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Breitling change de mains
Economie

Breitling change de mains

lundi, 1 mai 2017
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

Le plus gros fonds d’investissement européen CVC Capital Partners rachète Breitling pour un montant estimé à 800 millions d’euros. La famille Schneider, propriétaire de la marque depuis 1979, conserve 20 % du capital. Soumise à l’approbation, la transaction sera effective en juin.

Dans le secteur horloger, depuis quelques années, ce ne sont pas les feuilles mortes qui se ramassent à la pelle mais bien ces pépites qui ont si farouchement lutté pour leur indépendance. Un simple coup d’œil sur le registre des fusions-acquisitions du secteur montre bien que même les plus obstinées finissent par rendre les armes. Et, généralement, pour des problèmes de succession. Quelques exemples récents ? À la suite du décès de Luigi Macaluso, grand artisan du retour de Girard-Perregaux sur le devant de la scène, la société qu’il avait acquise en 1992 passe dans le giron de Kering en 2011. Même scénario avec Ulysse Nardin trois ans plus tard. Le décès de Rolf Schnyder, repreneur de la Maison en 1983, offre une nouvelle opportunité à Kering de renforcer son pôle horloger. La multinationale avale Ulysse Nardin en 2014. Plus récemment, c’était au tour de Peter et Aletta Stas, fondateurs de Frédérique Constant en 1988, d’expliquer la revente de leur société à Citizen l’an dernier par le fait qu’aucune solution familiale n’était en vue dans le but de pérenniser l’entreprise. Pour les groupes horlogers toujours en embuscade, il suffit d’attendre que les fruits soient suffisamment mûrs.

Skyracer Mika Brageot
Une société saine

Aujourd’hui, ce n’est pas un groupe horloger qui s’est porté acquéreur de Breitling mais un fonds d’investissement, CVC Capital Partners, le plus important d’Europe pour gérer un portefeuille évalué à 71 milliards de dollars investis dans une cinquantaine de sociétés à travers la planète qui emploient quelque 350 000 personnes dans des secteurs aussi divers que les logiciels informatiques, les infrastructures ferroviaires ou encore la loterie. Mais si le nouveau propriétaire de Breitling ne porte pas de casquette horlogère, les raisons du rachat semblent encore une fois les mêmes. En 1979, au bord du dépôt de bilan, la Maison Breitling est reprise par Ernest Schneider. Homme d’affaires avisé, il réussit le tour de force de remettre la Maison sur les rails, ou plutôt dans les airs étant donné la position incontournable qu’occupe désormais la marque dans l’univers aéronautique avec ses chronographes de légende que sont notamment la Navitimer et la Chronomat. À la suite de son décès, en mai 2015, l’entreprise passe aux mains de ses trois enfants, dont Théodore, qui reprend les commandes de Breitling. Se pose alors la question d’une indemnisation des deux autres enfants, en sachant que la Maison est valorisée entre 800 millions et 1 milliard de francs étant donné sa bonne santé et, surtout, sa faible dépendance des marchés asiatiques, un atout certain ces 20 derniers mois. Breitling est en effet une société au chiffre d’affaires de l’ordre de 400 millions de francs sur la base d’une production annuelle de 150 000 pièces. Une valorisation à un peu plus de deux fois les ventes semble tout à fait réaliste.

Breitling Superocean II 44
Breitling Superocean II 44
« Un bon partenaire »

Cette situation explique probablement les rumeurs qui ont circulé depuis des mois sur un probable rachat de Breitling. Rumeurs d’autant plus persistantes que personne n’ignorait qu’une banque d’affaires de la place avait été saisie du dossier. On parlait alors d’un montant de 400 millions nécessaire pour une juste compensation familiale. Finalement, selon l’agence Bloomberg, la transaction qui voit CVC Capital Partners se porter acquéreur de 80 % de Breitling valorise la société à quelque 800 millions d’euros. Théodore Schneider, quant à lui, reste propriétaire des 20 % restants. « Je suis convaincu que CVC est le bon partenaire pour emmener Breitling au niveau supérieur, a-t-il commenté à l’annonce du rachat. L’expertise, l’historique et le réseau international de CVC vont aider Breitling à révéler tout son potentiel. » Encore soumise à l’approbation des autorités de la concurrence, cette acquisition devrait être finalisée en juin prochain. À l’évidence, la Maison horlogère devrait en effet profiter des réseaux de son nouvel acquéreur, tout en gardant les mêmes instances dirigeantes mais sans les fameuses synergies dont toute acquisition est censée profiter. La question qui se pose toutefois est bien celle de savoir si Breitling ne va pas rejoindre tôt ou tard une des grandes multinationales du secteur. Les fonds d’investissement n’ont en effet pas pour rôle de jouer les substituts familiaux mais bien de valoriser leurs « cibles » pour mieux les revendre. La pépite Breitling n’a pas fini de briller.

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