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Culture

Cybercontrefaçon (II) : la prolifération des sites « champignons »

lundi, 26 avril 2010
Par Cédric Gordon
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Cédric Gordon

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6 min de lecture
C

Le phénomène de la contrefaçon atteint aujourd’hui une ampleur sans précédent. La valeur du marché mondial des produits contrefaits pourrait passer de 5,5 milliards de dollars en 1982 à près de 600 milliards de dollars en 2010 ou 10% du commerce mondial selon Eric Woerth, ancien Ministre français du budget.

Deuxième partie

La cybercontrefaçon et tout particulièrement celle des montres, peut se définir par la coexistence et la concomitance de différents acteurs présents sur Internet, participant directement ou indirectement au commerce illicite de contrefaçons de marques. Les sites d’e-commerce contrefaisants, dit « sites champignons » ne commercialisent par exemple que des contrefaçons. Que ce soient des sites revendiquant la qualité de leur reproduction de montres de luxe, ou ceux qui proposent une Rolex neuve 90 % moins chère que celle vendue en boutique officielle de la marque, ils possèdent tous le même point commun : ce sont des sites commerciaux illégaux, hébergés sur des plateformes asiatiques de vente en ligne et se reproduisant à une vitesse élevée, d’où le nom de site « champignons ».

La prolifération de ces sites évolue en fonction des grandes tendances de la contrefaçon.

Ces sites commerciaux, hors la loi, possèdent des dizaines d’URL rattachées à la même structure. Il suffit qu’une adresse se fasse bloquer par les autorités pour qu’apparaissent une dizaine de nouvelles URL convergeant vers le site contrefaisant. Ces sites proposent souvent plusieurs familles de produits et il n’est pas rare de trouver des articles de sport vendus avec des montres de luxe et des articles de parfumerie, voire des cigarettes. La prolifération de ces sites évolue en fonction des grandes tendances de la contrefaçon. Ils disparaissent et apparaissent au gré des modes et des tendances : téléphonie, articles de sport, parfumerie et horlogerie en sont les meilleurs exemples.

Impuissance de la répression

Un très grand nombre de produits présentés n’existe pas dans le catalogue officiel de la marque. Les photos des produits sont souvent de piètre qualité et lorsque ces dernières paraissent « alléchantes », elles ne proviennent en fait que des scans haute définition des catalogues officiels des grandes marques de montres. Il n’y a pas de descriptif détaillé des montres et le prix des produits sont anormalement bas, de 70 à 90% moins chers que dans le commerce. Le site ne propose ni facture, ni garantie fabricant et n’est pas sécurisé : absence lors de l’acte d’achat d’un protocole crypté https et d’un organisme de paiement agréé.

Ces sites d’e-commerce sont devenus les maitres du référencement des adwords (liens commerciaux sponsorisés) permettant d’obtenir une excellente visibilité sur des sites comme Google par l’utilisation de mots clefs tels que « montre », « contrefaçon », « replica », ainsi que les mots clefs correspondant aux grandes marques de montres de luxe. Ils utilisent de manière fréquente la technique du positionsquating (ou spamdexing) qui consiste pour un contrefacteur à acheter comme mot-clef, sur un outil de recherche, le nom commercial ou la marque exploitée par un titulaire de droit dans le but d’afficher ses propres annonces en exploitant ce nom ou cette marque dont il n’est ni propriétaire, ni détenteur des droits en propriété intellectuelle. La lutte contre la contrefaçon engagée par les titulaires de droit et par les autorités publiques (Gendarmerie, Police, Douanes…) à l’encontre de ces sites illégaux est particulièrement difficile. Ces derniers sont confrontés à l’anonymat absolu des contrefacteurs ou à une fausse identité et à des sites de contrefaçons qui sont généralement hébergés en Chine.

Conclusion : non seulement les investigations relatives à l’identification des contrefacteurs ont peu de chance d’aboutir, mais en plus les procédures comme l’ouverture d’une commission rogatoire par un juge français est longue, coûteuse et n’a que très peu de chances d’aboutir face à une justice chinoise opaque, complexe et défendant ses intérêts nationaux.

L’acheteur potentiel découvrira des sites de contrefaçons placés aux meilleures positions dans la liste des liens commerciaux, devançant parfois même les sites officiels des grandes marques horlogères !
Tous les segments sont touchés

Les contrefacteurs utilisent très fortement les adwords pour diriger les acheteurs potentiels vers leurs sites de vente de montres de contrefaçon. Le « positionsquatting » vu précédemment prend ici tout son sens : hormis le groupe LVMH (montres Tag Heuer, Zénith, Dior) qui à obtenu par action juridique l’annulation de la présence des liens commerciaux sur Google, la grande majorité des grandes marques de montres sont victimes de l’utilisation abusive de leur nom commercial par les contrefacteurs. En effectuant une recherche par mots clefs tels que « Rolex », « Cartier », « Omega » l’acheteur potentiel découvrira des sites de contrefaçons placés aux meilleures positions dans la liste des liens commerciaux, devançant parfois même les sites officiels des grandes marques horlogères !

Au travers d’une étude comparative des sites contrefaisants spécialisés dans les montres (Fédération de l’Horlogerie (France) – Juillet 2009), on constate une très forte présence des marques d’horlogerie de luxe (Tag Heuer, Rolex, Cartier, Breitling, Omega) mais aussi celle des marques de montres d’entrée de gamme (Swatch, Rado, Tissot) ainsi que la présence de marques de Haute Horlogerie (Patek Philippe, Jaeger Lecoultre, Blancpain, Breguet, Vacherin Constantin, Audemars Piguet). Ainsi, absolument tous les segments sont touchés par la reproduction illicite de marques ou de modèles, et on peut dénombrer jusqu’à 66 marques différentes contrefaites proposées par certaines plateformes chinoises d’e-commerce. Sur certains sites comme « watcheslux.com » on peut dénombrer pour les marques « Rolex », « Cartier », « Tag Heuer » ou « Breitling » plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de modèles totalement différents alors que le catalogue officiel de la marque n’en répertorie au mieux que quelques dizaines !

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