Quand le Cosmograph Daytona voit le jour en 1963, le circuit auquel il emprunte son nom est déjà mythique. Depuis 1903, des courses automobiles se déroulent sur la plage de sable dur comme du béton de Daytona Beach, en Floride : des courses de vitesse jusqu’en 1935, des compétitions de « stockcars » à compter de 1936 et le Daytona 200, championnat américain de motocycles sur 200 miles, à compter de 1937. En 1948, lors de sa fondation, la National Association for Stock Car Racing (Nascar) choisit d’établir ses quartiers à Daytona pour lancer le projet, quelques années plus tard, d’un circuit permanent en dur, le Daytona International Speedway, à l’époque le plus rapide des États-Unis. Son inauguration en 1959 coïncide avec la création de la Daytona 500, l’épreuve la plus prestigieuse de la Nascar, et c’est trois ans plus tard qu’il accueille la course d’endurance Daytona Continental qui sera renommée Rolex 24 At Daytona (24 Heures Rolex de Daytona) en 1992, quand la marque en deviendra le sponsor titre.
Demandez à n’importe qui dans le monde des sports automobiles de vous donner un nom de montre, et le premier qui viendra sera celui de la Rolex Cosmograph Daytona…
Rolex s’est toutefois associé à l’événement dès ses débuts, s’engageant à offrir une montre aux prestigieux vainqueurs. Tous les pilotes rêvaient d’une telle récompense : repartir de Daytona un Cosmograph au poignet. Le Danois Tom Kristensen, Grand Marshal de l’édition 2016 de la Rolex 24 At Daytona, le dit bien : « Demandez à n’importe qui dans le monde des sports automobiles de vous donner un nom de montre, et le premier qui viendra sera celui de la Rolex Cosmograph Daytona… Ce chronographe a une histoire et une classe que connaît et respecte quiconque vise le haut du podium dans les sports automobiles. Chaque pilote veut gagner “sa” Rolex Daytona. » L’Américain Scott Pruett, qui a gagné cinq Cosmograph Daytona, chacun gravé au dos de la date de la victoire, du logo de la course et de la mention « Winner », estime même que « la montre est la raison d’être de cette course ».
Un instrument professionnel
Le chronographe en acier que Rolex présente en 1963 sous l’appellation de Cosmograph – un terme de son invention – est un instrument classé dans la catégorie des montres professionnelles, conçu pour que les pilotes puissent l’utiliser en course. Il se distingue essentiellement par une lisibilité inégalée auparavant. Les compteurs se détachent du cadran par un fort contraste des couleurs, en noir sur fond clair ou en clair sur fond noir. Quant à l’échelle tachymétrique, qui permet de calculer une vitesse moyenne sur une distance donnée, elle libère l’espace en s’inscrivant sur la lunette. La création se présente dans un boîtier de type Oyster breveté en 1926, le premier modèle étanche de l’histoire de la montre-bracelet grâce à un système de lunette, fond et couronne vissés à la carrure. En 1965, l’étanchéité est renforcée par l’intégration de poussoirs de chronographe eux-mêmes vissés, et non plus à pompe, alors que la lunette est dotée d’un disque en plexiglas noir gradué de blanc qui améliore encore la lisibilité. Cette année-là, Rolex introduit parallèlement un premier modèle précieux, avec boîtier en or jaune et mouvement certifié chronomètre.
Si le Cosmograph a immédiatement été associé aux courses d’endurance de Daytona, l’inscription Daytona sur le cadran a d’abord été réservée au marché américain. Elle ne s’est généralisée que progressivement, finalement imprimée en lettres rouges et en arc de cercle au-dessus du compteur à 6 h. Parmi les variantes que le Cosmograph Daytona a connues durant ses premières années d’existence, il y en a une qui est devenue particulièrement célèbre, celle que portait le comédien Paul Newman, pilote automobile à ses heures. Son modèle est caractérisé par un cadran sur lequel le chemin extérieur des secondes adopte la couleur de l’inscription Daytona et les compteurs des index de forme carrée et une police de chiffres Art déco.
L’ère de l’automatique
Toujours mécanique, le Cosmograph Daytona est passé du remontage manuel au remontage automatique en 1988. Dans un premier temps, Rolex opte pour un calibre de qualité disponible sur le marché mais en lui apportant de nombreuses modifications adaptées à ses exigences qui engendrent, notamment, la certification chronomètre COSC systématique. Depuis l’an 2000, il s’agit d’un mouvement novateur entièrement conçu et fabriqué en interne.
Avec le passage à l’automatique, le boîtier s’est agrandi à 40 mm de diamètre – au lieu de 36 –, la lunette s’est élargie, la graduation de l’échelle tachymétrique a été portée à 400 unités et la couronne a été protégée par un épaulement. Quant au cadran, il a été modernisé à travers de nouvelles aiguilles, de nouveaux index et des compteurs entourés d’un cercle distinct. Ces derniers ont subi une nouvelle évolution avec l’intégration du calibre maison : la petite seconde est passée de 9 h à 6 h et les totalisateurs des heures et des minutes se sont retrouvés alignés, légèrement au-dessus du centre du cadran. Il en résulte un équilibre d’une grande subtilité.
Last but not least, le Cosmograph Daytona en acier de 2016 est sublimé par une lunette Cerachrom. Selon un procédé breveté en 2005, elle est fabriquée dans une céramique qui la rend pratiquement inaltérable pour une lisibilité proprement exceptionnelle. Ici, elle est noire avec une graduation tachymétrique traitée PVD platine pour faire écho à la version en plexiglas de 1965.