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Baselworld vs. SIHH : à qui profite le crime ?
Points de vue

Baselworld vs. SIHH : à qui profite le crime ?

mardi, 5 juin 2018
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Franco Cologni
Président du Comité Culturel de la FHH

“Le talent nécessite toujours de l’effort, de l’engagement, des heures passées à perfectionner un geste qui devient, jour après jour, un don.”

Entrepreneur dans l’âme, Franco Cologni, pourtant homme de lettres, s’est rapidement lancé dans les affaires pour devenir un personnage clé du groupe Richemont.

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5 min de lecture

Je lis de-ci de-là que tout le monde s’ingénie à opposer Baselworld et le SIHH, comme si ces deux belles initiatives étaient nécessairement opposées et opposables… Or cela fait 28 ans que ces deux événements cohabitent en bonne intelligence, chacun ayant « presque » trouvé son offre et son public. C’est ce « presque » que nous devons tenter de comprendre.

Ce qui se passe aujourd’hui à Bâle n’est pas une révolution, c’est juste une évolution nécessaire et indispensable qui, certainement, aurait dû être entreprise plus tôt. Mais ne cherchons pas les responsabilités, on est toujours plus intelligent après. En préambule, je voudrais dire que tout change et que la seule chose permanente c’est l’impermanence des choses, des gens, des situations. C’est pourquoi, depuis toujours, je me suis astreint, et j’ai astreint mes collaborateurs, à l’exercice souvent risqué de la prévision, de l’anticipation. Dès 1991, sous l’égide d’Alain-Dominique Perrin, nous avons créé le premier Salon International de la Haute Horlogerie, car nous avions compris qu’il s’agissait là d’un périmètre particulier, avec des valeurs et des exigences très fortes, et que cet univers méritait bien son Salon spécialement dédié, à Genève, berceau de la Haute Horlogerie.

Puis ce fut justement le boom de la Haute Horlogerie et sa surenchère de créativité, d’innovation et de prix parfois délirants. C’est pourquoi, là encore avec mes collègues et amis Jasmine Audemars et feu Luigi Macaluso, nous avons fondé la Fondation de la Haute Horlogerie (FHH) en 2005, pour justement préserver et promouvoir ces savoir-faire spécifiques de la Haute Horlogerie dans le monde. Car qui mieux que les horlogers eux-mêmes pourraient exprimer et transmettre ces connaissances à la fois ancestrales et d’une modernité surprenante ? C’est parce que nous avions pressenti qu’il était essentiel de transmettre la culture de la Haute Horlogerie que nous avons développé avec la FHH des expositions, des conférences, des outils digitaux, des programmes de formation et de certification permettant de porter haut et fort le message de la Haute Horlogerie dans le monde et d’en accroître la désirabilité sur les cinq continents.

Changement de modèle

La crise financière mondiale de 2008 a marqué les esprits et toute l’industrie horlogère suisse s’est remise en question pour amorcer un changement de son modèle d’affaires. Nous avons fait de même avec le SIHH, qui a anticipé ses dates pour se positionner en début d’année, donnant ainsi le « la » des tendances horlogères de l’année et permettant une gestion plus efficace des cycles de fabrication et de distribution des produits.

En 2016, le carré des horlogers voyait le jour qui réunissait pour la première fois « la fine fleur » des maîtres horlogers et des ateliers de créateurs indépendants. Cette initiative, longtemps poussée par la FHH et diversement appuyée, a apporté un véritable vent de fraîcheur au Salon, mettant à l’honneur la créativité, l’innovation et l’audace de cette nouvelle vague horlogère. Ces dernières années ont vu des mutations profondes se confirmer : transformation radicale de distribution horlogère avec la « retailisation », la « désintermédiation », l’e-commerce mais aussi l’apparition de nouveaux médias, de nouveaux prescripteurs, nécessitant une adaptation permanente du Salon et de la FHH à ces nouvelles exigences et attentes des Maisons exposantes au Salon et/ou partenaires de la FHH.

Avec la transformation digitale qui va marquer la prochaine décennie, il faut néanmoins s’attendre à des mutations plus importantes encore. Le SIHH se doit d’accompagner cette transformation et se profile désormais comme LA vitrine internationale de la Haute Horlogerie dans le monde, rassemblant les professionnels, les collectionneurs, les amateurs et autres clients, ainsi que les médias et les influenceurs. Le SIHH s’affirme comme le « Davos de la Haute Horlogerie », producteur et diffuseur de contenus, là où les tendances se font et se défont, là où les choses importantes se passent. Et n’en déplaise à certains, nous pensons que c’est à Genève que la Haute Horlogerie est née et doit se perpétuer.

Puisque je suis aujourd’hui sorti des « affaires » et que mon grand âge semble m’octroyer une certaine distance et donc un peu plus de sagesse, je pense très dommageable d’opposer Baselworld et le SIHH. Il s’agit là de deux événements complémentaires qui peuvent coexister si chacun prend et tient son rôle et son territoire : Bâle sur le Rhin et Genève sur le Rhône, des fleuves de sources et de destinations différentes.

À bon entendeur, salut.

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