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La sous-traitance horlogère à l’heure des comptes
Economie

La sous-traitance horlogère à l’heure des comptes

jeudi, 18 juin 2009
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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5 min de lecture

Le Salon professionnel de l’horlogerie-joaillerie et des microtechnologies a fermé ses portes à Lausanne (Suisse) sur un bilan positif tant au niveau des exposants que des visiteurs. Les commandes enregistrées sauveront-elles la sous-traitance horlogère en 2009 ?

Lancé en 2002 avec 92 exposants, le Salon de l’Environnement Professionnel Horlogerie-Joaillerie (EPHJ), complété depuis trois ans par celui dédié aux microtechnologies (EPMT), a fermé ses portes sur une note positive. L’édition 2009 de cette manifestation consacrée au monde de la sous-traitance, indispensable à l’essor de la mesure du temps « swiss made », a affiché complet du côté horloger avec 360 exposants, dont plus d’une trentaine de nouveaux venus. Au total, ce sont 515 entreprises qui ont pris part au Salon qui enregistre une forte croissance du côté des microtechnologies. En ce qui concerne les visiteurs, après la croissance de 27,5% enregistrée l’an dernier, la fréquentation s’est à nouveau inscrite en hausse cette année à plus de 11’500 personnes (+12,8%). « Nous avons certes enregistré quelques annulations dans l’univers horloger qui ont immédiatement été compensées, expliquait André Colard, président du comité EPHJ. Dans le contexte actuel, les entreprises ont très bien compris qu’il leur faut faire acte de présence car les Maisons horlogères sont toujours en quête des nouveautés de demain. Or cette innovation vient souvent du secteur de la sous-traitance. »

Alors relevons que l’horlogerie suisse reste saine pour n’avoir pas perdu de parts de marché.
Jean-Daniel Pasche
« Un assainissement du marché s’impose »

Ce tableau pour le moins positif cache toutefois une réalité toute autre. « Si la situation est actuellement difficile pour les Maisons horlogère, avec une baisse de plus de 25% sur les volumes à l’exportation, elle l’est d’autant plus pour l’univers de la sous-traitance, notait Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l’industrie horlogère suisse, lors de l’ouverture officielle du Salon. Si les ventes de montres se poursuivent, force est de constater que les stocks sont importants. Dans ce contexte, un assainissement du marché s’impose. Et celui-ci passe par une diminution de la production, synonyme de baisses de commandes en composants, synonyme également de difficultés croissantes pour les détaillants. Et pourtant, les marques suisses ont besoin des compétences de la sous-traitance. Alors relevons que l’horlogerie suisse reste saine pour n’avoir pas perdu de parts de marché. Dans ce contexte, elle doit pouvoir rebondir. »

Ce message d’espoir a-t-il passé auprès des exposants ? Rien n’est moins sûr, si l’on considère que la principale préoccupation des sous-traitants est aujourd’hui de sauver leur année 2009 déjà fortement compromise. Dans les couloirs du Salon, on parlait en effet de baisses de commandes de 30% et plus. Lorsque l’on songe qu’un groupe comme Frank Muller vient d’annoncer le licenciement de 200 collaborateurs sur un effectif total de 428 personnes dans les cantons de Vaud et Genève, il n’est pas difficile de conclure que la vague va se propager. « Le souci se trouve là, expliquant récemment Eric Thévenaz, secrétaire régional du syndicat Unia pour la région de Neuchâtel. Les sous-traitants ont encore travaillé ces derniers mois. Mais si la marque à qui ils sont liés a procédé à des licenciements, ils sont désormais à l’affût. Même si l’on trouve ici et là des paradoxes. Ainsi, une entreprise a dû récemment travailler le dimanche afin de livrer des prototypes pour Bâle. Il n’empêche. Les sous-traitants sont moins solides financièrement qu’une marque, ils risquent donc d’être confrontés à un manque de liquidités, à une limitation de leur ligne de crédit bancaire. Ils risquent aussi de subir de nouvelles pressions afin qu’ils produisent à un coût inférieur. Sans oublier que les marques n’ont pas toujours des attitudes responsables. Si elles peuvent rapatrier du travail, elles le font au détriment de leurs sous-traitants. »

« Les sous-traitants du secteur sont les plus touchés »

Le constat de la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Genève tiré de sa dernière enquête conjoncturelle publiée il y a un mois n’est guère différent : « La crise a frappé le secteur horloger assez durement dès la fin de l’année 2008. Il convient toutefois de relativiser cette baisse, car l’année 2007 avait été exceptionnelle. Les marques indépendantes, les produits moyens de gamme et les sous-traitants du secteur sont les plus touchés par cette crise. En revanche, la très haute horlogerie en subit moins fortement les effets. Le secteur affiche malgré tout un chiffre d’affaires et une rentabilité en hausse en 2008, mais les tendances s’inversent pour 2009 avec, en outre, une baisse des effectifs. »

Avec une chute des exportations de près de 25% sur les quatre premiers mois de l’année 2009, l’industrie horlogère est en effet à la peine, notamment dans des pays comme les États-Unis (-42,3% en avril) et le Japon (-34,8%) qui figurent parmi les principales destinations de la branche. Dans ce contexte, l’épuration du secteur ne semble de loin pas à son terme.

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