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Points de vue

Kari Voutilainen, l’homme du Nord qui ne connaît pas la crise

jeudi, 25 mars 2010
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

Si l’année 2009 est à ranger dans les pires exercices de l’horlogerie helvétique, tel n’est pas le cas pour tout le monde. Et notamment pour Kari Voutilainen, ce Finlandais établi à Môtiers qui peut se permette le « luxe » d’arriver à Bâle sans aucune nouveauté. Entretien.

Kari Voutilainen, horloger d’origine finlandaise formé à l’Ecole de son pays à Tapiola, établi à Môtiers (NE) depuis une trentaine d’années, est un homme au triomphe modeste. Triomphe, le mot n’est certainement pas usurpé pour ce professionnel qui a gagné le Grand Prix de l’Horlogerie de Genève dans la catégorie « Montre homme » en 2007 et qui a réussi le pari d’investir le tout haut de gamme de la branche avec ses garde-temps distillés au rythme d’une quarantaine par année. Cette année, à Baselworld, il est venu les mains vides mais le sourire aux lèvres. Rencontre

Comment sortez-vous de cette année 2009 marquée par la crise pour maints horlogers ?

Kari Voutilainen : en 2009, nous avons beaucoup travaillé, ce qui s’est notamment traduit par l’engagement de quatre professionnels portant à 11 le nombre de personnes actives dans notre atelier que nous avons par ailleurs déménagé. Comme nous étions trop à l’étroit, j’ai pris l’option de réunir mon domicile et mon lieu de travail à la même adresse. Cela dit, je n’ai pas pu prendre de commandes supplémentaires. Nous avons donc essentiellement œuvré à la réalisation de pièces déjà réservées, sans parler du travail de sous-traitance en termes de prototypie, de décoration et de production de composants. Cette activité, qui représente entre 20% et 30% de mon chiffre d’affaires, est importante à mes yeux car elle me permet de garder le contact avec la profession et de voir ce que font les autres Maisons dans le développement de leurs mouvements, soit autant des repères très intéressants. Pour être plus précis, nous avons donc honoré toutes les commandes du Chronomètre 27 si bien que ce modèle est maintenant terminé. Et nous sommes en passe de faire de même avec L’Observatoire. Si 2009 a essentiellement été dédié aux petites séries, l’année 2010 sera ainsi davantage consacrée aux pièces uniques.

Vous êtes donc en train de préparer la suite…

Je travaille en effet sur un nouveau mouvement que je veux construire entièrement à l’interne et qui représente la suite de L’Observatoire. Mais j’en parlerai seulement quand il sera prêt à livrer, c’est-à-dire probablement pour le prochain Baselworld. D’ici là, je ne prends toujours pas de commandes. En procédant de la sorte, je m’épargne toute pression psychologique pour autant bien sûr d’avoir le fond de roulement nécessaire pour tenir. Ce nouveau mouvement, contrairement à L’Observatoire où nous sommes partis d’une ébauche existante, sera entièrement réalisé à l’interne, sauf le ressort de barillet et le spiral qui vient de chez Moser, une entreprise qui joue vraiment le jeu, capable de nous livrer dans les deux semaines. Génial ! Pour ce qui est du spiral, il s’agit là d’une production qui fait appel à des concepts chimiques et métallurgiques que nous ne maîtrisons pas. La mécanique, au contraire, c’est notre rayon.

Vous n’avez donc pas besoin d’une quelconque forme de communication ?

Nous avons effectivement des clients réguliers qui achètent plusieurs de mes montres, voire beaucoup… Le contact avec ces personnes est essentiel dans la mesure où la plupart de mes ventes se font en direct. Comme je voyage peu, mes clients sont mes meilleurs ambassadeurs. Ils m’encouragent d’ailleurs à poursuivre dans la voie que j’ai choisie consistant à limiter ma production. Cela dit, j’ai quand même quelques relais comme le magasin « A L’Emeraude » à Lausanne ou le groupe Our Glass à Singapour qui est extrêmement dynamique. En automne dernier, par exemple, Our Glass a organisé une soirée à Singapour avec une centaine de personnes qui, soit portaient mes montres, soit voulaient en acheter….

L’évolution de la branche horlogère suisse en 2009 n’est donc pas représentative pour vous ?

En effet. En ce qui me concerne je pourrais exporter davantage mais je n’ai tout simplement pas les capacités de production. En d’autres termes, 2009 a été pour nous une grande année, marquée par des investissements importants et l’engagement de personnel supplémentaire. Récemment, j’ai encore embauché une guillocheuse et je cherche un deuxième mécanicien. En général, j’engage plutôt des jeunes que je forme à tous les métiers de l’horlogerie, de la mécanique à la décoration, pour qu’ils apprennent à travailler selon mes exigences de qualité et à respecter le travail des autres.

Pourquoi êtes-vous venu à Bâle si vous ne prenez pas de commandes ?

Ce Salon est très important pour moi. Il me permet de rencontrer mes clients et la presse. Il m’offre également l’opportunité de découvrir les nouveautés des autres Maisons. Il s’agit pour moi d’une occasion unique de voir leurs montres dans la mesure où le reste du temps, je le passe dans mon atelier…

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