La laque provient de l’arbre à laque ou rhus verniciflua qui pousse en Chine du Sud, en Corée du Sud, au Vietnam et au Japon. Pour en prélever la sève, dont la consistance est proche du latex, on procède à plusieurs entailles horizontales sur des arbres vieux d’au moins dix ans et ce, plusieurs fois par année, en sachant que la qualité des récoltes faites entre juin et août sont les meilleures. Une fois recueillie, la laque est d’abord filtrée, pour en éliminer les impuretés, avant d’être raffinée. Elle est ensuite entreposée en barils de bois dans des chambres de séchage pour en éliminer l’eau par évaporation.
La laque possède des propriétés chimiques inhabituelles telles qu’elle ne sèche qu’en milieu humide, raison pour laquelle les climats du sud-est asiatique sont particulièrement appropriés aux techniques qui se sont développées autour de ce matériau. De plus, à l’état pur, elle ne peut sécher qu’appliquée en couches extrêmement fines, à chaque fois poncées et polies après séchage, d’où la multiplication des couches, jusqu’à une centaine selon les cas, pour obtenir l’effet voulu. Le résultat est toutefois des plus étonnants : une fois durcie, la laque a la capacité de sceller les matériaux poreux comme le bois, le bambou ou le papier qui deviennent ainsi parfaitement résistants à l’humidité, au sel, à la chaleur, aux liquides, voire même aux acides. D’où son utilisation pour toutes sortes de récipients à usage culinaire.
La symbolique des Laques
Saupoudrage d'or
Les techniques de la laque varient ainsi en fonction des pays, des différentes qualités obtenues et de l’usage auquel sont destinés les objets ainsi décorés. Les trois catégories les plus usitées dans les arts de la laque sont la gravure, réalisée après l’application de multiples couches, parfois de teintes différentes, permettant un aspect irisé sur les tranches, les incrustations, pour un effet en relief au fil des applications de laque, et le maki-e. Cette dernière technique consiste à saupoudrer de la poussière d’or ou d’argent sur de la laque encore humide, généralement noire, pour créer le motif désiré. Après séchage, on polit l’ensemble au charbon de bois avant d’appliquer une autre couche, et ainsi de suite. La poudre incrustée entre chaque couche contribue à faire ressortir les décors en les illuminant. Cette technique a été utilisée très tôt, lors de l’époque Tenpyô (710-784), où l’on voit apparaître pour la première fois ce type de technique sur un fourreau de sabre. Les formes des sujets représentés (oiseaux et chevaux) sont obtenues grâce à de minuscules particules d’or, de tailles différentes, qui ne sont pas sans rappeler le » pointillisme » occidental dans la peinture de la fin du XIXe Siècle.