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Kevin Costner : « Il est temps que le monde se...
Histoires de montres

Kevin Costner : « Il est temps que le monde se réveille. »

mercredi, 6 juillet 2016
Par Frank Rousseau
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Frank Rousseau

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9 min de lecture

Ambassadeur des montres autrichiennes Jacques Lemans, Kevin Costner a toujours été un homme nostalgique d’une Amérique sauvage et préservée. C’est peut-être pour cela qu’à 61 ans il règle sa montre à l’heure de l’environnement, bien décidé à faire comprendre que le temps joue contre nous.

Remontée dans le temps

J’ai grandi à Compton, en Californie, dans une famille qui tirait le diable par la queue. Mes parents étaient ce qu’on appelait des « Oakies », des natifs d’Oklahoma. Quand ils sont arrivés en Californie, ils n’avaient rien. Nous avons été pointés du doigt, raillés, moqués pour ça. Mais mes parents se sont battus pour que nous ayons une vie heureuse. Avec mon frère, quand nous étions petits, nous jouions beaucoup à l’arrière de la maison. Pour nous, c’était le paradis. Jusqu’au jour où j’ai été invité chez quelqu’un qui avait une piscine. J’en suis resté baba. Un jour, mon père est entré dans ma chambre, il m’a regardé droit dans les yeux et m’a dit : « Il est temps que tu connaisses la vérité. Si tu regardes notre arbre généalogique, tu constateras que la famille venait de la Caroline du Sud. Puis elle a traversé le Missouri et s’est arrêtée en Oklahoma. Or l’Oklahoma, c’est l’aboutissement de la Piste des Larmes, suivie par les Indiens pendant leur migration… » Mes origines indiennes commencent à Noble Country, en pleine réserve cherokee. Je me considère donc comme un véritable Américain ! J’aime et je respecte mon pays, sa bannière étoilée et la vision idyllique qu’elle évoque. J’aime ses vastes étendues, son histoire, ses racines, la diversité de ses ressources, les opportunités qu’il vous offre, sa capacité à rebondir en toutes occasions. Si c’est ça, être chauvin, alors je le suis ! Maintenant, je ne suis pas dupe ! Ce pays court droit au désastre si nous ne changeons pas notre mode de vie. Le racisme, la cupidité, le cynisme sont les grands maux de notre époque et nous devons les combattre quotidiennement.

Il m’est arrivé de ramasser de vieilles bouteilles de Coca que je revendais au kilo pour me payer un hamburger.
Kevin Costner
Reconnaissance tardive

Au cinéma, je n’ai pas crevé l’écran à 20 ans. Cela ne s’est pas du tout passé comme ça. J’avais 27 ou 28 ans quand j’ai obtenu un rôle dans Silverado et Fandango. Et à partir de là j’ai commencé mon apprentissage. Un long apprentissage ! J’ai connu les périodes où le téléphone ne sonne pas, où les propositions ne viennent pas. J’ai eu le temps, croyez-moi, de penser à ce que je voulais faire de ma vie. Pour survivre, j’ai travaillé dans une société de construction, mais au bout d’un mois je me suis fait virer. De toutes les manières, je me voyais mal dans un bureau de huit à cinq. Vous savez, le genre de job où l’on regarde tout le temps sa montre. Je suis donc revenu à mes cours de théâtre, puis j’ai commencé à démarcher tous les imprésarios de la planète, à me présenter à toutes les auditions. Pour gagner ma croûte, je donnais de temps en temps un coup de main à des copains pour monter des décors de théâtre ou brancher une sono. Les jours de grande galère, il m’est aussi arrivé de ramasser de vieilles bouteilles de Coca que je revendais au kilo pour me payer un hamburger. À Hollywood !

Kevin Costner
Kevin Costner
À 6 heures du matin

Ma toute première prestation d’acteur devant une caméra, je m’en souviens très bien. C’était en 1980, je venais de décrocher, non sans mal, un petit boulot aux studios Raleigh. Je commençais à 6 heures du matin et je finissais souvent très tard ! Un jour, j’ai entendu parler d’un film qui se préparait. Le film s’appelait Frances et avait pour vedette Jessica Lange. Je savais qu’il me fallait coûte que coûte obtenir ma carte d’acteur professionnel. Mais pour cela, il me faillait un rôle parlant. Gonflé à bloc, je me suis pointé sur le set. Le metteur en scène Graeme Clifford, séduit ou peut-être apitoyé, m’a alors offert une réplique de trois mots qui consistait à dire « Good night, Frances ». Par la suite, j’ai enchaîné avec pas mal de navets. Et si Cindy, ma première femme, qui était hôtesse de l’air, n’avait pas été là pour mettre du beurre dans les épinards, je n’aurais jamais percé dans ce business. Quand j’y pense, la vie ne manque pas de piment. À l’époque, j’étais guide touristique et je voyais les gens descendre du bus pour placer leurs mains et leurs pieds dans les empreintes laissées par les stars sur Hollywood Boulevard. Or, aujourd’hui, j’ai une plaque à mon nom sur le Walk of Fame. C’est ce que l’on pourrait appeler le « mystère de la vie ». Ce qui ne m’empêche pas d’avoir un quotidien qui ressemble à celui de n’importe qui.

