Ce n’est un mystère pour personne et sûrement pas pour les horlogers : tout plongeur qui se respecte se fie aujourd’hui à son ordinateur de poignet avant de se référer à sa montre mécanique, qui sert, au mieux, de filet de sécurité. Qu’à cela ne tienne, les gardiens du temps se sont presque tous prêtés à l’exercice. Pour certaines Maisons qui ont participé à l’aventure des mers bien avant que l’électronique ne soit de la partie, c’est même une question de légitimité à préserver. La raison de cette présence sous-marine est facile à comprendre. Pour obtenir l’appellation « montre de plongée », un garde-temps doit répondre à un certain nombre de critères dûment homologués sous la norme ISO 6425 qui en font des instruments robustes, précis et fiables, taillés pour l’aventure. Précisément les qualités que nombre d’aficionados recherchent sans pour autant explorer d’autres fonds aquatiques que ceux de leur baignoire. La montre de plongée est donc devenue le symbole d’un style, d’un art de vivre qui identifie parfaitement celui qui la chérit.
Des valeurs terrestres
Bon an mal an, les horlogers sont ainsi prompts à présenter des modèles susceptibles de séduire cette population aquaphile éprise d’embruns. Sauf qu’en cet exercice 2016, qui ne bénéficie certes pas des meilleurs auspices, les amateurs sont mis au régime sec. Les horlogers n’ont d’yeux que pour les poignets urbains et civilisés. Jaeger-LeCoultre, pour prendre un exemple, grand pourvoyeur de montres de plongée avec, notamment, sa Deep Sea ou ses Master Compressor, redonnait vie en fin d’année dernière à sa Geophysic, modèle des plus classiques s’il en est, avant de porter tous ses efforts sur la Reverso en cette année de 85e anniversaire. D’instruments profilés pour les abysses, point de trace. Pas plus que chez IWC, dont les Aquatimer sont reléguées au profit des montres Pilot, ou encore chez TAG Heuer, dont l’Aquaracer fait figure de vieille « guimbarde » aux côtés de la branchée TAG Heuer Connected ou du fringant chrono tourbillon Carrera Heuer 02-T. Audemars Piguet a bel et bien osé. Mais c’est essentiellement en habillant sa Royal Oak Offshore Diver Chronograph de couleurs pimpantes, limite fluo-disco, que la Maison manifeste sa présence. Cartier, qui avait également investi avec bonheur le registre marin avec sa Calibre Diver, a préféré se projeter sur l’asphalte cette année avec ses Drive au look… terrestre. Même Panerai, la marque au profil de plongeur, décline ses Radiomir 1940 à l’envi, soit un modèle facilement connoté « de ville ».
On croirait voir James Bond arracher sa combinaison de plongée pour mieux ajuster son nœud papillon.
Le raffinement en tenue de plongée
C’est donc vers un univers plus lisse et policé que glisse ce parangon de la montre sportive. En présentant sa toute dernière Diagono Scuba (calibre BVL 191 Solotempo), montre nautique et sportive par excellence dont le premier modèle date de 1994, Bulgari ne dit pas autre chose : « Diagono Scuba n’est pas une simple plongeuse bardée de tous ses brevets d’étanchéité. Elle est la montre élégante, au raffinement italien contemporain en tenue de plongée. » On croirait voir James Bond au sortir de la mer arracher sa combinaison pour mieux ajuster son nœud papillon. Si l’originalité vient donc essentiellement de l’habillage, comme le montre encore la nouvelle Oris Carl Brashear Limited Edition (mouvement Sellita SW200) proposée dans un boîtier en bronze, c’est à nouveau du côté de la femme qu’il faut voir s’affirmer les velléités horlogères. Eterna, qui orchestre son retour sur le devant de la scène, arrive ainsi avec une Lady KonTiki Diver (mouvement Sellita SW200), « une plongeuse au féminin ».
Mieux encore, Omega vient de dévoiler sa toute nouvelle Planet Ocean 600M Master Chronometer, une sportive dame de 39,5 mm en or Sedna 18 carats et céramique ton chocolat taillée pour le grand frisson. D’autant qu’il s’agit là d’une des toutes premières montres féminines à remplir les critères définis par l’Institut fédéral de métrologie METAS, soit un calibre automatique 8801 résistant à des champs magnétiques de 15 000 gauss pour une précision supérieure à celle voulue par le COSC. D’où l’indication Master Chronometer pour naïades confirmées.