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Points de vue

De l’influence des femmes sur le temps, en trois femmes et trois temps

vendredi, 19 juin 2009
Par Cyrille Vigneron
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Cyrille Vigneron

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6 min de lecture

Eve, Pénélope et Calypso, trois figures mythiques, trois femmes qui, chacune a sa manière, a su rapprocher l’humanité des mystères du temps et de la vie. Des mystères dont la femme sera à jamais la gardienne.

Eve

Dans la tradition biblique, Eve est la première femme et probablement la plus controversée. Parce qu’elle goûte au fruit de la connaissance (le fruit défendu) et le fait goûter à Adam (qui ne se fait pas prier), nos deux ancêtres sont maudits et chassés du jardin d’Eden. Les pères de l’église en ont conclu que tout était de sa faute, à elle, et qu’elle portait l’entière responsabilité de ce péché originel qui empoisonne la vie des Occidentaux depuis l’origine du monde. Cette lecture de la création finit par nous faire oublier un point clé de la Genèse : pourquoi le serpent (qui symbolise la vie) fait-il goûter le fruit de la connaissance à Eve et pas à Adam ? Parce que les femmes sont plus proches du mystère de la vie. Qu’il s’agisse du mystère de la vie ou de trouver un yaourt dans le réfrigérateur, nous avons besoin du truchement des femmes. C’est comme ça. Et si l’Humanité a commencé sa longue quête du savoir avec la pomme, c’est bien à Eve que nous le devons. Sans elle, nous serions toujours en train de brouter de l’herbe au milieu des chèvres, avec la béate insouciance de ceux qui ne savent rien du réchauffement climatique, qui d’ailleurs ne serait pas arrivé. Si Eve n’avait pas mis en route le Temps Humain, nous n’aurions jamais connu le percolateur Nespresso et la Star Academy. Merci à toi Eve.

Pénélope

« Heureux qui comme Ulysse après un long voyage… », dit le poème. Mais au fond, Ulysse était-il si heureux que ça de rentrer ? Lorsqu’il arrive finalement à Ithaque, habillé en mendiant, il est vite reconnu par sa vieille nourrice. Pénélope, quant à elle, ne le reconnaît pas et doit le soumettre à quelques « questions pour un champion » avec pièges, pour être sûre qu’elle n’a pas affaire à un imposteur. Il répond bien ; ils se retrouvent ; et elle le colle à la tâche qu’il maîtrise le mieux, occire ces prétendants qui ont dévoré ses bœufs, souillé sa maison et tenté de tuer son fils Télémaque. Cela finit en bain de sang, y compris celui des servantes collabos. Rude atterrissage qui fait peu de cas des sentiments, y compris conjugaux. Le Boss est de retour mais c’est bien Pénélope, et les Dieux, qui tirent les ficelles.

Pénélope, que l’on présente comme « l’épouse fidèle et patiente », est avant tout une mère attentive et une maîtresse de maison dévouée. Son soudard de mari l’a épousée et engrossée pour partir immédiatement se couvrir de gloire, pendant qu’elle s’occupe de faire tourner la maison et d’éduquer Télémaque. (Malgré l’émancipation de la femme, la vie conjugale a assez peu changé finalement). Si Pénélope berne ses prétendants avides et concupiscents, si elle arrête le fil du temps en défaisant sa tapisserie la nuit, c’est davantage pour laisser à son fils le temps de grandir plutôt que dans l’espoir de voir son époux rentrer.

Si nous n’avions pas de Pénélopes pour tirer les ficelles du temps, faire tourner la maison et savoir à quelle heure ferme la crèche, nous serions bien en peine d’aller nous couvrir de gloire. De boue à la rigueur, et encore. S’il n’avait pas Michelle, Barack ferait moins le malin ! Merci à toutes les Pénélopes du monde.

Calypso

Pendant que Pénélope détisse la nuit ce qu’elle a tissé le jour, que fait Ulysse ? Après s’être couvert de sang pendant 10 ans sous les murs de Troie et après de nombreuses péripéties sur le chemin du retour, il échoue sur une île dans les bras de Calypso. Il y restera 7 ans sur les 10 que dure son errance, 7 ans de vrai bonheur auprès d’une femme aimante et attentive. Le soudard est devenu un amant heureux dans les bras de celle qui se donne au présent. Quand les Dieux l’appellent en lui faisant remarquer qu’il a déjà bien profité de la vie et que le devoir l’attend toujours, il se soumet et repart à contrecœur, laissant sur la grève une Calypso éplorée. Quand on sait ce qui l’attend à la maison, on comprend qu’il reparte sans enthousiasme.

On glorifie toujours la patience de Pénélope. Mais qui pense à la tristesse de Calypso ? Qui a donné ses plus belles années de nymphe immortelle avant de laisser partir son amant ? Sèche tes larmes Calypso, comme le fait dire Shakespeare à son héroïne dans « Much ado about nothing » : « Sigh no more, ladies, sigh no more! Men were deceivers ever, one step in the sea, and one on shore, to one thing constant never. Sigh not so, ladies, and let’em go, be you blithe and bonny, converting all your sighs of wow, into hey nonny, nonny ». Sèche tes larmes Calypso, même si le temps du bonheur est compté (7ans), nous t’aimerons toujours.

En fait, 7 ans, cela ne vous rappelle rien ? Les vaches grasses, 2002-2008, l’industrie horlogère était dans les bras de Calypso. 7 ans pendant lesquelles le bonheur de la croissance semblait devoir ne jamais finir. Mais les Dieux nous ont rappelés à l’ordre. Il nous faut reprendre arcs et couteaux, chasser les prétendants et remettre les pendules à l’heure. Il y aura du sang sur les murs et des cadavres sur le sol. Les crises sont comme ça.

Mais si le bonheur ne dure pas toujours, les crises non plus. Pénélope veille et Calypso nous attend. Chanceux que nous sommes. Merci à toutes les Eve, Pénélope et Calypso qui déclenchent le temps, l’arrêtent, dénichent toujours le Doliprane-enfant et savent nous rendre heureux au présent.

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