Nous saurons dans quelques mois si 2014 va dans le même sens ou si le marché de l’art, à l’instar de celui du luxe, connaîtra un certain ralentissement de sa croissance. Mais il semble que les prémisses de bon augure soient bien présentes : la 27e Biennale des Antiquaires, organisée du 11 au 21 septembre au Grand Palais à Paris, donne à coup sûr une des meilleures indications qui soient sur l’investissement dans le secteur, une manifestation susceptible même d’avoir des répercussions sur la tenue du marché dans son ensemble.
Rares sont les rendez-vous mondiaux à avoir une aussi grande importance que la Biennale des Antiquaires : pour la réalisation et la promotion de cette magnifique foire-exposition – qui peut vraiment être considérée comme un musée temporaire extraordinaire de par la splendeur des pièces exposées et le prestige des personnes présentes –, Paris et la France déploient la puissance de feu d’un « méta-district » du luxe. Quant à savoir si les ventes marcheront aussi bien…
Si l’unique critère était l’émotion, les galeries épuiseraient leurs stocks : parmi les stands dessinés par Jacques Grange et inspirés des jardins de Versailles, on a vu des chefs-d’œuvre propres à toucher les esprits les plus arides. Du précieux échiquier de Jacques VI d’Écosse aux manuscrits de Baudelaire, des peintures flamandes à couper le souffle à Picasso, Renoir et Pissarro… et les bijoux, bien sûr, le meilleur de la joaillerie mondiale s’est donné rendez-vous au Grand Palais, tissant un dialogue entre l’ancien et le moderne, entre pièces « vintage » qui n’ont rien perdu de leur éclat et créations modernes. Parmi ces dernières, celles très attendues de Giampiero Bodino, artiste, designer, joaillier et auteur de tant d’icônes à succès qui expose pour la première fois dans le cadre prestigieux de la Biennale.
Mais la passion, l’émotion et l’enthousiasme ne sont hélas pas les uniques critères qui suscitent les achats : pour trivial qu’il soit, l’argent aussi a son importance. La beauté des œuvres exposées saura-t-elle encore séduire les collectionneurs ? Et ces collectionneurs, de quelles ressources disposent-ils encore pour investir dans l’art ? Est-ce le bon moment pour se lancer ? La règle d’or est d’investir dans le beau, dans le durable, dans le solide, dans le non-éphémère, dans ce qui a une valeur esthétique et historique inattaquable. Et il y a, sous les voûtes du Grand Palais, tant de propositions qui vont dans ce sens.
Le succès de la Biennale des Antiquaires sera fondamental pour déterminer la santé du marché de l’art et de l’inclination à collectionner. Un secteur qui est naturellement étroitement lié à la Haute Horlogerie, aussi technique que précieuse. Attendons donc la conclusion pour savoir s’il faut pousser un « ouf ! » de soulagement ou attendre des temps meilleurs.