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lundi, 6 juillet 2015
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

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« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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Dans la nuit du 30 juin s’est glissée une « seconde intercalaire » dans le décompte du temps. Utilisée 25 fois depuis 1972, cette pratique permet de compenser le ralentissement de la rotation de la Terre, dû notamment au réchauffement des océans.

Si le « saut » temporel n’a certes pas été aussi mémorable que celui vécu par Marty Mcfly dans Retour vers le futur, il n’en a  pas moins toute son importance. Au passage du 30 juin au 1er juillet dernier s’est en effet glissée une « seconde intercalaire » dans le décompte du temps. Une pratique renouvelée 25 fois depuis 1972 qui ne réjouit certes pas les dormeurs impénitents mais contente à tout le moins son auteur, le Service international de la rotation terrestre et des systèmes de référence (IERS). Son utilité : faire coïncider deux échelles de temps, celle basée sur le décompte rigoureux et immuable des horloges atomiques et celle basée sur la rotation de la Terre, qui, elle, a tendance à fluctuer.

Un peu d’histoire. De très longue date, les métrologues ont mesuré le temps grâce à des paramètres astronomiques. Un jour correspondait à la durée qui sépare deux passages du soleil au-dessus du méridien de Greenwich à midi. Ainsi défini comme le Greenwich Mean Time (GMT), celui-ci pouvait être subdivisé selon le système sexagésimal hérité des anciens en 24 heures égales, puis en 1’440 minutes et 86’400 secondes. Mais tout a changé en 1955 avec l’arrivé des horloges atomiques au césium, d’une précision inégalée avec un décalage d’une seconde tous les 3 millions d’années. En d’autres termes, le temps atomique (TAI) s’est imposé face au temps astronomique avec comme résultat l’établissement en 1967 d’une heure universelle par le Bureau international de l’heure ayant la seconde atomique comme référence du temps. Depuis, près de 500 horloges atomiques réparties dans divers laboratoires contribuent à sa détermination.

Le réchauffement des océans entraîne une redistribution de l’eau des pôles vers l’équateur, ce qui modifie l’énergie cinétique de la Terre et contribue à son ralentissement.
Michel Grenon
Réchauffement en cause

Un problème n’a toutefois pas manqué de surgir assez rapidement : la rotation de la Terre ne s’effectue pas avec une précision aussi diabolique que celle caractérisant les horloges atomiques. En fait, elle a tendance à ralentir en raison de divers phénomènes comme les marées, les tremblements de terre ou la répartition des eaux. « Le réchauffement des océans entraîne une redistribution de l’eau des pôles vers l’équateur, ce qui modifie l’énergie cinétique de la Terre et contribue à son ralentissement », expose Michel Grenon, de l’Observatoire de Genève, cité par Le Monde. Avec 2 millisecondes par siècle, on est loin du coup de frein. Cette désynchronisation par rapport aux horloges atomiques a toutefois été jugée suffisante pour que l’idée de cette fameuse seconde intercalaire s’impose dès 1972. En suspendant le temps atomique, le retard pris par la Terre se voit ainsi comblé pour donner le Temps universel coordonné (UTC), base du temps civil international correspondant au TAI ajusté en fonction de ce décalage.

C’est ensuite à l’IERS de déterminer quand il s’agit de « remettre les pendules à l’heure » et ce, à partir de multiples paramètres géophysiques. Impossible en effet de planifier une seconde intercalaire comme une année bissextile dans la mesure où le ralentissement de la Terre varie de manière irrégulière et aléatoire. Dès que l’écart présumé dépasse 0,9 seconde, l’IERS intervient en annonçant l’ajout d’une telle seconde dans un délai de 6 mois, l’opération devant prendre place soit le 30 juin soit le 31 décembre.

Reste que la seconde intercalaire ne fait pas l’unanimité. Parmi les « abolitionnistes », on retrouve les milieux économiques et financiers, qui mettent en avant les difficultés d’adaptation engendrées pour les systèmes informatiques, difficultés d’autant plus grandes que les manipulations doivent s’effectuer de manière irrégulière. Les scientifiques, astronomes en tête, sont évidemment d’un tout autre avis. « Ce serait faire fi de notre lien avec le milieu naturel, s’insurge Michel Grenon. Nos vies sont calquées sur le temps solaire, il n’y a aucune raison d’abandonner la seconde intercalaire. C’est la technologie qui doit être au service de l’être humain et non l’inverse. » Réponse en novembre, à la prochaine assemblée de l’Union internationale des télécommunications, où la question doit être tranchée.

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