Diplômée de l’École supérieure des sciences économiques et commerciales, ancien chef des produits maquillage chez Christian Dior Parfums, Hélène Poulit-Duquesne a connu une ascension fulgurante. Chez Cartier, elle fut d’abord chef de produit, directrice adjointe puis responsable de l’équipe Marketing, Développement, Horlogerie. Elle est aujourd’hui directrice Marketing de Cartier International.
Nous avons compliqué le tout ! À partir du moment où nous avions décidé de faire revivre la mosaïque, pourquoi s’arrêter ? La Tortue était une mosaïque de style romain, composée de petits cubes tous égaux. Avec le Cheval, il s’agit d’une mosaïque de style florentin, où les morceaux sont découpés et l’image reconstituée comme un puzzle. Et nous avons même utilisé de l’émail pour le harnais. En plus, je suis fan de chevaux, et celui-là est un pur-sang arabe. Cela se voit à son naseau et au tour foncé de son œil.
C’est une technique géniale ! Le rendu est incroyablement intéressant et je trouve ça presque plus beau qu’une peinture miniature en émail. Le fond est un émail noir sur lequel l’on peint avec du blanc de Limoges. Le tout est passé au four six à huit fois. C’est une technique très ancienne.
Nous nous renseignons en permanence sur les métiers d’art. Il y a cinq ou six ans, j’ai fait faire un livre sur le sujet, qui définit de manière très précise tous les métiers d’art. Beaucoup concernent la peinture et l’ameublement.
Non, c’est purement à usage interne – c’est notre bible. Je l’ai fait faire par mon équipe, qui a entrepris un grand travail de recherche, dans des livres, sur Internet ou en rencontrant des spécialistes. Et, parfois, c’est aussi de la chance : les micromosaïques que j’avais découvertes à Saint-Pétersbourg n’étaient pas répertoriées ! C’est un puits sans fond.
Les Métiers d’art.
C’est de la gravure sur nacre. On peut graver beaucoup de choses, mais la nacre n’est pas une technique très connue. L’arrière-plan et le bec sont en émail champlevé.
Non ! Enfin, non, les artisans ne diraient certainement pas ça. Mais c’est un art maîtrisé, nous n’avons pas dû réinventer une technique disparue, comme la micromosaïque.
Nous avons énormément de compétences à l’interne. Si cela ne suffit pas, nous disposons d’un réseau, et nous réussissons toujours à trouver quelqu’un. Jusqu’à maintenant, nous avons trouvé tous nos professionnels en Suisse.
Ce sont toujours des sujets qui ont une histoire dans la maison. Cela dépend aussi de la technique utilisée. La mosaïque tortue, l’an dernier, était un motif à plat. Cela nous a permis de comprendre et apprendre cette technique. Avec le cheval en trois dimensions, nous sommes allés plus loin. De plus, il y a toujours eu des pièces avec des chevaux chez Cartier. Enfin, il s’agit d’un animal profondément ancré dans la culture en Asie et au Moyen-Orient. Ce n’est pas un non-sens de parler de chevaux à nos clients là-bas.
Totalement ! J’ai beaucoup de passions. Mais dans le domaine du luxe, si on aime les beaux objets, on aime les métiers d’art. Et cela fait de toute façon partie de l’histoire de Cartier. Ensuite, j’ai la profonde conviction qu’un certain nombre de métiers dans le luxe doivent être préservés. Les secrets de fabrication ne doivent pas se perdre. C’est un devoir moral de contribuer à la préservation des savoir-faire. Et si Cartier ne le fait pas, qui le ferait ?
Article paru dans le BIPH