Depuis son rachat par le Swatch Group en l’an 2000, Jaquet Droz produit des montres contemporaines inspirées de l’art horloger du 19e, siècle durant lequel Pierre Jaquet Droz se rendit célèbre. Esthétique et techniques artisanales de l’époque sont transposées dans le 21e siècle pour donner naissance à des collections d’une grande pureté, essentiellement présentées dans des boîtiers en or. Cependant, la demande se faisant ressentir, Jaquet Droz s’est décidée à faire appel à d’autres matériaux, à commencer par l’acier. La céramique, venue compléter l’offre en 2008, est une voie médiane qui fait particulièrement sens dans l’univers d’une marque qui compte parmi ses spécialités, les cadrans en émail Grand Feu. Comme l’émail, la céramique des montres est obtenue à partir de poudre et passée au four à haute température. Heureuse coïncidence exploitée avec une recherche d’exclusivité digne de la haute horlogerie.
Une céramique ultra raffinée
La céramique des montres Jaquet Droz se distingue par l’extrême finesse de la poudre d’oxyde de zirconium utilisée. Les grains ne dépassent pas 0,2 micromètre de diamètre, un seuil à la limite du possible, quand ils atteignent habituellement 0,5 micromètre. Ainsi, il faut sensiblement plus de matière première pour fabriquer chaque élément. Le surcoût engendré se justifie par l’obtention d’une dureté d’environ 1300 HV sur l’échelle de Vickers, d’une porosité inférieure à 0,1%, non plus à 0,2%, ainsi que d’une résilience accrue. Plus résistante aux rayures, cette céramique présente également un aspect lissé comme jamais — la réduction des imperfections apparaît clairement à la loupe. Elle sera sublimée par le polissage final.
Le procédé de fabrication implique la création de moules spécifiques, réceptacles de la poudre. Au four, cette dernière est soumise au frittage, elle s’agglomère en perdant une bonne partie de son volume et se vitrifie. L’opération est délicate car, comme pour l’émail, les risques de casse sont omniprésents. Pour les boîtes Jaquet Droz, il faut trois moules particulièrement onéreux, un pour la lunette, un pour la carrure et un pour le fond. Ces boîtes sont les premières à engendrer un tel degré de sophistication, d’autres ne comprenant que une ou deux pièces en céramique, d’autres encore étant habillées de céramique sur des structures en métal. Elles sont d’autant plus difficiles à produire que les formes sont délicatement galbées. Avec ces réalisations, Jaquet Droz signe l’avènement des boîtes entièrement composées de céramique dans le domaine de la haute horlogerie.
Les créations 100% Swiss Made sont le fruit du savoir-faire en constante évolution de Comadur, société du Swatch Group. Elles valorisent un matériau aux propriétés recherchées en horlogerie, anallergique, athermique et, comme on l’a souligné précédemment, difficile à rayer. Avec le traitement d’exception qu’elle reçoit pour Jaquet Droz, la céramique gagne en noblesse. Elle s’enrichit d’un éclat pur et profond de manière impressionnante, qu’elle soit blanche, à base du seul oxyde de zirconium, ou noire, à base d’oxyde de zirconium et de pigments intégrés dans le réseau cristallin.
Une épreuve de plus
En cette année 2009, Jaquet Droz repousse les limites de la technologie en présentant le Quantième Perpétuel Céramique, première grande complication intégrée dans une boîte toute en céramique. Le surcroît de complexité provient de la hauteur de la carrure — plus elle est élevée, plus son galbe est accentué — et surtout de l’intégration de correcteurs à têtes plates dans un profil courbe, correcteurs qui, encerclés de gouttes formées dans la masse, permettent d’assurer l’harmonie des foermes. Reste le perçage qui peut ébrécher cette matière aussi dense que dure et constituer un facteur supplémentaire de rejet. Le Quantième Perpétuel Céramique atteint sans doute les limites de ce qu’il est possible de faire actuellement. Edité à 88 exemplaires de couleur noire, il affiche les heures et minutes au centre, la petite seconde à 6h, la date et le jour par aiguilles rétrogrades, le mois et l’indication des années bissextiles à 12h.
Parallèlement, Jaquet Droz décline la Réserve de Marche Céramique, présentée l’an dernier avec un indicateur rouge sang, en multipliant les couleurs pétillantes. On suit l’évolution de la réserve sur des arcs bombés, brillant de l’effet de la laque posée en plusieurs couches. Fuchsia, vert, bleu, jaune et blanc illuminent des cadrans intensément noirs comme les boîtiers en céramique et les bracelets en caoutchouc. Une édition en technicolor limitée à 8 exemplaires de chaque couleur.