Hommage au bel ouvrage

J’ai toujours été très admiratif des artisans. Dans l’industrie horlogère, je sais qu’il y a des artistes qui peuvent réaliser des œuvres d’art sur un espace très réduit. Leur patience est infinie et leur précision, le fruit de longues années d’apprentissage. Je serais bien incapable de faire ce qu’ils font lorsqu’ils travaillent sur une montre. Personnellement, j’aime aussi travailler de mes mains mais sur des choses beaucoup plus grosses que des pièces d’horlogerie. Ne me demandez pas pourquoi, cela me procure un immense sentiment de joie. Quand je ne passe pas des journées sur mon tracteur, j’aime bâtir. Je ne suis pas quelqu’un qui va être capable de vous dessiner une maison d’architecte, mais je peux très bien œuvrer aux côtés d’un pro sans poser de questions trop stupides. Quand j’étais au lycée, j’ai construit les structures de maisons en bois et ce, alors que je n’étais même pas charpentier. Pour apprendre les techniques de construction, je me revois négocier des heures et des heures avec un artisan. Je lui avais demandé de me tuyauter, de me former en échange de deux semaines de travail gratuit. Pendant deux semaines, j’ai donc bossé pour rien avec ce gars qui m’a donné des tas de conseils dont je me sers encore aujourd’hui. À force de persévérance, de pugnacité et d’entraînement, j’ai fini par être en mesure de construire de mes mains ma propre maison.

Parfois, j’ai envie de pleurer quand je vois dans quel état déplorable nous avons mis notre planète.
Kevin Costner
Écolo de la première heure

Je regarde ce monde, la nature notamment, avec le même émerveillement que lorsque j’avais 8 ans. Mais, parfois, j’ai envie de pleurer quand je vois dans quel état déplorable nous avons mis notre planète. Pour autant, je ne veux pas me laisser envahir par le doute, notamment en ce qui concerne notre capacité à nous réformer ! Avec mon frère Dan, nous avons fabriqué une batterie qui fonctionne avec la force d’inertie. Notre plus grand problème aujourd’hui, c’est que nous savons créer de l’énergie avec le soleil, l’eau, le vent, mais nous ne savons pas la stocker. C’est ce qui m’a intéressé dans ce projet, notamment pour les pays en développement. Projet dans lequel j’ai investi 15 millions de dollars. Et puis, il y a les marées noires. Bien avant le drame de BP, en 1989, je regardais la télévision quand, soudain, les informations ont montré des images aériennes de l’Exxon Valdez, dont les cuves laissaient s’échapper un liquide noir et visqueux. Assister, impuissant, au spectacle de ce pétrole qui « salopait » l’un des endroits les plus sauvages de la planète m’a profondément meurtri. On nous avait assuré qu’une telle catastrophe ne pouvait pas toucher les eaux territoriales américaines. Encore une fois, mon pays avait péché par optimisme et par arrogance. Au final, une nappe de 40 000 tonnes de pétrole brut a fini par s’échouer sur plus de 800 km de côte. Les États-Unis venaient de faire face à la plus grave catastrophe pétrolière de son histoire.

Bien sûr, après ce drame, certains organismes gouvernementaux ont imposé des navires à double coque. Seulement, avec la croissance du trafic maritime de ces 20 dernières années, le risque de télescopage de ces monstres des mers est devenu exponentiel. Du coup, j’ai investi dans une machine qui permet de séparer le pétrole de l’eau. Et notre machine, qui fonctionne comme une centrifugeuse, est incontestablement la meilleure du marché. Le problème, c’est que les grandes compagnies du secteur ne s’intéresseront pas à mes machines tant qu’elles n’y seront pas contraintes pas la loi. Mais je ne baisse jamais les bras. Pouvoir séparer l’eau des polluants est devenu vital aujourd’hui, car dans certains pays les usines ne savent toujours pas quoi faire de leurs eaux usées. Au départ, elles les déversaient dans les rivières, ensuite dans de vieilles mines ou des puits profonds. Quitte à empoisonner pour toujours les nappes phréatiques ! Il est vraiment temps que le monde se réveille.

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