Il ne se passe plus guère de semaines, voire de jours sans que les nouvelles en provenance des marchés boursiers en pleine déroute ne viennent alarmer la communauté financière. Quelles en seront les répercussions sur le fonctionnement des affaires en cette période de restriction du crédit, quel sera le comportement des consommateurs sur les principaux marchés, des consommateurs qui assurent plus de 50% du Produit intérieur brut des principales économies ? Ces questions, à l’heure actuelle, tout le monde se les pose, tant le choc est brutal, sévère, quasi inattendu. Et l’industrie du luxe ne fait bien évidemment pas exception. Décidé avant même que l’actualité ne rattrape les économies développées, le forum organisé par la Fondation de la Haute Horlogerie à l’intention des patrons des marque faisant partie de son périmètre tombe ainsi à point nommé.
Après cinq ans d’euphorie, l’atterrissage risque ainsi d’être plus brutal qu’on aurait pu l’imaginer il y a quelques mois à peine.
« Si l’on devait se référer au marasme qui frappe actuellement les marchés financiers, nous pourrions facilement conclure à la fin d’un modèle qui laisse aujourd’hui sur la touche nombre d’établissements et de collaborateurs, expose Franco Cologni dans sa présentation du Forum. De la même manière, on ne peut plus, aujourd’hui, faire l’économie d’une réflexion sur le devenir de l’industrie du luxe en général et de l’horlogerie en particulier. La géographie mondiale de la création de richesse est en pleine mutation ; les valeurs sociales des populations aisées se modifient ; la conjoncture internationale bat de l’aile. Après cinq ans d’euphorie, l’atterrissage risque ainsi d’être plus brutal qu’on aurait pu l’imaginer il y a quelques mois à peine. »
« Savoir changer de nature »
Ce premier forum, qui se veut exclusif et réservé aux directeurs des Maisons de Haute Horlogerie, a ainsi été conçu comme une plateforme d’échanges et de réflexions autour du thème « L’industrie du temps en mutation ». « C’est pour tenter de dessiner les nouveaux contours que prend l’univers du luxe dans un monde désormais soumis à la loi du changement que nous organisons cette rencontre. Si tu savais changer de nature quand changent les circonstances, ta fortune ne changerait pas, disait Machiavel. Quelle sera donc cette nouvelle nature ? », s’interroge encore Franco Cologni. Organisé au World Economic Forum, cette journée, qui coïncide avec le Grand Prix de l’Horlogerie de Genève, est ainsi destinée à explorer les nouvelles orientations que doit prendre une industrie dont l’une des principales caractéristiques est d’avoir toujours su inspirer rêves et envies. Qui mieux que la FHH pouvait donc « s’atteler » à pareille tâche, elle dont la vocation est de promouvoir et sauvegarder les valeurs propres à cet univers qui positionne la Suisse au centre de la carte des maîtres du temps ?
Comme la vocation du forum est d’élargir les horizons, il ne se limitera donc pas aux seules personnalités du monde horloger. Gilles Lipovetsky, philosophe et sociologue, Thierry Lombard, associé-gérant de la banque privée Lombard Odier Darier Hentsch & Cie, François Curiel, directeur Europe de Christie’s, Ulrich Bez, patron d’Aston Martin, Chris Sanderson du Future Laboratory London et Gillian de Bono, rédactrice en cheffe du supplément How to spend it du Financial Times, viendront partager leurs expériences et débattre aux côtés de Jean-Christophe Babin (Tag Heuer), Jean-Claude Biver (Hublot), Jérôme Lambert (Jaeger-LeCoultre), Richard Mille et Juan Carlos Torres (Vacheron Constantin). Avec ce forum, la FHH propose la première manifestation du genre, un rendez-vous peut-être indispensable…