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Cap sur la lunette
Actualités

Cap sur la lunette

mardi, 9 février 2016
Par Louis Nardin
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Louis Nardin
Journaliste et consultant

“De l’audace, toujours de l’audace.”

Georges Jacques Danton

« Une montre de qualité concentre de la créativité, des compétences techniques et scientifiques rares, des gestes anciens. Elle touche au désir d’être unique, de se distinguer, d’afficher un savoir, une puissance, un goût. Une montre raconte plusieurs histoires à la fois, dont les détails et les secrets font la saveur. »

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7 min de lecture

Assignée au style ou à la technique, la lunette servait avant tout à relier efficacement la glace au boîtier. Composant toujours incontournable, elle a évolué et assume désormais des rôles très divers, jusqu’à celui de pare-chocs éjectable.

Elle sert d’ancrage, signe un design, brille de pierres précieuses et peut même absorber l’énergie cinétique d’une chute en se détachant pour protéger la montre, comme sur la nouvelle Inox de Victorinox. La lunette – fixe – d’une montre-bracelet a de quoi faire la différence. Par « lunette », on désigne ce cadre qui se superpose au boîter et dans lequel vient généralement se loger la glace. Elle ne doit donc pas être confondue avec le rehaut, composant intérieur cette fois qui fait la jonction entre le bord du cadran et la carrure. Sur les montres de poche déjà, la lunette enserrait le verre protecteur. Dans certains cas, elle se soulevait grâce à une petite charnière pour autoriser la mise à l’heure. Le passage à la montre-bracelet et à ses conditions de vie plus rudes a toutefois obligé les horlogers à revoir leur copie. Elle devait désormais tenir bien en place, résister aux chocs et garantir l’étanchéité. En même temps, on lui trouve de nouveaux avantages comme celui de porter des échelles de temps ou de mesure lorsque le cadran regorge déjà d’indications. Par la suite, la lunette deviendra aussi mobile, assumant une fonction supplémentaire notamment dans le cadre de la plongée sous-marine. Mais c’est une autre histoire. La lunette fixe, elle, va suivre son propre chemin.

En 1926, Rolex développe une construction où la lunette vient se visser dans la carrure pour améliorer l’étanchéité.
Protéger le cœur

Les cannelures visibles sur les Rolex actuelles ont un passé bientôt centenaire. En 1926, la marque à la couronne développe en effet une construction où la lunette vient se visser dans la carrure pour améliorer l’étanchéité. Pour garantir la prise d’un outil spécialement prévu à cet effet, des crans sont ainsi taillés dans la lunette. Depuis, ces crans sont devenus un marqueur visuel bien connu. À l’époque, la glace était solidaire de la lunette soit par collage soit par chassage. Mais pour mieux isoler le cœur de la montre, Rolex va imaginer une nouvelle architecture rendue possible par l’avènement des verres en Plexiglas, un matériau permettant des formes nettement plus complexes, impossibles à réaliser auparavant. Désormais, un bord vertical descend sur le pourtour et vient s’enfoncer le long de la carrure à l’intérieur. Appelés verres « cheminée » ou « glassbox », ils appuient d’autant plus fort sur la carrure que la pression augmente. Les filetages n’allaient toutefois pas disparaître pour autant.

Vis d’apparat

Les vis sont des alliées régulières de la lunette. Cartier y recourt très vite, sur la Santos par exemple, qui en est toujours pourvue. Elles représentent une option pour fixer la lunette, et le plus souvent le fond, sur le boîtier. De fait, plusieurs systèmes de fixation sont apparus au fil du temps pour maintenir fonds et lunettes, les deux autres principaux étant le clipage et le serrage via un filetage sur le pourtour intérieur de la carrure. Suivant les quantités à produire, l’outillage à disposition et le niveau de précision, on recourt à l’une des trois méthodes.

