C’est ce qu’on appelle un joli cadeau d’anniversaire ! Pour ses 150 ans, IWC Schaffhausen s’est offert une nouvelle manufacture à 42 millions de francs – le plus important investissement de la marque depuis 10 ans. Inauguré en grande pompe le 27 août dernier, ce bâtiment de 13’500 m² accueille aujourd’hui 238 employés, pour une capacité totale de 400 personnes. Pour la première fois, IWC parvient ainsi à réunir sous un même toit, en pleine campagne schaffhousoise, ses opérations d’usinage des composants, de préassemblage, d’assemblage des mouvements et d’assemblage des montres. Une unité ultramoderne également conçue pour faciliter la déambulation des visiteurs : parcours balisé et postes didactiques permettent ainsi aux invités de suivre, pas à pas, la construction d’une montre. Situé en ville de Schaffhouse sur les bords du Rhin, le site historique continue, quant à lui, à abriter les ateliers de Haute Horlogerie ainsi que l’ensemble de l’administration.
Nous ne voulions pas nous contenter de construire une usine fonctionnelle, nous voulions un bâtiment à haute valeur esthétique.
Un temple de l’horlogerie
Ces dernières années, IWC s’est énormément développé, jusqu’à atteindre les limites de capacité de ses locaux existants. Après deux extensions structurelles, impossible de construire davantage pour accompagner la croissance. Dans le même temps, la marque ayant décidé de développer stratégiquement ses compétences dans la fabrication de ses propres mouvements, la construction d’une nouvelle manufacture était devenue indispensable. « Bien entendu, le bâtiment devait offrir des conditions de production et de travail optimales, soulignait Christoph Grainger-Herr, CEO de la marque depuis un peu plus d’un an. Une expérience unique pour les visiteurs était également très importante pour nous. Mais nous ne voulions pas nous contenter de construire une usine fonctionnelle, nous voulions un bâtiment à haute valeur esthétique, qui exprime parfaitement l’esprit de notre marque. »
Le jeune Allemand parlait en connaisseur : diplômé en design d’intérieur de l’université de Bournemouth, en Angleterre, il a personnellement veillé au rendu architectural du site. Quelque 21 mois ont ainsi été nécessaires à la construction de ce « Manufakturzentrum », selon la terminologie officielle. Les façades vitrées avec leurs profilés noirs contrastent avec les avant-toits blancs en surplomb, faisant de l’ensemble un temple de l’horlogerie. « En 1868 déjà, notre fondateur, Florentine Ariosto Jones, combinait horlogerie traditionnelle et méthodes de production avancées, poursuivait Christoph Grainger-Herr. Depuis, nous n’avons cessé de développer cette approche. » La production de quelque 1’500 composants différents, leur assemblage de même que la fabrication des boîtiers sont ainsi directement inspirés du modèle en vigueur dans l’industrie automobile, avec ses fameuses chaînes de montage.
La totalité de la valeur ajoutée est désormais obtenue sur un seul étage, dans un ordre logique. J’en rêvais depuis que j’ai commencé chez IWC, en 2007 !
Des visiteurs en excursion
Pour Andreas Voll, COO d’IWC, c’est un vieux rêve devenu réalité : « Ce nouveau bâtiment nous a donné l’occasion de concevoir nos processus de production avec précision, de manière à obtenir un circuit optimal et une qualité parfaite, déclarait-il. À titre d’exemple, la totalité de la valeur ajoutée – de la matière première au mouvement de manufacture terminé – est désormais obtenue sur un seul étage, dans un ordre logique. J’en rêvais depuis que j’ai commencé chez IWC en 2007 ! » Un étage qui ressemble parfois à une usine high-tech : afin d’éviter toute contamination à la poussière, l’assemblage a lieu dans une atmosphère de salle blanche, dans des conditions similaires à celles de la production de puces informatiques. Ce sont ainsi 50’000 m³ d’air qui sont brassés chaque heure.
De son côté, le visiteur bénéficie également d’une expérience qui se veut novatrice. À l’intérieur de la manufacture, celui-ci se voit proposer une véritable excursion à la découverte des horlogers. Plusieurs tableaux de présentation et établis spécialement aménagés lui permettent de découvrir et toucher les différents composants. Et lorsque l’exploration devient difficile, des écrans prennent le relais : une caméra, astucieusement placée à l’intérieur d’une machine de tests, permet de vivre en direct la naissance quasi complète d’une montre. « C’est la première fois que nous poussons le concept si loin chez IWC, insistait Andreas Voll. Les amateurs de montres peuvent même procéder eux-mêmes au perlage de pièces ou au sertissage de pierres. Cela permet de se faire une idée précise de la concentration, de la patience et de la dextérité dont nos spécialistes doivent faire preuve dans leur travail quotidien. »