En arrivant à Palexpo, on remarque tout de suite un je-ne-sais-quoi rappelant le Salon International de la Haute Horlogerie. L’entrée de GemGenève est en effet à la fois élégante, discrète et contemporaine avec sa moquette grise et ses bouquets de fleurs menant aux portiques de sécurité. Une fois ceux-ci passés, il y a tout lieu d’être ébloui. Diamants scintillants de mille feux, saphirs du Cachemire, rubis de Birmanie, émeraudes de Colombie, le Salon leur fait la part belle grâce aux 147 exposants réunis pour cette première édition de GemGenève. « Avec Ronnie Totah, comme avec les autres confrères qui nous ont rejoints, nous partageons la même passion et avons vécu les mêmes rencontres, comme à Baselworld, pendant des dizaines d’années. Mais progressivement l’envie est venue de créer un rendez-vous plus intimiste, où nous ne serions pas perdus parmi tous les autres acteurs des divers métiers présents dans une grande foire. L’avis de nos clients a aussi compté dans l’idée de nous réunir et de créer quelque chose de différent. Ainsi est née l’idée de GemGenève », résume Thomas Faerber.
Choix judicieux du calendrier
Les deux fondateurs tiennent toutefois à préciser qu’ils n’ont pas mené leur projet contre Bâle. C’est plutôt l’envie de faire quelque chose qui reflète leur vision et leur réseau constitué de marchands de pierres et d’experts en joaillerie ancienne qui les a motivés. Or le monde du diamant et de la joaillerie est très bien représenté à Genève, via plusieurs entreprises souvent familiales et très confidentielles, qui y sont établies depuis des décennies. De plus, la cité est synonyme de luxe en général. Enfin, les dates n’ont pas été choisies par hasard : les ventes aux enchères de printemps, qui attirent négociants et collectionneurs du monde entier, se tiennent en effet juste après GemGenève. Notons d’ailleurs que, depuis quelques années, Genève conforte sa position dominante dans les ventes de diamants, avec à la clé des résultats record qui attirent toute l’attention voulue. Un coup de projecteur qui ne peut qu’être bénéfique à GemGenève.
Si la joaillerie est une branche qui a particulièrement le vent en poupe, rien d’ostentatoire ne s’impose toutefois dans cet univers feutré du Salon, où les organisateurs ont tenu à ce qu’aucun stand n’en occulte un autre. On y vient, certes, pour faire des affaires mais aussi pour se retrouver entre collègues, membres d’un écosystème indépendant qui se révèle parfaitement complémentaire à l’horlogerie. Pierre Maudet, ministre de l’Économie et de la Sécurité du canton, ne disait d’ailleurs pas autre chose lors de la cérémonie d’inauguration du Salon. À noter que les exposants, triés sur le volet, affichent de manière péremptoire leur engagement éthique dans un secteur qui en a bien besoin.
Un Salon reconduit en 2019
Lors des déambulations, impossible de manquer l’espace Créateurs, qui présentait les bijoux des étudiants de la Haute École d’art et de design de Genève, et celui consacré aux Emerging Talents, dédié au travail de quatre jeunes joailliers qui font leurs débuts dans cette industrie. Autre point fort du Salon, l’espace Contemporary Designer Showcase, mettant en lumière les créations de neuf joailliers provenant d’Europe, des États-Unis et de Russie, sous l’égide de l’historienne de la joaillerie Vivienne Becker. Les curieux ont également pu remarquer les dernières nouveautés de la collection Style of Jolie, créée par le joaillier californien Robert Procop en collaboration avec Angelina Jolie.
Enfin, GemGenève se veut non seulement une place commerciale mais également un forum de rencontres et un rendez-vous culturel animé par des experts mondiaux de la joaillerie que l’on pouvait retrouver lors d’une série de conférences et de séminaires. Au programme, des présentations et des masterclasses données par les historiens de la joaillerie Vivienne Becker, Vanessa Cron, Amanda Triossi et Michaël Krzemnicki, directeur du laboratoire de la Société suisse de gemmologie à Bâle. Inutile de dire que, dès le début de la manifestation, les allées frémissaient des premiers échanges entre ces professionnels de haut vol. Si bien que les organisateurs de GemGenève, qui tablaient sur une fréquentation de 10’000 visiteurs pour cette édition inaugurale, ont déjà fixé rendez-vous aux professionnels comme aux amateurs pour l’année prochaine !