« Premièrement, on constate un besoin de poésie susceptible de faire naître des émotions. A cela, nous avons répondu avec des garde-temps à complications poétiques comme les Quatre Saisons en 2006 et notre Midnight in Paris cette année, une montre qui affiche l’évolution astrale de la voûte céleste telle qu’on peut l’observer dans la capitale française. Une montre tridimensionnelle qui offre beaucoup de perspective et de féerie, donc beaucoup d’émotion. En second lieu, les années à venir seront marquées par la rencontre de l’horlogerie et de la femme, une rencontre que nous avons voulu souligner cette année avec notre collection Charms car il faut bien avouer que les horlogers ont pêché par manque de créativité dans ce domaine en se contentant souvent d’adapter leurs modèles masculins pour un public féminin. Reste enfin la personnalisation, la troisième composante des grandes tendances futures. Dans la mesure où chaque être humain est unique, je ne vois pas pourquoi il ne désirerait pas porter un objet unique au poignet, que l’on parle de Haute Horlogerie ou de Haute Joaillerie. »
Extase poétique de la complication
En quelques mots, Stanislas de Quercize a dessiné avec pertinence les grandes lignes du millésime 2008 en matière de réalisations horlogères, comme le démontrent les collections présentées tant à Baselworld qu’au SIHH. Si l’exposition thématique du SIHH 2007 était en effet consacrée à la femme, celle-ci trouve sa prolongation directe dans nombre de modèles présentés cette année, des modèles dédiés et conçus pour les amatrices de la belle horlogerie qui se déclinent de plus en plus souvent en complications, serties ou non, comme chez Piaget (Limelight Tonneau XL), Patek Philippe (Ladies Annual Calender), JeanRichard (Lady Tourbillon), Vacheron Constantin (Overseas Dual Time Chronographe), Audemars Piguet (Chronographe Royal Oak Offshore dames), Harry Winston (Diane Répétition à Minutes), Chanel (J12 Tourbillon) ou Zenith (Chronomaster Phase de Lune Lady El Primero). Une liste forcément non exhaustive mais qui montre bien l’empressement des Maisons à répondre à une demande féminine pour des pièces originales, mécaniques, souvent compliquées, et non pour de simples versions « raccourcies » des modèles masculins. « Les femmes ne sont pas de petits hommes », stigmatise Stanislas de Quercize.
Cette extase poétique face à la complication horlogère est certainement l’un des moments forts nécessairement ressenti par tout aficionado attentif à la création du moment. Pas question toutefois pour les spécialistes du genre de céder à la surenchère, comme on a pu l’observer il y a quelques années. Tout au plus, au détour d’une allée, découvre-t-on la Grande Complication d’IWC, une prouesse technologique réunissant dans un même boîtier vingt fonctions différentes mues par 659 composants ou encore la Grande Complication à répétition à minutes avec quantième perpétuel instantané à guichets et tourbillon, la deuxième montre la plus compliquée jamais imaginée par Patek Philippe en montre-bracelet. Une autre montre d’exception qui souligne « une fois de plus la justesse des classements mondiaux en matière de chef-d’œuvres horlogers compliqués », selon la propre terminologie de la marque.
Présence appuyée du tourbillon
Quoi qu’on en dise, cette année, la complication se veut fonctionnelle avant tout, généralement déclinée dans sa version nue, pour mieux donner la possibilité d’en rehausser tout l’esthétisme. Et dans ce registre, le tourbillon refait son entrée en force parmi la quasi totalité des marques avec quelques réalisations époustouflantes comme la Titanic DNA de Romain Jérôme & Cabestan ou la Greubel & Forsey Quadruple tourbillon à différentiel sphérique. Girard Perregaux n’est pas en reste avec sa Tourbillon Chronographe à rattrapante et foudroyante ou encore Cartier avec sa montre Ballon Bleu Tourbillon Volant. Sans oublier la montre Lange & Söhne Cabaret Tourbillon Stop Seconde, la Concord C1 Tourbillon Gravity créée par BNB au tourbillon en plan perpendiculaire à celui du mouvement, un concept également adopté par Panerai l’an dernier, ou encore la DeWitt WX-1 au tourbillon vertical avec indication de réserve de marche, une montre « secrète » conçue en collaboration avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte au niveau du design et qui vient célébrer le cinquième anniversaire de la marque.
D’autres complications ont également fait leur chemin comme le quantième perpétuel chez IWC (Da Vinci) et Piaget (Emperador Coussin QP), le calendrier perpétuel chez Gérald Genta (Arena QP GMT) et Vacheron Constantin (Patrimony), annuel chez Patek Philippe (Ladies Annual Calender) ou encore le double fuseau horaire chez Panerai (Luminor 1950 Titane 8 jours GMT Chronographe Monopoussoir), double fuseau horaire poussé à son extrême chez Parmigiani (Kalpa Hémisphères) puisque la deuxième indication du temps est totalement indépendante de la première. Un garde-temps développé en collaboration avec le navigateur Bernard Stamm.
Suprématie du chronographe
Il n’en reste pas moins que le chronographe confirme, comme l’an dernier, sa suprématie sur le monde des complications utiles. Impossible toutefois de dresser une liste exhaustive des marques qui présente de tels modèles, tant elles ont toutes versé d’une manière ou d’une autre dans l’art de la mesure du temps à l’aube des 29e Jeux Olympiques de Pékin. Au hasard des rencontres, citons la Mémoire 1 de Maurice Lacroix à la profondeur « irrésistible », la montre Montblanc Star Nicolas Rieussec Chronographe Monopoussoir, la Tag Heuer Grand Carrera calibre 36 RS, la Senator Rattrapante de Glashütte Original ou la Happy Sport Chrono Mark II de Chopard. Piaget (montre Polo Chronographe) et Jaeger-LeCoultre (Reverso Squadra World Chronographe Polo Fields) se disputent le monde du polo, tout comme Hublot (Big Bang Polo Gold Cup Gstaad), tandis que JeanRichard reste lié au sport moto (Paramount Square Chronographe MV Agusta) et Breitling à ses amours automobiles (Breitling for Bentley GMT Chronographe). Emotion, émotion…