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En Haute Horlogerie, la technique est un art
Economie

En Haute Horlogerie, la technique est un art

mercredi, 9 avril 2008
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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7 min de lecture

Quelle soit ostentatoire ou élégamment escamotée, la technique horlogère atteint depuis quelques années un niveau rarement égalé par le passé. Et pour une raison bien simple : les aficionados en redemandent. Ulysse Nardin et H. Moser & Cie ne le contrediront pas.

Une croissance de 50% en 2007, au point que l’on ne peut plus parler de stocks dans la Maison ; un lancement officiel en 2006 à Baselworld, immédiatement couronné de deux prix prestigieux la même année ; Ulysse Nardin et H. Moser & Cie démontrent à l’envi que la technique de pointe appliquée en Haute Horlogerie est un concept qui fait mouche, même si la démarche pour y parvenir emprunte souvent un esthétisme radicalement opposé. Tous les chemins mènent à Rome, pourrait-on dire, à condition bien sûr que l’itinéraire choisi soit sans concession par rapport au calibre proposé à un public averti. Et dans ce registre, les deux Maisons ont leur mot à dire.

Une démarche que nous résumons par ces quelques mots : différent par passion.
Eric Moser
Différent par passion

« En 2005, lorsque nous avons créé la société destinée à relancer la marque H. Moser & Cie, avec nos partenaires, nous sommes partis du principe qu’il était essentiel de respecter à la lettre l’esprit du fondateur, explique Eric Moser, président de la marque et descendant de l’horloger. En d’autres termes, nous avons dès le début cherché à travailler avec les meilleurs sous-traitants de l’Arc jurassien; nous avons d’emblée cultivé une dimension internationale au niveau des réseaux de ventes, comme notre illustre prédécesseur établi en premier lieu à Saint-Pétersbourg; et nous avons voulu réaliser des calibres irréprochables au niveau technique. Une démarche que nous résumons par ces quelques mots: différent par passion. » Ce leitmotiv a ainsi poussé H. Moser & Cie à développer des liens privilégiés avec des entreprises elles aussi présentent dans le secteur depuis plusieurs générations, que ce soit au niveau des composants ou du montage.

De plus, pour bien marquer ce nouveau départ, les ingénieurs de la Maison, sous la houlette de Jürgen Lange, directeur opérationnel et ancien responsable de la recherche chez IWC, ont mis au point un échappement original à double spiral, qui plus est conçu de telle manière qu’il peut être retiré du calibre en ôtant simplement deux vis. Une conception propre à tous les mouvements de la marque, identifiable au premier coup d’oeil à travers le verre saphir du fonds du boîtier. Car H. Moser & Cie est aux antipodes du cliquant. « Notre philosophie consiste à offrir des montres simples et élégantes, expose Jürgen Lange. Leur complexité se distingue seulement au deuxième regard lorsque l’on remarque tout le soin apporté aux nombreux détails exclusifs à la marque. Comme nous visons le meilleur, nous entendons réaliser tout ce qui est impossible de réaliser en grande série. »

Pas une manufacture

Depuis 2005, H. Moser & Cie a ainsi décliné ses garde-temps en restant fidèle à ces principes de base. Une fidélité qui a fait mouche: cette année, la Maison devrait franchir le cap des 1’000 pièces produites et vise les 5’000 unités d’ici trois à quatre ans. Cette progression se reflète dans les structures de la Maison qui compte aujourd’hui 60 collaborateurs répartis en trois sociétés distinctes réunies sous une holding. H. Moser & Cie est ainsi flanquée de Precision Engineering, société qui a racheté le savoir-faire de Straumann dans la fabrication de spiraux et qui produit et commercialise aujourd’hui des échappements complets haut de gamme, et d’une entité de support industriel, destinée à la fabrication de prototypes et de préséries. Cette filiale peut également être mise à contribution pour l’usinage de composants qui viendraient à faire défaut en raison des goulets d’étranglement de plus en plus fréquents dans la chaîne d’approvisionnement.

« Nous ne prétendons pas être une manufacture et nous n’avons pas l’intention de le devenir car on ne peut pas être parfait dans tous les segments de notre métier, poursuit Jürgen Lange. Cela dit, nous tendons à une certaine maîtrise industrielle comme le démontre notre production d’échappements entièrement réalisés à l’interne. » Pour le directeur de H. Moser & Cie, ne parvient toutefois pas au lancement réussi d’une marque qui veut: « Il faut d’abord trouver l’histoire parfaite d’une famille horlogère. C’est encore mieux si l’on peut compter sur l’un de ses descendants. Le second paramètre tient au travail exclusif réalisé au niveau du mouvement. On doit ensuite avoir beaucoup d’argent à disposition et aussi beaucoup de chance. » A n’en pas douter, pour H. Moser & Cie, l’ensemble de ces facteurs a été au rendez-vous.

Dans ce segment de marché, nous sommes tous logés à la même enseigne: nous n'avons pas assez de pièces.
Rolf Schnyder
Esthétisme et innovation

Cette percée remarquée de H. Moser & Cie sur un marché en pleine euphorie n’est pas un cas isolé loin de là. « Le haut de gamme ne connaît pas la crise, commente Rolf Schnyder, patron d’Ulysse Nardin, même pas aux Etats-Unis. En tout cas pour l’instant. Prenez la Royal Blue. Nous avons les capacités d’en produire 5 et nous avons déjà enregistré 8 commandes après seulement deux jours à Baselworld. Dans ce segment de marché, nous sommes tous logés à la même enseigne: nous n’avons pas assez de pièces. Un autre exemple: la Gengis Khan qui exige de véritables artistes pour la réaliser. Nous allons en produire deux fois trente exemplaires. Et aujourd’hui déjà, les amateurs se livrent à de la surenchère sur les prix pour pouvoir l’acquérir. Un phénomène analogue touche d’autres Maisons comme Audemars Piguet par exemple. Ce qui n’est toutefois pas exempt de danger si l’on considère l’apparition de 25 marques en un an. La gamme des Opus lancée chez Harry Winston a laissé croire que tout était possible. Mais ce n’est pas vrai. On ne crée pas une marque avec un ou deux modèles, sans parler du service après vente. »

Pour Rolf Schnyder, cette tendance est clairement alimentée par la course à l’innovation, un registre cher à Ulysse Nardin. « Avec la Freak, nous avons joué la carte de l’expressionnisme horloger à un moment où les Maisons ajoutaient complication sur complication. Nous avons beaucoup travaillé sur l’affichage de l’heure et l’esthétisme sans parler des aspects techniques car dans cette montre, tout est nouveau et tous les composants sont fonctionnels. Sans oublier le silicium, un matériau pour lequel nous avons incontestablement été les premiers. C’est cette combinaison qu’attendent les clients d’Ulysse Nardin: innovation et esthétisme. La InnoVision relève de cette même philosophie mais dans ce registre de la montre sans lubrifiant, nous avons été coiffés au poteau par Jaeger-LeCoultre. Cela démontre bien toute l’importance de la recherche dans notre métier. Mais une chose est sûre, nous ne pourrons pas continuer avec de tels taux de croissance. Finalement, ce n’est pas très sain… »

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