Au SIHH 2018, Panerai présentait un ingénieux système d’affichage de la date par verres polarisés sur l’Astronomo Luminor 1950 Tourbillon Phases de Lune Équation du Temps GMT. Si cela vous évoque vos lunettes préférées, ou alors celles que vous chaussez au cinéma 3D, vous avez tout juste. Il s’agit du même phénomène optique. En effet, la lumière est une onde, composée de deux champs – électrique et magnétique – qui voyagent « au hasard » dans une même direction. Un polariseur leur indique tout simplement quel tracé prendre. Placé sur des verres de lunettes – toutes ne sont pas polarisées –, ce type de filtre permet de réduire l’intensité des reflets sur la mer ou la neige, en continuant à y voir clair. De même, sur un appareil photo, un filtre polarisant améliore notamment le rendu des couleurs et des contrastes en pleine lumière.
Mais comment décliner ce phénomène optique sur un système d’affichage de la date et faire apparaître des chiffres ? Frédéric Dreyer-Gonzales, Directeur Recherche & Développement chez Panerai, dévoile tout, ou presque, de la trame de ce polar high-tech.
Nous souhaitions ajouter la date, une fonction très appréciée, sur le tourbillon Panerai. Nous avons fait un essai avec un disque de date squelette, mais il masquait le tourbillon. L’idée est donc venue d’utiliser un disque transparent ou semi-transparent. Cela nous a menés à la polarisation. Il s’agit du même principe d’effet d’optique que l’on retrouve sur des verres de lunettes ou des filtres d’appareils photo.
Il comprend deux polariseurs. Le premier est le disque de quantième, celui où se trouvent les chiffres de la date, et le second la fenêtre du guichet de quantième. Ils sont polarisés à 90° : le premier est horizontal et le second vertical. Lorsqu’ils se superposent, la date apparaît grâce à la lumière ainsi polarisée. Une astuce permet d’améliorer la visibilité et le contraste. En réalité, il n’y a pas deux mais trois niveaux : la fenêtre dans le guichet, le disque en dessous, tous deux polarisés, et encore en dessous un petit réflecteur de lumière, une pièce métallique polie. Quand la lumière entre, elle passe à travers les deux polariseurs et se réfléchit sur le réflecteur pour diffuser à nouveau la lumière dans l’autre sens.
Il s’agit de verre riche en silicate avec plus de 80 % de dioxyde de silicium, très résistant aux chocs thermiques et mécaniques. Le mouvement et la montre ont passé avec succès la batterie de tests de chocs jusqu’à 5’000 G, soit une chute d’un mètre sur du bois dur. Nous n’avons observé aucune brisure ni lésion sur le disque ou la fenêtre. Nous garantissons donc que le système résiste bien aux chocs.
Nous utilisons une « structuration » du verre par laser, micro-gravé dans une orientation à 90° entre le disque du quantième et le guichet. Ensuite, le verre reçoit d’autres technologies confidentielles pour le traiter.
En termes d’orientation idéale, la meilleure position est celle de lecture de l’heure avec une lumière assez bien incidente au niveau de la réflexion de la lumière. La moins adéquate serait une lumière « rasante », verticale par rapport au cadran de la montre. Mais il s’agit d’une position de lecture rare. Dans tous les cas, la lumière est diffusée dans tous les sens, et l’on verra toujours quelque chose.
La technologie a été développée par Panerai, et les pièces du système sont toutes produites en Suisse.
La technologie a été développée par Panerai et les pièces du système sont toutes produites en Suisse. Le brevet déposé porte sur le mécanisme lui-même, sur les technologies, ainsi que sur l’indication d’informations, temporelles ou autres. Nous pensons bien entendu à des applications différentes de celle de la date sur de prochains modèles Panerai.