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Coup de froid sur l’horlogerie
Economie

Coup de froid sur l’horlogerie

lundi, 26 août 2019
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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Les compagnies du luxe gardent le vent en poupe, comme le démontrent leurs résultats financiers semestriels. Pour les horlogers, la situation se complique, notamment à Hong Kong et en Chine.

En cette période de « rentrée » marquée par un retour aux affaires se pose invariablement la question de savoir de quoi le second semestre sera fait pour les Maisons horlogères. Et pour en juger, force est de se pencher sur les résultats financiers des grandes compagnies du secteur. Or ceux-ci n’incitent pas au plus grand optimisme. En cours d’été, Swatch Group et Richemont ont en effet publié leurs comptes 2019, semestriels pour le premier et trimestriels pour le second (avril-juin), qui inaugurait ce nouveau calendrier de publication aux trois mois. Autant dire que les chiffres sont plutôt mitigés. Lors de la première moitié de l’année, Swatch Group a ainsi vu son chiffre d’affaires reculer de 4,4 % à CHF 4,1 milliards pour un bénéfice opérationnel en baisse de 13 % à CHF 547 millions. Signe des temps, la compagnie de Nick Hayek a ouvert les hostilités contre le marché gris, qui, immanquablement, pèse sur sa rentabilité et gonfle ses stocks figurant à CHF 7,1 milliards (+ 2,6 %) au bilan. « Au premier semestre 2019, une politique intransigeante a été menée vis-à-vis des acteurs du marché gris, même si à court terme cela a eu un impact négatif en millions de francs à trois chiffres sur les ventes », peut-on lire dans le rapport.

Au premier trimestre, les Maisons horlogères du groupe Richemont sont en recul de 2 %.

Or si le marché gris est florissant, notamment en Chine pour les marques du Swatch Group, c’est que les invendus s’accumulent dans les réseaux de distribution. On se souviendra que Richemont avait réagi il y a deux ans déjà face à ces ventes parallèles qui gangrènent le secteur. Une opération de nettoyage qui lui avait coûté quelque € 500 millions sur deux exercices comptables. Richemont, précisément, annonce pour le premier trimestre de son année fiscale en cours un chiffre d’affaires en progression de 12 % à € 3,7 milliards. À y regarder de plus près, on constate toutefois que, hors ses activités dans le commerce en ligne opérées par Yoox Net-A-Porter et Watchfinder, deux compagnies intégrées dans le périmètre de consolidation du Groupe durant le premier trimestre 2018, la progression des ventes ressort à 6 %. Une croissance due essentiellement à la joaillerie (Cartier et Van Cleef & Arpels) vu que les Maisons horlogères du Groupe sont en recul de 2 %. Il n’en reste pas moins que Richemont a clairement la faveur des investisseurs. Sur les sept premiers mois de l’année, le cours de ses actions a ainsi enregistré un bond de 36,3 % à la Bourse suisse, alors que celles du Swatch Group ont stagné (+ 1,7 %) sur la même période.

Ralentissement asiatique

Question pépites boursières, les investisseurs jettent également un regard particulièrement attentif sur les valeurs du luxe du CAC 40, l’indice des poids lourds de la cote française. Comme le démontrent leurs rapports semestriels, les ténors de la branche restent en effet portés par des vents extrêmement favorables. Kering, a ainsi vu ses ventes augmenter de 18,8 % à € 7,6 milliards avec un bénéfice d’exploitation de € 2,2 milliards (+ 25,3 %), véritablement dopé par Gucci, dont la marge opérationnelle crève le plafond des 40 % ! Hermès a connu une croissance de son chiffre d’affaires de 15 % à € 3,3 milliards. Tout comme LVMH à € 25,1 milliards. Pour ce qui est de ces deux dernières multinationales, l’horlogerie est également à la fête puisque le secteur « montres » d’Hermès est en hausse de 14 %, notamment à la suite d’un très bon accueil réservé à la nouvelle collection Galop d’Hermès. Quant au pôle Montres & Joaillerie de LVMH, il a connu un essor de 8 % à € 2,1 milliards, voire de 5 % au niveau opérationnel à € 357 millions, essentiellement grâce à Bulgari. Ces excellentes nouvelles ont leur reflet dans les cours boursiers de ces deux valeurs phares, soit une hausse de 31,4 % des actions Hermès depuis le début de l’année à fin juillet et de 44,7 % pour LVMH.

Un premier tassement des exportations vers la Chine a été enregistré en juin.

Pour les acteurs purement horlogers, les grandes questions pour les mois à venir concernent, sans surprise, la Chine et Hong Kong, en proie à une agitation populaire démocratique qui secoue cette région administrative spéciale depuis des semaines. En statistiques d’exportations, cela se traduit par un recul de 6,6 % sur le premier semestre 2019 des expéditions horlogères suisses vers Hong Kong, recul largement alimenté par la très forte baisse du mois de juin (– 26,8 %). Quant à la Chine, un premier tassement a également été enregistré au mois de juin (+ 1,3 %), laissant augurer un ralentissement que d’aucuns prédisent déjà depuis des mois. De son côté, la Fédération de l’industrie horlogère suisse se veut rassurante, en tablant sur une croissance positive de la branche sur l’ensemble de l’année, après un sursaut de 1,4 % des exportations au premier semestre. Elle n’en relève pas moins « un environnement complexe imposé par la concurrence et des modes de consommation en perpétuelle évolution qui représentent un défi permanent pour l’horlogerie suisse ». À n’en pas douter, si le dragon asiatique s’enrhume, les horlogers suisses vont commencer à tousser.

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