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Points de vue

« La politesse des montres est de donner l’heure exacte »

vendredi, 15 octobre 2010
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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6 min de lecture

François-Paul Journe a raté le dernier Concours international de chronométrie avec son Chronomètre Souverain. Qu’à cela ne tienne. Étant donné que ce sont deux tourbillons qui ont gagné l’épreuve, à ses yeux, cela veut dire que la prochaine compétition reste des plus ouvertes…

Chez François-Paul Journe, rien n’est figé dans le marbre, si ce ne sont quelques grands principes qui régissent ses garde-temps « Invenit et Fecit ». Tout juste de retour d’une tournée asiatique, il revient sur quelques-uns des récents événements, dont le Concours international de chronométrie, organisé par le musée de l’Horlogerie du Locle.

Que s’est-il passé avec votre garde-temps lors du récent Concours de chronométrie ?

François-Paul Journe : Notre montre a échoué avant même le début du concours. Ce qui me fait penser que les maisons qui ont présenté deux garde-temps ont eu raison de le faire ! Comme je le dis toujours, la politesse d’une montre est de donner l’heure exacte. D’où mon intérêt pour cette « compétition », car elle repose sur un principe objectif, contrairement aux différentes attributions de prix qui, elles, sont généralement soumises à l’appréciation d’un jury et comportent donc des jugements subjectifs. Dans ce contexte, gagner un tel concours de chronométrie est un minimum si l’on prétend faire des montres de précision.

Étant donné votre point de vue sur l’utilité du tourbillon en termes de précision horlogère, n’êtes-vous pas étonné que ce soient deux d’entre eux, réalisés par Jaeger-LeCoultre, qui aient remporté les premières places ?

À mon avis, cela signifie que le concours reste très ouvert et, donc, que l’on peut faire mieux. Les deux pièces qui ont remporté le concours ont été soumises à un intense travail de réglage, contrairement à la nôtre, car je dois bien avouer que je n’avais plus les délais en tête. Cela dit, notre Chronomètre Souverain fonctionnait très bien quand nous l’avons envoyé. Trois semaines plus tard, il affichait une dérive de 17 secondes par jour, ce qui en soi n’est pas dramatique si la dérive reste constante. Le spiral s’est déstabilisé. Au moment du réglage, il avait perdu sa résistance. Lorsque sa mémoire élastique est revenue, la montre s’est en quelque sorte « emballée ». J’ai quand même pris la peine par la suite de la réétalonner. Et je dois dire que j’en étais très satisfait. Cela dit, ce type de déconvenue fait partie du jeu. C’est un peu comme dans le dessin animé Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines, tout est permis.

La précision horlogère des pièces mécaniques est-elle donc si difficile à réaliser ?

De prime abord, on pourrait dire que la précision est aussi simple que cuire un œuf au plat. La différence avec les pièces de compétition, c’est le temps passé à affiner le réglage, ce qui ne constitue par une activité très créatrice. C’est pourquoi, dans mes créations, je recherche toujours la simplicité. Si j’y intègre trop de composants, je sais que cela ne fonctionne pas. Mais à vouloir faire simple en matière de complications horlogères, on se rend la tâche plus ardue. Si je prends l’exemple de mon modèle Grande Sonnerie, qui inclut un mécanisme inédit de protection du système horaire quand la réserve de marche décline, il ne comprend que 450 composants. En d’autres termes, j’ai voulu que cette montre ne puisse subir aucune panne du fait de l’utilisateur. Si la montre revient dans nos ateliers, cela voudrait dire que l’erreur se situe de mon côté.

S’agit-il d’une constante dans vos créations ?

En effet. Cela fait 35 ans que je fonctionne ainsi. Quand j’ai débuté mes propres créations après des années de restauration de garde-temps anciens, je n’ai jamais fabriqué plus de pièces que de raison pour me faciliter la tâche. Tout comme George Daniels, je garde précieusement tous les composants de rebus de cette époque pour bien me rappeler que chacun d’entre eux est source de problème. Il s’agit donc d’en intégrer un minimum. D’une manière générale, quand j’imagine une complication, j’en définis le concept. Ensuite je commence par dessiner le cadran. Il s’agit de définir une harmonie qui ne peut pas attendre que la mécanique soit prête. Dans un deuxième temps seulement, je m’attaque au mouvement. Avec l’expérience, dans 95 % des cas, j’ai vu juste. Cette démarche est finalement soumise à un impératif. La première chose qui saute aux yeux est bel et bien le cadran. Sans un équilibre des formes, parfois suffisamment évident pour que l’on ne s’en rende pas compte, l’objectif n’est pas atteint.

Pour revenir aux distinctions qui par ailleurs ornent l’un de vos salons d’accueil, elles ont donc une importance à vos yeux ?

Si l’on participe à ces concours, c’est pour gagner. On y participe donc avec des garde-temps susceptibles de remporter la palme. Cette année, par exemple, j’ai proposé quatre modèles au Grand Prix d’horlogerie de Genève : le Chronomètre Bleu dans la catégorie « Homme », la Vagabondage II dans celle de la montre « Design » et deux modèles dans les garde-temps à complications, le Chronomètre à Résonance et la Répétition Souveraine. Comme je n’ai pas pu participer au concours en 2009 pour avoir gagné l’« Aiguille d’Or » l’année précédente, synonyme de participation au jury, j’ai bien l’intention de repartir avec au moins une distinction.

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