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Kering affiche ses ambitions horlogères
Economie

Kering affiche ses ambitions horlogères

jeudi, 28 août 2014
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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4 min de lecture

En reprenant Sowind en 2011, société propriétaire de Girard-Perregaux et JeanRichard, le groupe Kering a lancé son cheval de Troie dans l’univers horloger helvétique. Avec le rachat d’Ulysse Nardin, la multinationale en constitue la colonne vertébrale.

Le cercle des Maisons horlogères indépendantes continue à se réduire comme peau de chagrin. Surtout celui peuplé par des entreprises qui, en vertu de leur taille, peinent à régater dans la cour des grands. En d’autres termes, la concentration horlogère continue de se poursuivre, comme le démontre le rachat d’Ulysse Nardin par le groupe Kering (ex-PPR) annoncé à fin juillet, lors de la publication des comptes semestriels de la multinationale française. Avec un chiffre d’affaires estimé par la Banque Vontobel à environ CHF 230 millions pour une production annuelle de quelque 25’000 pièces, Ulysse Nardin entre en effet de plain-pied dans cette strate horlogère se situant un cran en dessous des Rolex, Patek Philippe, Audemars Piguet ou Chopard, pour qui « indépendance » rime avec une forte présence sur les marchés.

À l’instar de Corum, repris en 2013 par des intérêts chinois, c’est donc au tour d’Ulysse Nardin de changer de mains. Fondée en 1846, la Maison avait été reprise par Rolf Schnyder en 1983, un entrepreneur qui a réussi à positionner la marque notamment en investissant très tôt dans son outil de production comme dans les technologies d’avenir. Ulysse Nardin est ainsi l’une des toutes premières sociétés horlogères à avoir su maîtriser le silicium, utilisé pour la production des composants de l’organe réglant, par exemple. Le décès inattendu de Rolf Schnyder en 2011 n’est toutefois pas resté sans conséquences pour Ulysse Nardin, qui se voyait privé de son âme et mentor. Pour assurer la pérennité et l’indépendance de la firme, Rolf Schnyder avait certes placé ses actions dans une fondation. Cela n’a visiblement pas suffi. D’autres options ont ainsi dû être prises en compte si bien que des rumeurs insistantes de rachat ont commencé à circuler dès le printemps dernier.

Ulysse Nardin a trouvé le bon relais de croissance.
Un prix raisonnable

Rumeurs confirmées aujourd’hui. Ce n’est d’ailleurs pas une surprise de voir Kering en tant qu’acquéreur. Le Groupe n’a jamais fait de mystères quant à ses intentions d’étoffer son pôle « Luxe – Montres & Joaillerie », une division nouvellement formée au sein de la multinationale qui a été confiée à Albert Bensoussan, un ancien de LVMH précisément en charge du développement du malletier dans la Haute Horlogerie. Mais jusqu’ici, Kering avait surtout étoffé son offre dans la joaillerie en reprenant ces deux dernières années Pomellato, Dodo et Qeelin, trois sociétés venant adosser Boucheron. Ses premiers pas dans l’horlogerie remontent à 2011 avec l’acquisition de Sowind, société faîtière des marques Girard-Perregaux et JeanRichard confiée à Michele Sofisti pour en assurer la restructuration. Une mission semble-t-il accomplie puisque, dès novembre prochain, Michele Sofisti s’occupera à nouveau à 100 % de Gucci, un des piliers de Kering dans l’univers du luxe dont les résultats semestriels se sont révélés plutôt décevants avec un recul de près de 5 % des ventes.

Reste que la présence dans le secteur horloger du groupe emmené par François-Henri Pinault était jugée vraiment insuffisante. D’où les discussions avancées avec Richard Mille, avortées toutefois durant l’été 2013. D’où l’annonce de ces dernières semaines portant sur l’acquisition d’Ulysse Nardin, dont la présidente Chai Schnyder et le CEO Patrick Hoffmann resteront en place. À n’en pas douter, la Maison sise au Locle (canton de Neuchâtel) va gagner en visibilité grâce aux réseaux de son nouveau propriétaire. Lorsque l’on sait ce que représentent les budgets de communication et de marketing nécessaires pour asseoir une marque au niveau international, soit quelque 10 % des ventes au bas mot, il y a fort à parier qu’Ulysse Nardin a trouvé le bon relais de croissance. Question aussi pour Kering de rentabiliser un rachat payé 13 fois le résultat opérationnel. Un prix tout à fait raisonnable, selon les analystes, en fonction de la base industrielle d’une marque constituée en manufacture et de son aura auprès des aficionados.

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