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Concepto se positionne en alternative à Swatch Group
Actualités

Concepto se positionne en alternative à Swatch Group

jeudi, 31 mai 2012
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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6 min de lecture

Le groupe horloger de La Chaux-de-Fonds crée Optimo Assortments, une nouvelle société qui proposera dès le second semestre des assortiments complets. Sa capacité de production est de 400’000 kits par année. Elle se pose ainsi en seule alternative sérieuse à Swatch Group.

C’est derrière des parois en verre fumé, dans un coin du deuxième étage de son quartier général, à l’abri des regards de son propre personnel, que Valérien Jaquet a caché son trésor. Le jeune CEO du groupe Concepto y a installé dans le plus grand secret un laboratoire capable de produire de manière industrielle des assortiments horlogers complets – balancier/spiral, ancre et roue d’ancre. Baptisée Optimo Assortments, cette nouvelle entité de la holding chaux-de-fonnière vise la réalisation de 50’000 kits dans le courant du second semestre 2012, puis 200’000 en 2013. Une production qui pourra rapidement monter à 400’000, sa capacité maximale prévue actuellement.

Sept marques se sont déjà mises sur les rangs pour passer commande.
Un groupe, quatre sociétés

La toute nouvelle famille de mouvements 4000 du motoriste, un chronographe automatique à double barillet – 120 heures de réserve de marche – qui sera lancée à l’automne sera la première à en bénéficier. Sept marques se sont déjà mises sur les rangs pour passer commande. Quatre années de développement et CHF 9 millions ont été nécessaires à Valérien Jaquet pour mener à bien ce projet, qui lui permet aujourd’hui de se présenter comme la seule alternative « sérieuse » au leader du marché Nivarox-FAR. Un sacré pavé dans la marre de ceux qui prétendent avoir besoin de beaucoup plus de temps et d’argent pour aboutir.

Fondé en 2006, le groupe Concepto est constitué aujourd’hui de quatre sociétés : Concepto Watch Factory (manufacture), Artisia Watchmaking (assemblage), Decoparts Turning (décolletage) et, depuis peu, Optimo Assortments. Installée sur 3’000 m2 avec un parc machines d’une valeur de près de CHF 30 millions, l’entreprise de 90 personnes fournit quelque 30’000 mouvements par année à une quarantaine de marques, parmi lesquelles Louis Moinet, de Grisogono, Hublot ou encore Romain Jerome. La palette de calibres, répartis dans cinq familles différentes, va du trois aiguilles manuel au tourbillon chronographe automatique, en passant par la sonnerie à répétition. Concepto réalise également des modules additionnels en tant que société sous-traitante.

Un secret bien gardé

Si le développement d’assortiments a pris quatre ans, le projet est né il y a une quinzaine d’années. « Lorsque Swatch Group a commencé à s’agacer de son statut de supermarché horloger, personne n’a cru qu’un jour les livraisons d’assortiments s’arrêteraient, raconte Valérien Jaquet. Sauf mon père, Jean-Pierre Jaquet (alors patron de Jaquet SA, ndlr), qui avait capté le message. Il s’était même déplacé chez Straumann dans l’idée de créer un musée en rachetant les machines qui avaient servi à fabriquer le Nivarox dans les années 1930. Nous avons repris ces bases de réflexion mais tout repensé selon des techniques modernes. » Et, pour garder le secret le plus longtemps possible, c’est dans trois lieux extérieurs à Concepto que l’aventure a été menée. « Nous n’avons installé le laboratoire dans nos murs que dernièrement », révèle le jeune CEO.

La première étape a consisté à créer un nouvel alliage pour le spiral, baptisé Optimox. Une opération qui répond plus à une optimisation des processus d’industrialisation qu’à l’amélioration des qualités intrinsèques du métal. Car, à des coulées de plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de kilos, Concepto a préféré de petites coulées de 3 à 4 kilos qui donnent un résultat beaucoup plus homogène. Une quantité qui peut paraître faible mais qui suffit déjà à la réalisation de quelque 500’000 spiraux. Cette étape est sous-traitée à une entreprise étrangère avec un métal livré en barres de 14 à 16 millimètres de section. À partir de là, toutes les opérations sont exécutées à l’interne chez Concepto : traitement thermique des ressorts dans un four sous vide, soudure de la virole au laser mais aussi garnissage de l’ancre et contrôles finaux selon les exigences du COSC. De même, tous les composants, hormis les rubis, sont réalisés in-house.

Quatre demandes de brevet

L’intégralité du processus de développement a conduit Concepto à déposer quatre demandes de brevet. Le premier concerne l’alliage Optimox ; le deuxième, la géométrie de la virole, laquelle présente trois nez plutôt que quatre pour éviter le rebat, un phénomène qui provoque une forte avance de la marche ; le troisième, le traitement thermique des courbes terminales pour une meilleure résistance aux chocs ; le quatrième, enfin, le conditionnement du kit, qui représente un ensemble balancier-spiral, ancre et roue d’ancre pour une meilleure efficience lors de l’assemble des mouvements. Optimo est aujourd’hui doté d’une quinzaine de personnes mais pourrait, à terme, compter plus de 60 employés.

Si plusieurs grandes marques, à l’instar de Rolex, Roger Dubuis ou Patek Philippe, ont entrepris de réaliser leurs propres spiraux depuis quelque temps déjà, très rares sont les entreprises horlogères à proposer de tels assortiments à des tiers. Precision Engineering (H. Moser & Cie), Atokalpa (Vaucher Manufacture), Dimier (Bovet) ou encore Astral (Festina) le font mais dans des quantités très confidentielles. Valérien Jaquet aurait-il alors réussi là où d’autres ont échoué ? « Mon secret est d’avoir su m’entourer des bons spécialistes, se réjouit-il. Le véritable problème, c’est le savoir-faire. Seuls une poignée d’hommes et de femmes hyperspécialisés sont capables d’apporter l’expérience nécessaire à une telle entreprise. Et ça ne s’enseigne pas dans les écoles, si ce n’est en théorie. Et avec la théorie, on ne va pas très loin… »

Article paru dans le BIPH

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