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La Suisse, diamant de la Haute Horlogerie
Economie

La Suisse, diamant de la Haute Horlogerie

mardi, 23 avril 2013
Par Flavia Giovannelli
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Flavia Giovannelli

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6 min de lecture

Avec sa position de leader dans le marché de la Haute Horlogerie, la Suisse, et plus particulièrement Genève, est devenue un important centre d’affaires du monde des pierres.

Lorsque l’on parle de diamants et de pierres précieuses, on pense à des hauts lieux du négoce comme Anvers et Paris, à des diamantaires mythiques comme De Beers, voire à des pays producteurs comme la Russie, le Botswana ou l’Afrique du Sud. Un univers fascinant qui n’aurait, a priori, que peu de points communs avec la Suisse et Genève. C’est sans compter le remarquable essor de la Haute Horlogerie tout comme l’envol des ventes aux enchères, deux phénomènes qui expliquent pourtant l’importance grandissante que revêt désormais la place helvétique pour les acteurs de la filière des pierres précieuses.

Depuis quelques années, à mesure que l’empierrage de montre s’est imposé comme un passage obligé pour la plupart des manufactures et que les techniques de sertissage n’ont cessé de gagner en sophistication, le marché suisse est de plus en plus courtisé. Souvenons-nous de la One Million $ BB de Hublot, une des pièces phares de Baselworld 2007 réalisée grâce à des prouesses techniques rares de Bunter à Versoix dans le sertissage mystérieux. Depuis, crise ou non, les clients sont toujours aussi sensibles aux pièces de Haute Joaillerie, sans parler de leur véritable engouement pour les modèles alliant spécialités mécaniques et sertissage de haut vol. À noter également que, sur certains marchés, les produits masculins sont tout autant empierrés que ceux destinés aux femmes, voire davantage.

Attrait des pièces uniques

Acteur incontournable dans le domaine du sertissage à Genève, Pierre Salanitro confirme la tendance : « Nous constatons en effet que le segment haut de gamme se porte très bien, explique-t-il. Depuis deux ans, je remarque même une demande très forte pour des pièces sur mesure, souvent uniques. Celles-ci résultent de commandes directes du client final. »

Fondé en 1990, Salanitro SA dispose d’une expertise fort recherchée sur la place, synonyme d’une clientèle de plus d’une quarantaine de marques parmi les plus prestigieuses. En anticipation, le fondateur avait d’ailleurs décidé il y a une dizaine d’années de créer une chaîne de production indépendante, entièrement dédiée à ce type de desiderata. Un choix qu’il ne regrette pas, lui permettant de répondre aussi bien à d’importants volumes de commandes qu’aux demandes plus spécifiques pour des pièces exceptionnelles.

Le diamant tient le haut du pavé

Dans cet engouement pour les gemmes précieuses, le diamant tient toujours le haut du pavé. Les raisons en sont simples, liées à sa rareté, à son prix, voire, dans certains cas, à son histoire et à sa provenance. Pour mémoire, le diamant est un matériau naturel fait de cristal de carbone pur qui nécessite des conditions de pression et de température extrêmes pour se former dans le manteau terrestre. Poussées par le magma lors d’éruptions volcaniques, les roches diamantifères arrivent à la surface par d’étroites cheminées, souvent anciennes, dont la plupart sont inexploitables. En revanche, celles qui le sont se trouvent dans des régions bien particulières du globe.

 

Le diamant reste de loin le minéral le plus cher du monde.

À force d’avoir été exploitées, les mines à ciel ouvert se font nettement moins productives. Il faut parfois forer jusqu’à plus de 1’000 mètres de profondeur pour réaliser des extractions compliquées et coûteuses. Il en résulte un univers diamantaire relativement restreint. Actuellement, on estime le chiffre d’affaires annuel de la branche à USD 66 milliards pour environ 1,5 million d’emplois directs, la plupart dans des conditions des plus précaires. Le diamant reste de loin le minéral le plus cher du monde : un brillant de bonne qualité vaut facilement USD 1’000 à 2’000 par demi-carat, soit un dixième de gramme. Quant aux diamants exceptionnels, ils ont dépassé le million de dollars par carat.

Depuis le début des années 2000, à la suite de divers scandales, le processus de Kimberley est venu mettre un peu d’ordre dans la filière du diamant. Cet accord de certification des diamants bruts unit gouvernements et industriels de la branche dans l’objectif d’éviter le négoce de pierres servant au financement de la guerre. Il regroupe aujourd’hui 48 membres et 74 États, dont la Suisse. Dans le même ordre d’idées, plusieurs initiatives, notamment celle du Responsible Jewelry Council, ont été prises pour améliorer la traçabilité des pierres et l’établissement de normes internationales.

Spécialistes demandés

C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles la Suisse en général, et Genève tout spécialement, a commencé à attirer des spécialistes du diamant, soit des gemmologues particulièrement sollicités pour leurs talents d’expertise. Franck Notari, par exemple, dont la société Gem Techlab est située à côté du port franc de Genève, explique : « Notre métier a passablement évolué ces dernières années, dit-il, en raison de l’augmentation du nombre de cas de faux diamants, souvent présents dans les petits lots qui servent au sertissage de grosses commandes. Mais comme les clients sont particulièrement exigeants puisqu’ils appartiennent au cercle de la Haute Horlogerie, il a fallu mettre au point des techniques permettant d’allier la fiabilité des contrôles à la rapidité des opérations. Sachant que les lots peuvent compter jusqu’à 50’000 unités, d’une taille inférieure à trois millimètres, cette expertise est devenue absolument indispensable. »

Sous d’autres aspects, Genève s’est également forgé une réputation en matière joaillière pour occuper une place de choix sur le marché des enchères. Lors des ventes d’automne 2012, une pierre ayant appartenu à l’archiduc Joseph-Auguste d’Autriche a battu un nouveau record chez Christie’s en raison de sa beauté, de sa pureté et de sa légende. Il a atteint la somme record de USD 21,5 millions. Les ventes de printemps vont certainement à nouveau faire scintiller quelques pierres d’exception.

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