La vis peut aussi cacher son jeu et se transformer en composant esthétique de base. La Royal Oak d’Audemars Piguet en est la preuve avec ses vis à tête hexagonale décoratives puisque maintenues par le dessous. Comment en effet faire tourner une tête de vis angulaire dans une cavité ayant la même forme ? Chez Hublot, si le résultat nage dans les mêmes eaux stylistiques, l’idée fondamentale tient au nom même de la marque : hublot, soit une fenêtre nautique ronde maintenue par de multiples verrous. Cette « ouverture sur la mer » avait d’ailleurs déjà servi d’inspiration à Patek Philippe pour sa Nautilus, un modèle mythique qui fête en 2016 ses 40 ans d’existence et dont le nom est tiré du vaisseau du capitaine Nemo imaginé par Jules Verne. À l’époque, la publicité pour cette montre disait : « L’une des montres les plus chères du monde est en acier » !

À la fin des années 1970, une bataille juridique oppose Corum et Bulgari pour une question de design de lunette.
Bataille romaine

À la fin des années 1970, une bataille juridique oppose Corum et Bulgari pour une question de design de lunette. En jeu, deux modèles récents et déjà en vogue : la Corum Romulus et la Bulgari Bulgari. Et un point commun : la lunette sert de support à la décoration qui donne toute son âme au modèle. Chez Corum, René Bannwart, cofondateur et brillant styliste horloger, fait évoluer son modèle Hourless lancé en 1958. En 1966, il ajoute des index de style romain sur la lunette d’une montre dont l’unique ornement était le logo imprimé sur le cadran. D’abord gravé puis émaillé, le décor sera plus tard uniquement gravé. À Rome, Bulgari s’était également mis à ouvrager la lunette pour y graver son nom, qui sera doublé par la suite. Lancée en 1975 et réservée aux meilleurs clients de la marque, la première version de ce modèle présentait un écran à affichage numérique par cristaux liquides en forme de cartouche, activé par un mouvement à quartz. In fine, Corum prouvera l’antériorité de son idée. Ce qui n’empêchera toutefois pas les deux modèles de coexister.

Une touche d’art, une note de R&D

La lunette accueille aussi volontiers pierres précieuses et travaux d’artisanat. Il s’agit souvent d’une note joaillière ajoutée à un modèle de base pour lui donner toute la féminité voulue. Dans ce registre, Roger Dubuis avec son Excalibur Spider Tourbillon Volant Squelette et Ulysse Nardin avec la Marine Perpetual inauguraient en 2015 un nouveau processus breveté, inédit en horlogerie, consistant à sertir les pierres précieuses, en l’occurrence 60 diamants taille baguette d’un total de 2 carats pour la pièce Roger Dubuis, dans un surmoulage en caoutchouc réalisé sur la lunette en métal. Cette nouveauté, qui exige une parfaite maîtrise de la technique de déformation plastique, est d’ailleurs destinée à intéresser un vaste public si l’on en juge par l’attrait des montres empierrées auprès de la gent masculine du Moyen-Orient. Certaines marques très versées dans les métiers d’art comme Piaget n’hésitent d’ailleurs pas à faire déborder le décor du cadran sur la lunette.

Parfois, la lunette occupe aussi les départements de recherche et développement. Hublot en produit ainsi en Magic Gold, son propre alliage d’or injecté dans un bloc de céramique sous haute pression pour devenir pratiquement inrayable. Omega s’y est aussi attelé en 2014 en présentant une Seamaster surplombée d’une lunette en céramique orange, une rareté réalisée en intégrant des matières issues de terres rares. Du Liquidmetal® à base de platine est également utilisé par Omega pour réaliser des inscriptions par coulage de matière dans des cavités préalablement creusées sur la lunette. Rolex, enfin, a développé sa propre technologie pour fabriquer des lunettes bicolores en céramique offrant une très nette distinction entre les deux teintes. Les fans en raffolent. Pour eux, la récente Rolex GMT Master II est ainsi devenue la Batman en raison de ce cercle noir et bleu distinctif.

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