Adaptant son outil de production aux nouvelles contraintes économiques – 160 personnes ont été récemment mises au chômage partiel à Villars-sur-Glâne –, la Maison Cartier affiche une certaine sérénité quant aux années difficiles qui s’annoncent pour le secteur horloger. Preuve en sont les premiers échos du SIHH 2009. Interview de son patron Bernard Fornas.
(Rires) Comme se plaisent à dire les Suisses, je suis déçu en bien ! La crise est là, inutile de le nier. Mais nous nous en sortons plutôt bien.
Certaines zones plus que d’autres, effectivement. Les Etats-Unis et l’Asie ont marqué une certaine frilosité. La clientèle du Moyen-Orient, quant à elle, s’est caractérisée par son hétérogénéité. Mais nous avons déjà vécu un certain nombre de crises. Aussi avons-nous abordé ce salon avec sérénité.
Avec 300 boutiques réparties dans le monde et une approche clientèle très personnalisée, nous disposons d’un excellent baromètre ! Nous avons donc pressenti l’attentisme d’aujourd’hui et pris des mesures rapides. La réactivité et la flexibilité font partie des grandes forces de Cartier.
Nous l’avons fait en novembre dernier au Japon, mais uniquement face à l’appréciation du yen. Cela n’a rien à voir avec la crise. Afin de prévenir le ralentissement conjoncturel, nous avons certes pris des mesures de chômage partiel. Mais notre site principal de la Chaux de Fonds n’est pas touché. En période de crise, il ne faut surtout pas fusiller l’outil de production.
Je dirais que c’est indispensable ! Les crises sont toujours synonymes d’opportunités. Cartier est une Maison qui symbolise la créativité. La clientèle, elle, préfère désormais se recentrer sur les valeurs sûres. Cartier à pour réputation celle d’être le « Roi des joailliers ». La qualité et l’inventivité de nos produits rassurent et le succès de nos collections rencontré cette année le prouve.
Je suis assez d’accord. Ces dernières années d’euphorie ont débouché sur beaucoup d’aberration. Certaines marques se sont diversifiées dans des segments aux antipodes de l’horlogerie, d’autres se sont laissées séduire par l’argent facile. Lorsque tout va bien, il faut savoir résister au chant des sirènes, protéger son image, se concentrer sur son savoir-faire, se diversifier avec une grande parcimonie. Tôt ou tard, il y a un effet boomerang. Certains ne s’en remettront pas.