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Échappement : un fort goût de silicium
Baselworld

Échappement : un fort goût de silicium

vendredi, 2 mai 2014
Par Louis Nardin
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Louis Nardin
Journaliste et consultant

“De l’audace, toujours de l’audace.”

Georges Jacques Danton

« Une montre de qualité concentre de la créativité, des compétences techniques et scientifiques rares, des gestes anciens. Elle touche au désir d’être unique, de se distinguer, d’afficher un savoir, une puissance, un goût. Une montre raconte plusieurs histoires à la fois, dont les détails et les secrets font la saveur. »

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5 min de lecture

Plusieurs marques, toutes de tailles différentes, dévoilaient de nouveaux échappements lors du récent Baselworld. Conséquence de l’arrêt annoncé des livraisons par le Swatch Group, plus gros producteur de composants, le phénomène se double d’un recours massif au silicium.

Premier assortiment maison chez Nomos ou Arnold & Son, soit les trois organes de l’échappement (roue, ancre et plateau) ; premier échappement (balancier, spiral) en propre incluant du silicium chez Maurice Lacroix ; premier organe réglant avec spiral en silicium Syloxi chez Rolex ; spiraux en silicium bientôt étendus à la quasi-totalité de la production Breguet, Blancpain et Jaquet Droz ; nouveau système à ancre suisse flottante chez Ulysse Nardin ; échappements à détente chez Christophe Claret ou Bulgari ; tourbillon « naturel » chez Kari Voutilainen. Échappement et régulateur ont été les maîtres mots techniques à Baselworld.

Émancipation

La fin programmée des livraisons d’assortiments, complets ou non, par le Swatch Group a des effets toujours plus visibles. Arnold & Son, Maurice Lacroix ou encore Nomos en témoignent. Le chronographe Tec 1 d’Arnold & Son intègre par exemple un échappement maison avec spiral métallique Nivarox et composants en acier. Chez Maurice Lacroix, la conception à l’interne de l’échappement de la nouvelle Masterpiece Gravity marque une étape importante dans son processus d’intégration industrielle. Le spiral métallique provient des ateliers d’Atokalpa. Sigatec signe l’ancre, la roue d’ancre ainsi que le double plateau du balancier, tous en silicium.

Quant à Nomos, la petite manufacture saxonne a consenti sept ans d’efforts et EUR 11,4 millions pour développer son « Swing system », premier échappement maison. La recherche a été menée en collaboration avec l’Université technique de Dresde et le Fraunhofer Institut. La marque a travaillé sur la mise au point d’un algorithme capable de calculer les caractéristiques des composants de l’échappement en fonction du train de rouage auquel il est associé. Axe stratégique fondamental selon Roland Schwertner, fondateur de la marque, il devrait permettre d’« obtenir une chronométrie supérieure à celle délivrée aujourd’hui par les sociétés spécialisées ». Les composants du Swing system sont tous d’origine allemande, réalisés en métal (spiral) ou par croissance de matière via la technologie Liga. Plus de 10’000 assortiments ont déjà été produits et Nomos prévoit de les fabriquer en acier d’ici à l’année prochaine.

Le silicium : la nouvelle norme

Chez les acteurs qui font le marché, l’heure est plus que jamais au silicium. De rareté technologique, il est devenu un matériau parfaitement adapté à la « grosse » production. Ses résultats chronométriques, sa technologie de fabrication d’une précision extrême et à coûts modérés ont largement milité en sa faveur. Ainsi, pour la première fois, Rolex introduit un spiral en silicium baptisé Syloxi. Il est présent dans le nouveau calibre 2236, qui équipe l’Oyster Perpetual Datejust Pearlmaster 34. Un brevet protège précisément sa géométrie, où les spires ont des pas et des épaisseurs différents et son système de fixation la forme d’un pont traversant. Désormais, les acteurs majeurs de l’horlogerie suisse utilisent quasiment tous le silicium, Patek Philippe ayant par exemple commencé en 2005 et Ulysse Nardin, pionnier en la matière, cinq ans plus tôt.

 

Rolex a créé l'événement en présentant la Datejust Pearlmaster 34, premier modèle de la marque équipé d’un spiral en silicium à la géométrie unique baptisé Syloxi

Au sein du Swatch Group, les montres Breguet, Blancpain et Jaquet Droz seront désormais systématiquement équipées de spiraux en silicium. Déjà présent chez Omega dans les calibres de série 8500, qui équipent en particulier la nouvelle Speedmaster, le Groupe a instauré ce matériau comme norme pour ses produits haut de gamme. Parmi les raisons de ce choix, l’aspect financier est à prendre en ligne de compte dans la mesure où les échappements à composants en silicium se révèlent plus rentables que leurs pendants traditionnels. « Même s’ils sont chers à la production aujourd’hui, ces composants permettent de réaliser des économies notoires, explique David Candaux, horloger-concepteur et cofondateur de la société Du Val des Bois. En effet, la pièce sort du moule pour ainsi dire prête à l’emploi. Même si quelques réglages et adaptations peuvent encore être nécessaires, sa forme précise au micron et sa surface sont définitives. L’économie se fait sur les gestes de l’horloger. Ils se réduisent au minimum. »

Le Swatch Group possède justement Nivarox, la société la plus performante et la plus importante dans la fabrication des échappements traditionnels. Le silicium n’est donc pas une nécessité, mais il prend certainement place dans l’avènement progressif des nouvelles gammes de montres « technologiques » de la multinationale. Cette évolution souligne par ailleurs un croustillant paradoxe. Dans les années 1980, le silicium avait indirectement contribué à la chute de l’industrie horlogère puisque intégré à la fabrication des composants électroniques des mouvements à quartz. Et aujourd’hui, ce même silicium a un statut d’allié stratégique pour le développement de l’horlogerie haut de gamme.

Récentes découvertes

La dernière édition de Baselworld a aussi été l’occasion de découvrir plusieurs innovations liées aux échappements. Ulysse Nardin a par exemple dévoilé la version définitive de son Échappement à ancre Ulysse. La tige et le pont d’ancre ont disparu au profit d’un cadre en silicium sur lequel l’ancre est rattachée. Une ancre qui devient « volante » puisque suspendue. Formé de lames positionnées perpendiculairement, l’Échappement à ancre Ulysse met à profit le principe physique du flambage, utilisé notamment par Girard-Perregaux pour son échappement Constant. Il assure des impulsions directes nettes, récupère un maximum d’énergie et réduit drastiquement les frottements.

Kari Voutilainen intègre, lui, pour la première fois son échappement « naturel » avec double roue à impulsion directe dans un tourbillon, le Tourbillon 6. Enfin, l’Ammiraglio del Tempo de Bulgari et la Maestoso de Christophe Claret partagent toutes deux un échappement à détente pivotée avec spiral cylindrique et système de force constante.

Le Tourbillon 6 de Kari Voutilainen est le premier tourbillon équipé de l’échappement naturel développé par l’horloger indépendant
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