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Conjugaisons de temps
Baselworld

Conjugaisons de temps

mardi, 20 mai 2008
Par Luc Debraine
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Luc Debraine

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6 min de lecture

Cette année, tant le Salon International de la Haute Horlogerie de Genève que Baselworld permettaient d’aller et venir dans l’histoire de la mesure du temps. Mais quel temps ? Futur antérieur ? Passé composé ? Plus-que-parfait ?

Temps perdu. L’intéressante exposition «La Haute Horlogerie célèbre le sport » au SIHH de Genève montrait plusieurs exemples de montres anciennes aux cadrans protégés des chocs. Comme la montre Reverso de Jaeger-LeCoultre, conçue en 1931 pour résister sans dommage à un match de Polo. Ou la montre Tank basculante de Cartier en 1932. Ces ingénieux dispositifs protecteurs avaient et ont toujours une autre vertu : celle de faire disparaître à volonté le temps du poignet. Une rotation de boîtier et hop !, l’écoulement des minutes et des heures est mis entre parenthèses. La pression du temps se relâche, la ou le propriétaire de la montre pense à autre chose. Presque huit décennies plus tard, des horlogers refont disparaître le temps précis des cadrans. Soit en mesurant arbitrairement les douze heures du jour et les douze heures de la nuit comme dans l’Egypte antique (Romain Jérôme). Ou en proposant des aiguilles noires sur un cadran tout aussi noir (Hublot). Comme le temps est désormais partout, sur les téléphones portables comme dans la rue, les montres s’autorisent un peu moins à le montrer, ou à le montrer différemment.

Futur proche. L’Euro 2008 arrive, l’Euro 2008 est presque là. C’était en tout cas le sentiment à Baselworld, sur le stand de Hublot. Jean-Claude Biver, le patron de la marque, montrait toute sa passion du ballon rond. Il présentait un modèle Big Bang en céramique noire et caoutchouc (le matériau identitaire de la manufacture genevoise), conçu pour chronométrer les périodes des matchs, prolongations comprises. Jean-Claude Biver n’était pas seul : Michel Pont (adjoint du sélectionneur de l’équipe suisse de football) et Philippe Magraff (responsable du marketing de l’UEFA) étaient à ses côtés. Car Hublot est l’un des sponsors du tournoi de football. La marque horlogère renoncera d’ailleurs à une communication traditionnelle au profit de messages contre le racisme. Une stratégie en apparence désintéressée mais qui ne l’est bien sûr pas. Une stratégie qui signale également que l’industrie du luxe s’allie au sport le plus populaire de la planète. Pour Jean-Claude Biver, «le football est un outil universel de communication» qui ne connaît plus de distinctions sociales.

Temps Universel. Le journal de la Haute-Horlogerie rappelait il y a peu que le Temps Universel est né en 1884 à la conférence de Washington. Ce temps arbitraire sectionne la Terre en 24 fuseaux horaires à partir du méridien zéro de Greenwich. A Bâle, la marque d’origine américaine Ball montrait sur une série d’écrans un train à vapeur en pleine course. Une manière de rappeler que la marque comptait parmi celles utilisées au 19e siècle aux Etats-Unis pour coordonner le trafic ferroviaire. Le réseau des trains américains s’étend sur quatre fuseaux horaires, voire six si l’on inclut l’Alaska et Hawaï. La nécessité d’harmoniser les horaires ferroviaires pour assurer les correspondances et permettre aux convois de se croise sur les voies uniques de l’époque donc éviter les retards et surtout les accidents est l’une des raisons majeures de la création du Temps Universel il y a 124 ans.

1968 + 1. En 1968, alors que les insurrections étudiantes enflamment Paris et bientôt d’autres villes, les patrons de Seiko mettent la pression sur leurs ingénieurs et techniciens. La marque de Tokyo vient certes de remporter le concours organisé par l’Observatoire de Genève du meilleur chronomètre mécanique. Mais les responsables de Seiko veulent que leurs équipes bouclent en une année la conception d’une montre électrique révolutionnaire, ultraprécise, car réglée sur les oscillations d’un cristal de quartz. Le pari technologique sera tenu, rappelait fièrement le stand de Seiko à Bâle. En 1969, la marque japonaise présentait l’Astron, la première montre à quartz au monde. Bientôt reprise par la concurrence, l’idée cristalline déstabilisera l’industrie horlogère suisse. Celle-ci s’en est bien sûr remise, et de quelle manière, mais les percées technologiques de Seiko ont été décisives. Elles sont aujourd’hui monnaie courante non seulement dans l’horlogerie, mais aussi dans la téléphonie portable, l’informatique ou encore la photo numérique.

Zeitgeist. Aujourd’hui, il faut communiquer vert, montrer sa sensibilité environnementale, suggérer que le sort de la planète nous importe. L’industrie horlogère s’y met aussi. A Baselworld, Citizen mettait en exergue sa ligne Eco-Drive, qui tire parti de cellules solaires placées sur le cadran pour recharger ses batteries. Le temps écologique, c’est pour bientôt.

Temps long. A propos de communication, mais cette fois-ci au SIHH de Genève, celle de Vacheron Constantin est ingénieuse. Surtout lorsqu’elle en appelle à l’un des ingénieurs les plus fameux du 19e siècle, Gustave Eiffel. Pour suggérer qu’elle n’est pas née de la dernière pluie, ni du dernier concept horloger à la mode, la manufacture genevoise rappelle dans sa communication qu’elle a derrière elle plus de 250 années d’histoire continue. Et de montrer, sur l’une des publicités, la Tour Eiffel en 1889, l’année de son inauguration à Paris, alors même que Vacheron Constantin avait 134 ans ! Dans une époque qui compresse de plus en plus la durée, rien de tel que de faire l’éloge du temps long, synonyme de sagesse.

Temps profond. Si le temps est la quatrième dimension, les horlogers se mettent à incorporer la troisième dimension dans leurs montres. A l’image de Girard-Perregaux, dont la montre Tourbillon Bi-Axial propose des cages concentriques aux rotations multidimensionnelles. Le tourbillon de la montre Reverso Gyrotourbillon 2 de Jaeger-Le Coultre se meut également en tous sens, dans un boîtier lui-même renversant. Même recherche de profondeur 3D chez Cartier, mais en plus cinématique : la montre Santos Triple 100 déploie d’un coup de remontoir trois faces différentes : un cadran classique aux 12 chiffres romains, un damier de joyaux ou, enfin, une face animalière gravée d’une tête de tigre. Si le cinéma 3D des années 50 revient à la mode, les montres de 2008 ne sont pas en reste !

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