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Economie

La contrefaçon « coûte » 2 milliards de francs à l’horlogerie suisse

lundi, 29 mars 2021
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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Au niveau helvétique, la récente étude de l’OCDE désigne clairement l’horlogerie comme la principale victime de la contrefaçon. La valeur du commerce international de fausses montres suisses représente près de CHF 3,5 milliards par an, soit un manque à gagner de l’ordre de 2 milliards pour les entreprises de la branche.

La semaine dernière, l’OCDE faisait part des conclusions de son étude « Contrefaçon, Piratage et l’Économie suisse » mandatée par l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle. Le constat est sans appel : l’impact du commerce illicite de biens contrefaits est « une menace sérieuse portant atteinte aux titulaires de droit, au gouvernement suisse ainsi qu’à la société dans son ensemble ». Rien d’étonnant à cela, pourrait-on malheureusement dire ! Comme les performances helvétiques en matière d’innovation sont une des meilleures au monde et comme son économie, basée sur la connaissance, produit des biens et services à forte valeur ajoutée qui bénéficient considérablement de la propriété intellectuelle, ces caractéristiques en font une cible « vulnérable aux risques mondiaux de contrefaçon et de piratage », selon les termes de l’étude. Principal mérite des investigations de l’OCDE portant sur l’année 2018-2019, ils viennent confirmer en chiffres l’ampleur du problème.

C’est l’horlogerie suisse qui se taille la part du lion dans ces « tristes » statistiques.

La valeur totale du commerce mondial de faux produits violant les droits de propriété intellectuelle suisses a ainsi représenté en 2018 un montant de CHF 7 milliards, soit 2,3 % de la valeur totale des exportations de biens suisses. Reporté sur les ventes des entreprises helvétiques, cela représente une diminution estimée à CHF 4,5 milliards, tandis que les recettes du gouvernement subissent une baisse de rentrées fiscales estimées à près de CHF 160 millions. Même constat en ce qui concerne le marché du travail avec la perte de plus de 10’000 emplois, soit 1,7 % des places de travail dans le secteur manufacturier helvétique. Et c’est l’horlogerie suisse qui se taille la part du lion dans ces « tristes » statistiques. En cette même année 2018, « la valeur du commerce international de fausses montres suisses s’est élevée à CHF 3,35 milliards, ce qui représente 48 % du commerce de produits suisses contrefaits », relève l’étude. Pour les Maisons de la branche, ce détournement des ventes se traduit par une baisse annuelle du chiffre d’affaires de CHF 2 milliards.

Estimation des pertes de ventes pour l’industrie manufacturière suisse (2018)

Secteur Pertes en mio. CHF Part dans les exportations
Nourriture, boissons, tabac 353,3 3,69 %
Parfumerie et cosmétiques 108,3 2,94 %
Textiles et autres produits intermédiaires 274,6 3,10 %
Vêtements, chaussures, cuir et produits connexes 538,5 12,49 %
Montres et bijoux 2'002,2 6,12 %
Appareils électroménagers, équipements électroniques 746,7 2,50 %
Machines, équipements industriels, ordinateurs et périphériques 415,0 1,53 %
Biens culturels et récréatifs 16,0 2,57 %
Total des pertes de ventes 4'454,4 1,4 %

« Cette étude de l’OCDE sur les dommages causés à l’industrie horlogère suisse par la piraterie nous permet aujourd’hui de poser un diagnostic précis sur les estimations que nous avions jusqu’ici, explique Jean-Daniel Pasche, Président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH). La contrefaçon est un fléau qui porte atteinte à nos entreprises, à nos emplois, aux finances publiques, à nos prestations sociales et à la santé. Les dommages pour l’horlogerie seule sont considérables, non seulement en termes de pertes financières mais également en raison des atteintes à la réputation de nos entreprises. En ce sens, ceux qui achètent des produits contrefaits en toute connaissance de cause doivent savoir qu’ils soutiennent des organisations criminelles et contribuent, de ce fait, à leurs trafics où l’exploitation des enfants n’est pas rare. »

La mauvaise nouvelle, c’est que le marché des montres suisses contrefaites est tiré par la demande.

Sans surprise, on apprend que la grande majorité des faux produits violant la propriété intellectuelle suisse viennent de Chine et de Hong Kong, mais aussi de Turquie et de Singapour. Et comment sont-ils expédiés ? Essentiellement par détournement de modes de transport par voies maritimes, fret aérien et courriers express. En termes d’expédition de faux produits « suisses », les petits colis ne contenant qu’un seul article envoyés par la poste ont la cote. Et ceux-ci sont commandés par des consommateurs parfaitement au fait de la nature de leurs achats : 55 % des acheteurs de fausses montres suisses ont sciemment acheté des contrefaçons au rabais et des « replica », note l’OCDE.

La mauvaise nouvelle en ce qui concerne l’horlogerie, c’est que « le marché des montres suisses contrefaites est tiré par la demande, expose l’étude de l’OCDE. Les contrefacteurs réagissent rapidement aux changements de la demande pour les fausses montres et ont les capacités industrielles pour adapter leur offre ». De plus, le vecteur Internet semble loin d’être maîtrisé, d’autant que la pandémie actuelle a encore renforcé le problème, même si les effets restent limités en termes de volumes, précisent les experts. Une bonne raison, selon la FH, pour renforcer la lutte. Et celle-ci passe par des saisies sur le terrain, des fermetures de sites illicites et des cours de formations aux services douaniers. Sans oublier les campagnes de sensibilisation auprès des consommateurs, le véritable « catalyseur » du commerce du faux !

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