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Belles Montres ou l’art d’accommoder les restes
Expositions

Belles Montres ou l’art d’accommoder les restes

vendredi, 4 décembre 2015
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Vincent Daveau
Journaliste, horloger constructeur et historien diplômé

“Une heure de retard d’une jolie femme, c’est son quart d’heure d’avance. ”

Sacha Guitry

« La passion est le sel de la vie ! »

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5 min de lecture

Du 26 au 29 novembre à Paris, le Salon Belles Montres, intégré au Salon de l’Homme, ouvrait ses portes dans une ambiance tendue mais avec l’espoir d’un renouveau et d’une nouvelle dynamique. Analyse de terrain !

Les récents événements tragiques qui ont endeuillé la Ville Lumière laissaient planer un doute quant au bon déroulement du Salon Belles Montres, qui ouvrait ses portes à un public choisi,  le jeudi 26 novembre au soir, pour un cocktail d’inauguration. Les fans d’horlogerie et de mode masculine attendaient bien ce rendez-vous à la portée cathartique pour conjurer le mauvais sort qui semble toucher tous les protagonistes du luxe à l’approche des fêtes de Noël. Aussi ne fallait-il pas les décevoir : la grand-messe était ainsi maintenue, pratiquement à huis clos !

Si l’idée d’associer mode et montres de luxe avait du sens, le calvaire ne faisait que commencer.
Présent à l’insu de son plein gré

Agglutiné à l’entrée dès le soir venu, le public, constitué de professionnels, blogueurs et invités privilégiés des marques, entendait bien communier dans la liesse et le champagne pour oublier les heures sombres qui avaient récemment endeuillé la capitale. Sur le papier, l’idée d’associer montres de luxe et univers masculin avait du sens. Nombreux étaient donc ceux qui, attirés par le concept, voulaient, comme saint Thomas, le toucher du doigt. Le calvaire ne faisait pourtant que commencer. Pour pénétrer dans le Saint des Saints et après avoir vidé son cartable et ses poches, encore fallait-il régler quelques émoluments en se présentant au premier stand, à savoir « La Caisse ». Comme si les organisateurs avaient manqué de liquidités pour « offrir » le liquide à bulle !

On dit souvent que la première impression est la bonne. Après un rapide tour d’horizon, cette maxime populaire devait une nouvelle fois s’avérer. De prime abord, le concept même de Belles Montres, celui-là même mis en place il y a neuf ans par Alain Faust et repris en 2014 par le magazine Le Point, semblait être resté le même. Le découpage de l’espace paraissait plus ou moins identique, tout comme les codes graphiques. Certains détails n’ont toutefois pas manqué de provoquer un haussement de sourcil chez les amateurs d’horlogerie. On ne peut simplement se contenter de reproduire annuellement les mêmes pérégrinations sous prétexte qu’il s’agit d’une sorte de pèlerinage. Dans le cas présent, il a suffi d’un coup d’œil pour voir que l’espace dédié à la mesure du temps avait été amputé de plus de moitié. Dès lors, les marques horlogères présentes et venues de leur plein gré ont raisonnablement pu se demander avant même la soirée d’inauguration si elles avaient bien lu le plan d’occupation des lieux.

Faisons mauvaise fortune bon cœur, telle était bien l’humeur des patrons de marque.
Conclure sur un malentendu

Faisons mauvaise fortune bon cœur. Telle était bien l’humeur des patrons de marque venus en ce premier soir prendre le pouls de la manifestation, qui, soyons honnêtes, ne souffre d’aucune manière la comparaison avec le Salon International de la Haute Horlogerie ou Baselworld. Seulement voilà, Paris est la capitale du luxe. Réunir la fine fleur horlogère à l’approche de Noël avait donc du sens, surtout dans un contexte où l’économie du secteur, longtemps très porteuse, est en train de décliner. Bref, tous les indicateurs étaient au vert pour faire de ce salon rajeuni un moment particulièrement festif. N’étaient-ce les ratés à répétition qui n’ont pas manqué de faire monter la moutarde au nez des visiteurs. Évacuons pourtant la désastreuse organisation du cocktail du jeudi où rien n’a été fait, aux dires des participants, conformément à ce qui avait été établi ; oublions l’absence de fréquentation flagrante du vendredi soir au dimanche pour se concentrer sur les faits.

On aurait certes pu s’attendre à ce que les amateurs venus pour l’un ou l’autre des deux univers enrichissent de leur présence l’ensemble des stands réunis sous la même bannière du luxe. En réalité, et faute d’avoir créé une vraie dynamique, les deux mondes se sont pratiquement tourné le dos. Les hipsters, gagnés à la mode du « tout connecté », n’ont fait qu’un discret survol des stands des horlogers et les aficionados de belle horlogerie se sont contentés de modestes incursions chez les voisins, spécialistes des cravates, chaussures, voitures de sport et autres produits hi-fi.

Ce Salon démontre combien lassitude et habitude sont les pires ennemis du temps qui passe.

De cette affaire, comme dans les fables de La Fontaine, on retiendra la morale : le Salon Belles Montres démontre combien la lassitude et l’habitude sont les pires ennemis du temps qui passe. Les réactions critiques des passionnés et les ratés en cascade sont la preuve que ce format – délibérément racoleur ou fédérateur, c’est selon – n’est plus adapté à la clientèle ou à l’époque qui est la nôtre. La conjoncture ne fait pas de ce salon un mauvais rendez-vous. La question qui se pose est donc bien celle de savoir si, à ce jour, il a encore lieu d’être…

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