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La révolution numérique touche différemment les métiers...
Economie

La révolution numérique touche différemment les métiers horlogers

lundi, 2 juillet 2018
Par Fanny Nicolet
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Fanny Nicolet

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5 min de lecture

La révolution industrie 4.0 implique l’émergence de nouveaux métiers, la préservation des savoir-faire les plus pointus et la prise en compte lucide des effectifs à garder.

Leitmotiv des années d’euphorie, l’ancrage dans la tradition est-il encore une réalité du monde horloger ? Sans aucun doute, si l’on se fie aux succès de Maisons et même de modèles qui ont une histoire forte. Mais ce n’est plus suffisant. Pour faire face aux besoins de pousser la production, la branche s’est fortement automatisée dès les années 1990. Il serait en effet inconcevable de réaliser entièrement à la main plus de 7 millions de montres mécaniques qui sortent annuellement des manufactures helvétiques. Aujourd’hui, celles qui sont versées dans les gros volumes de production sont en train de passer de l’automatisation vers l’usine 4.0, un concept né en Allemagne compris comme le point de convergence entre la conception numérique, le monde virtuel et la gestion physique des produits dans un objectif de personnalisation extrême. Toujours plus connectée, la chaîne de valeurs transforme bien sûr la manière de travailler. Un exemple ? Lorsqu’Omega a inauguré sa nouvelle usine ultra-performante en novembre dernier, son système de stockage a retenu toutes les attentions : ce centre gère plus de 30 000 containers renfermant les composants nécessaires à la production des montres de la marque. Toutes ces pièces sont ainsi automatiquement convoyées vers les 350 employés Omega pour une souplesse et une réactivité extrêmes dans les processus de fabrication.

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Métiers consolidés

Mais tous les acteurs ne montrent pas le même engouement pour cette évolution. Tout dépend du positionnement de l’entreprise, de sa taille et de ses moyens, car l’industrie 4.0 suppose des investissements lourds. Sans parler des conséquences sur les forces de travail. L’industrie horlogère suisse n’échappe évidemment pas à ces interrogations. Notamment celle consistant à se demander si cette évolution est une chance ou un danger et pour quels types d’activité. S’il est pour l’instant impossible de chiffrer la menace sur l’emploi, il est en revanche plus facile de cerner les professions qui risquent bien de tirer leur épingle du jeu, voire d’en profiter pleinement.

Pour contrebalancer la robotisation, les horlogers valorisent le travail manuel et toute la finesse qu’il implique.

En Haute Horlogerie, ce sont les métiers d’artisan qui vont certainement s’en sortir. Comme si, pour contrebalancer la robotisation, il fallait valoriser davantage le travail manuel et toute la finesse qu’il implique. Pour les seuls cadrans par exemple, nombre de métiers différents sont à l’œuvre, certains relevant d’une longue tradition comme la gravure, l’émaillage, le laquage, le sertissage, la granulation, la peinture miniature, la plumasserie, la broderie, la marqueterie de bois, de pierre ou de nacre… soit autant de savoir-faire, parfois jalousement gardés, parfois en lutte pour leur survie. Mais à parler métiers d’art on évoque invariablement des heures et des heures de travail. Idem pour les finitions à la main des mouvements, raffinement suprême qui ne souffre aucune comparaison avec la machine aux yeux des puristes. De nos jours, s’il est certes tout à fait possible d’angler certaines pièces en machine mais pour un résultat rigoureusement identique et sans âme, alors que cette opération consistant à « casser » les arêtes des composants pour une meilleure réflexion de la lumière porte typiquement la « patte » de l’artisan si réalisée manuellement, gage d’authenticité des montres de Haute Horlogerie. Une authenticité qui, bien évidemment, pèse son pesant d’heures de travail.

Les plus sceptiques craignent que les ingénieurs prennent le pas sur ces horlogers que les marques aiment tellement exhiber.
Et la formation ?

Autre écueil : les plus sceptiques craignent que les ingénieurs prennent le pas sur ces horlogers que les marques aiment tellement exhiber. Mais faut-il véritablement choisir ? Il est tout à fait possible de revendiquer un patrimoine ancestral sans pour autant rejeter toute modernité. Panerai, créée en 1860, a fondé son succès sur des modèles développés dans les années 1940 et 1950 pour la marine italienne, héritage parfaitement assumé. Pourtant, la direction de la marque ne cache pas que c’est un robot qui contrôle la précision des mouvements. En résumé, la production industrielle n’exclut pas le travail de l’artisan, bien au contraire. Un mariage qui fonctionne d’autant mieux que l’on n’occulte pas la première au profit du second.

Ce raisonnement concerne d’ailleurs de près l’avenir des métiers de la branche. Responsable de la formation à la Convention patronale, Séverine Favre confirme qu’il va être nécessaire de revoir les formations pour correspondre aux nouveaux besoins des entreprises : « Il faudra surtout renforcer les qualités transversales des apprentis pour améliorer encore leurs capacités d’analyse et leur flexibilité », relève-t-elle. Le but est de mieux les armer face aux changements en cours. Les apprentis du domaine technique devront toujours sortir des écoles avec un solide bagage de connaissances pratiques, socle fondateur des métiers de la mécanique. Mais ils devront apprendre à mieux communiquer de manière interdisciplinaire. Raison pour laquelle la formation devra devenir encore plus modulable et permettre des ajustements rapides. Car une chose est sûre, avec l’ère du numérique, de nouveaux métiers vont apparaître, en phase avec des modes de production qui préparent déjà les produits horlogers de demain.

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