthoud

mercredi, 9 décembre 2015
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Deux nouvelles marques ont choisi le Salon QP de Londres pour faire leur première apparition publique. Et toutes deux redonnent vie à une figure marquante de l’histoire horlogère : Ferdinand Berthoud, horloger mécanicien du roi de France au XVIIIe siècle, et Franciszek Czapek, horloger polonais fondateur en 1839 à Genève de Patek, Czapek & Cie. Place à Ferdinand Berthoud.

Quand le coprésident de Chopard veut autant prendre ses désirs pour des réalités. Le cheminement suivi par la Maison vers le statut de manufacture de Haute Horlogerie en dit suffisamment long sur les objectifs qui l’animent. Loin des coups d’éclat mais avec une ténacité qui tient à l’entêtement, Karl-Friedrich Scheufele sait en effet comment forger le destin d’une marque. Et il y a fort à parier qu’il en sera exactement de même avec Ferdinand Berthoud, un nom qui fait sa réapparition sur le marché depuis quelques semaines. Dans le registre des présentations, tout a commencé à Paris en septembre dernier lorsque les responsables de la marque ont levé le voile sur la FB1, premier modèle estampillé Ferdinand Berthoud. Rien de fortuit dans le choix de la Ville Lumière, c’est en effet à Paris au XVIIe siècle que cet horloger suisse du Val-de-Travers (Neuchâtel) a connu l’estime de ses pairs comme des têtes couronnées et un succès certain auprès des navigateurs au long cours.

C’est en 1745, à l’âge de 18 ans, que Ferdinand Berthoud débarque sur les bords de la Seine. Le jeune homme a le talent précoce pour être nommé maître horloger à 26 ans à peine. Quelque sept ans plus tard, il publie son premier opus, L’Art de conduire et de régler les pendules et les montres. Une telle expertise ne pouvait toutefois rester sans grand œuvre à servir. Qu’à cela ne tienne. L’ère est aux grandes explorations scientifiques et la gent navale n’a toujours pas de moyens fiables à disposition pour le calcul des longitudes devant nécessairement passer par un chronomètre de marine précis et fiable. Ferdinand Berthoud, tout comme Pierre Le Roy en France, George Graham ou Thomas Mudge en Angleterre, se met de la partie pour réaliser un tel instrument.

Le savoir-faire de Ferdinand Berthoud lui a valu d’être nommé horloger mécanicien du roi Louis XV.
Chopard, manufacture de l’ombre

La nécessité de disposer à bord d’un « outil » de mesure du temps capable de résister à la navigation en haute mer était d’ailleurs devenue à ce point criante que la couronne britannique n’avait pas hésité à lancer un concours devant récompenser le plus ingénieux des chronométriers. Si c’est finalement John Harrison qui a remporté la palme en 1773, le savoir-faire de Ferdinand Berthoud dans la conception d’horloges de marine, sans oublier ses montres de poche et régulateurs, lui a valu une réputation de tout premier plan. Sa science de la mesure du temps, dûment exposée dans plusieurs ouvrages, va ainsi lui permettre d’entrer à la Royal Society de Londres en tant que membre associé étranger, pour être ensuite nommé en 1770 horloger mécanicien du roi Louis XV, avant d’être fait chevalier de la légion d’honneur par Napoléon en 1804, trois ans avant sa mort.

Lorsque Karl-Friedrich Scheufele s’est mis à « chiner » dans l’univers des garde-temps anciens avec comme objectif d’ouvrir le Luceum, espace muséal dans la Manufacture Chopard à Fleurier, il a rapidement fait la rencontre de Ferdinand Berthoud. Et la magie opère immédiatement. Aussi, quand Karl-Friedrich Scheufele apprend en 2006 que le nom même de l’horloger est à vendre, n’hésite-t-il pas une minute. L’acquisition ne restera pas secrète très longtemps si bien que l’on prête rapidement à cet amoureux de la mécanique toutes sortes de projets. D’autant que les années passent et qu’aucune Ferdinand Berthoud « Made by Chopard » ne pointe à l’horizon. C’est qu’à son habitude le patron horloger a des visées bien précises. Et tant qu’à les réaliser, autant le faire sans précipitation mais dans ce souci d’excellence qui le caractérise. Pas question donc de mélanger les genres. Si une Ferdinand Berthoud doit bel et bien voir le jour, ce sera sous le nom unique de l’horloger, avec des équipes dédiées et une démarche originale, à ne pas confondre avec l’univers Chopard. Commence ainsi la constitution d’une équipe forte de ses designer, constructeurs, horlogers et responsable marketing, soit une petite dizaine de personnes chargées de faire revivre l’esprit Berthoud dans des pièces contemporaines. Inutile de dire que, sans Chopard, aucune Ferdinand Berthoud n’aurait probablement vu le jour. Mais en l’occurrence, on pourrait presque parler d’une « manufacture de l’ombre ».

La FB1 est un garde-temps qui évoque l’architecture horlogère et l’esprit du siècle des Lumières.
Quatre dépôts de brevet sur la FB1

« Notre réflexion consistait à se demander ce qu’aurait pu faire Ferdinand Berthoud s’il avait vécu à notre siècle, expose Guy Bove, Directeur de création. C’est donc son côté ingénieur qui devait être exploité et son expertise reconnue à l’époque dans la conception de chronomètres de marine. En un mot, je dirais que nous recherchions à réaliser une mécanique à la fois technique et élégante, précise, puisqu’elle répond aux exigences du COSC, et sans complication extrême qui est du ressort des mouvements L.U.C. » La FB1 est tout cela à la fois : un garde-temps qui évoque l’esprit et l’architecture horlogère du siècle des Lumières avec son boîtier boulonné de forme hexagonale doté de quatre hublots étanches sur la carrure et cadran rond satiné évoquant une pièce d’atelier. Le soin du détail a été jusqu’à créer une nouvelle police de caractère propre à Ferdinand Berthoud.

Côté mouvement, c’est une construction avec platine à piliers et système de transmission fusée-chaînes suspendu, une première, qui a été retenue pour sa conformité aux calibres de l’époque. Les 1 120 composants, dont 800 uniquement pour la chaîne, animent les aiguilles des heures et minutes sur un cadran décentré ; la seconde reste au centre comme dans les régulateurs historiques ; la réserve de marche, imaginée via un cône avec palpeur comme dans l’horlogerie allemande du XVIIe siècle, prend position à 9 h du cadran, cadran lui-même ajouré au centre pour offrir une vue plongeante sur un tourbillon à grand balancier. Quatre brevets ont été déposés sur ce mouvement à remontage manuel FB-T.FC, qui aura nécessité trois ans de développement. Une centaine de pièces en or gris et or rose seront réalisées au rythme des capacités de production de 20 montres par année. Quant au réseau de vente, une dizaine de détaillants ont été retenus de par le monde, tous totalement étrangers à Chopard. Mais seront-ils seulement sollicités ? Pour l’instant, les FB1, dont les premières seront livrées avant Noël, sont déjà prévendues. Faudra-t-il attendre la FB2 dans deux ans pour éventuellement l’admirer en vitrine ?

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