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Ballet de tourbillons chez Antoine Preziuso
Baselworld

Ballet de tourbillons chez Antoine Preziuso

jeudi, 19 mars 2015
Par Marco Cattaneo
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Marco Cattaneo

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5 min de lecture

L’horloger genevois propose une chorégraphie mécanique en installant trois tourbillons qui entrent en résonnance sur un plateau tournant.

Trois tourbillons tournant sur leur axe, installés sur un plateau qui tourne lui aussi, le tout entraîné par un triple différentiel planétaire : c’est à une véritable chorégraphie mécanique qu’Antoine Preziuso nous convie en présentant lors de Baselworld 2015 son  » Tourbillon des Tourbillons « .

On peut évidemment s’interroger sur le sens de cette prouesse, sur l’utilité qu’il y a à entasser les complications. Pourquoi multiplier ainsi les tourbillons ? Soyons honnêtes, la réponse tient en cinq mots : pour la beauté du geste.  » Pensez à l’automobile « , lance Antoine Preziuso avec une véhémence où l’enthousiasme latin se mêle à un brin de mauvaise foi.  » Les premiers moteurs étaient des monocylindres, et puis on s’est demandé pourquoi ne pas en mettre deux, trois, davantage ?  » En défendant sa création, il se lance dans une véritable déclaration d’amour à cette complication mythique :  » le tourbillon, c’est un exploit horloger, la quintessence d’un savoir-faire, un véritable aboutissement !  » C’est cela au fond qui l’a guidé, l’amour de l’art, bien plus que la quête de la précision. Il sait bien que la mécanique ne rivalisera plus avec le moindre smartphone vendu pour un franc par les opérateurs de téléphonie mobile, et qui se synchronise en continu dans la poche de son propriétaire. Preuve que la précision n’a ici qu’une vocation poétique, quand bien même elle est absolue, le cadran comme la lunette sont dépourvus d’index.

Plus grande invention de ce dernier siècle.

Le Tourbillon des Tourbillons est donc un rêve d’artisan, une espèce d’ode à la maîtrise horlogère, une pièce dont la genèse aura duré plus de dix ans, protégée par trois brevets, oubliée dans un tiroir après un premier prototype en 2004, réveillée par son fils Florian et finalement produite. Une montre que le dossier de presse qualifie sans trop de modestie de  » plus grande invention de ce dernier siècle  » ! Et pourtant, il n’y a pas une once de prétention chez l’horloger genevois qui nous reçoit dans son atelier, installé au cœur de la campagne genevoise. Juste une passion dévorante pour son métier et l’envie de raconter cette montre fascinante jusque dans ses moindres détails.

Toutes les facettes d'une existence

L’idée est donc née il y a plus de dix ans, sur les bords de la Mer rouge. Antoine Preziuso regarde les petites nacelles d’un carrousel de plage. Elles tournent sur elles-mêmes, fixées sur un plateau qui tourne lui aussi. Assis sur le sable de ce coin d’Egypte, il griffonne aussitôt ses premières esquisses :  » C’était le début des années 2000, les années tourbillon ! Je voulais faire un double ou triple régulateur sur un cadran qui tourne sur lui-même « , se souvient-il. En 2004, il dépose ses demandes de brevet qu’il ne décrochera qu’en 2011, et un premier prototype voit le jour. Trois tourbillons tournent dans une cage à six heures, logée dans une boîte imposante de 52 millimètres. Il le baptise 3volution, un clin d’œil à Frank Muller avec qui il a partagé ses années de formation à l’école d’horlogerie, et qui vient de lancer le tourbillon tri-axial de son Evolution 3. Mais il trouve son boîtier trop gros et pense donc à déplacer le mécanisme au centre du cadran. Pour y parvenir, il lui faut un différentiel :  » C’est la partie la plus compliquée, comment distribuer une énergie constante du double barillet aux trois tourbillons. Que les trois aient la même énergie, en même temps, et délivrée par le centre « . Cette même année, en 2004, il crée les premières maquettes de son futur différentiel à l’aide d’une imprimante 3D.

 

Tourbillon of Tourbillon © Antoine Preziuso

Retraçant la genèse de sa pièce, il se promène sur son écran d’ordinateur où se mêlent dans un désordre créatif toute les facettes de son existence : on aperçoit une vue 3D de son triple tourbillon, une photo de dégâts des eaux dans sa salle de bains qu’il doit encore envoyer à son assurance, des croquis de décor pour un pont et un balancier, des photos de son fils Florian avec qui il collabore si volontiers.  » Il n’y a rien de plus difficile que de dessiner un différentiel, reprend-il. C’est une multiplication de calculs, un mélange d’algèbre et de physique ; nous n’avons d’ailleurs pas trouvé de programme informatique capable d’en faire tourner une animation.  » Manipulant une maquette dont les pièces ont été usinées sur une CNC, il en révèle la complexité :  » Il fallait calculer les vitesses de rotation, s’assurer qu’un tourbillon puisse s’arrêter sans que les deux autres n’en soient affectés.  » Il résout les problèmes un à un jusqu’à loger au cœur de son différentiel ce qu’il revendique être le plus petit roulement à billes du monde : à peine 1,6 millimètres de diamètre ! La montre compte six roulements à bille au total, dont un immense qui entraîne le plateau tout autour des 45 millimètres de la boîte.

Chaque tourbillon tourne sur son axe en soixante secondes et entre en résonnance avec ses voisins, oscillant ainsi à une fréquence stable et identique. Le plateau, lui, fait un tour complet en dix minutes. Antoine Preziuso aurait préféré trois pour que le ballet mécanique soit encore plus apparent, mais la réserve de marche – aujourd’hui d’une cinquantaine d’heures – en aurait trop souffert. Il faut parfois faire quelques compromis en pourchassant ses rêves.

Article paru dans le WtheJournal.com

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